- Ligue des champions
- 8e de finale
- Milan AC/Atlético Madrid
Rami – Mexès : Beaux amis
Ce soir face à l'Atlético Madrid, Adil Rami et Philippe Mexès prendront place sur le banc milanais. Une déception pour ce duo, cantonné au second rôle ces dernières saisons et qui semble suivre un itinéraire commun, celui de la lose.
L’histoire commence en 2006. Séparés par les Alpes, deux hommes ne savent pas encore que leurs destins sont liés. Côté français, un agent municipal bichonne les pétunias et façonne les bosquets de la ville de Fréjus. Côté italien, un grand blond bichonne ses relances et façonne sa carrière sous les couleurs de l’AS Rome. Eux, ce sont Adil et Philippe. Deux êtres aux trajectoires opposées qui vont pourtant bénéficier d’un coup de pouce du destin pour ne plus se quitter. Repéré par Lille, le jardinier intègre la CFA du club, puis paraphe un contrat pro l’année d’après. Par cette signature, Adil vient de sceller son avenir et, sans le savoir, de se rapprocher de celui avec qui il partagera sa vie, ses succès, ses séances d’UV. Mais aussi ses déceptions, ses échecs et les mises à l’écart qui font mal à tout cœur gonflé par l’égo. Frappés par le Coq pour le meilleur, réunis en rouge et noir pour le pire, Adil et Philippe prouvent finalement que seules les épreuves forgent ces amitiés hors du commun. Jolie petite histoire.
Ce rêve bleu
« Le premier jour où je suis arrivé en sélection avec Domenech, c’est la personne avec laquelle j’ai directement accroché et c’est resté jusqu’à maintenant. On est des grands amis, je n’en ai pas beaucoup des comme ça dans ma vie. » Les mots doux sont signés Adil Rami lors de sa présentation à Milanello et sont adressés à Philippe Mexès. Cette rencontre sous le sceau bleu en 2010, Adil s’en souvient encore. Car à cette époque, le Lillois surfe sur la Ligue 1 et s’attire les grâces du sélectionneur, 3 ans seulement après ses débuts en pro. Un conte de fée, ponctué de cette convocation où son chemin croise celui de son mentor : « C’était mon frère qui était très fort au foot et qui avait des posters de Nesta ou Philippe dans sa chambre. C’est comme ça que je l’ai connu et que j’ai commencé à le suivre » , racontait-il dans une interview à Téléfoot. Pourtant, en 2010, Mexès connaît quelques déboires. Des blessures, un match catastrophique contre l’Autriche et une non-sélection pour le Mondial sud-africain. Comme son pote, Adil reste à quai. Mais à la vue de la débâcle, les deux BFF préparent leur revanche. Lorsque Laurent Blanc reprend les clefs du camion, il décide d’offrir un nouveau châssis à cette vieille machine meurtrie. Philippe et Adil prennent donc place dans l’axe et convainquent dans un premier temps : « S’il restait encore une demi-heure, je pense qu’il te faisait talonnade, petit pont. Il était parti. Mais ça fait super plaisir de le voir comme ça. Je tiens à lui adresser toutes mes félicitations, car il a très bien joué. » La suite sera plus décevante et le périple commun prendra fin face à l’Espagne en quart de finale de l’Euro 2012. Le début d’une lente descente vers les limbes avant des retrouvailles sous les cieux milanais.
Se quitter pour (mieux ?) se retrouver
Refoulés par les Bleus, ils retrouvent leurs habitudes en club. Milan pour le premier, Valence pour le second. Alternant blessures, performances irrégulières et, même, brouilles avec leurs entraîneurs, les hommes finissent par prendre le même chemin : celui du banc. Si l’âge de Mexès peut être avancé pour justifier cette mise à l’écart, celle de Rami s’explique par le bras de fer engagé avec son entraîneur Miroslav Djukic. Dans une impasse, c’est à ce moment-là qu’Adil a pu compter sur le soutien de son fidèle ami. Déterminé à ramener son pote sur les berges milanaises, Mexès a appuyé sa candidature, bien aidé également par Kévin Constant, ami d’enfance de Rami. Philippe, Adil, Kévin : comme un air de 2b3 chez les Rossoneri qui ont formé un boys band sans même savoir comment l’utiliser. Car ce soir face à l’Atlético Madrid, Clarence Seedorf n’alignera pas sa charnière 100% française, lui préférant un duo Zapata-Bonera aux vertus excitantes limitées. Qu’importe. En attendant de refouler la pelouse conjointement, Adil et Philippe pourront toujours flâner dans les allées commerçantes, renifler le doux parfum des rues du Nord de l’Italie et s’adonner à quelques séances d’innovation capillaire. Peut-être les plus beaux moments de ces retrouvailles.
Par Raphael Gaftarnik