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Rami en vacances forcées
Valence a décidé d'infliger une suspension d'une semaine à son défenseur français. Une façon pour le club de répondre au communiqué (à la 3e personne) d'un Rami qui s’insurge du sort qui est le sien. Oh que le Brésil est loin…
« Adil Rami, joueur professionnel du FC Valence et de l’équipe nationale française, s’oppose de manière catégorique aux déclarations des dirigeants du FC Valence à son encontre, qui abîment sa dignité et son image de footballeur, alors qu’il est toujours dédié corps et âme à son club. » Tel un Jules César des temps modernes, Adil Rami s’exprime à la troisième personne du singulier. Surtout, après une semaine de mise à pied, le Français de Valence est sorti de son silence. Dans un communiqué lancé par son avocat parisien Me Carlo Alverto Brus – le même avocat de Franck Ribéry lors de l’affaire Zahia – et relayé en Espagne par le cabinet Chabaneix, le joueur s’indigne. Par cette action, le stoppeur des Bleus période Blanc souhaite « veiller à ses intérêts et trouver toute solution possible avec le FC Valence, tout ceci afin de préserver sa carrière de footballeur professionnel » . Neuf jours après avoir été viré de l’équipe, la manœuvre semble désespérée. Car du côté de Mestalla, les dirigeants chés n’ont aucune envie de réintégrer Adil Rami parmi ses coéquipiers « lèche-bottes » . Mais vraiment aucune. Ils viennent d’ailleurs de suspendre l’ex du LOSC pour une semaine. Une semaine sans salaire et sans entraînement.
Une exclusion et des victoires
Pour rappel, il y a dix jours, Adil Rami s’était un peu trop épanché sur ses états d’âme. Et ce, sans prendre aucune pincette sur les ondes de la radio Cadena Ser : « Il y a beaucoup de lèche-bottes qui ne disent pas les choses en face. C’est pour ça que ça ne se passe pas bien entre moi et Djukic. » Des propos qui avaient mis le feu à un Valencia CF alors en mise au vert. Dans la foulée, le club tapait sur les doigts du fautif : « L’entraîneur du FC Valence, Miroslav Djukic, avec le soutien absolu de toutes les composantes du club, a décidé de retirer sa convocation à Adil Rami en vue du match contre Grenade en raison de ses prises de position publiques irrespectueuses pour l’entraîneur et ses partenaires. » Une victoire in extremis plus tard (1-0) en terre andalouse, l’ancien Lillois était même mis à pied pour deux semaines par son club avec interdiction de se rendre à l’entraînement ou au stade. En relation avec le syndicat AFE des joueurs (Asociación de Futbolistas Españoles), la direction valencienne a donc décidé de le priver de football, et de salaire – seules des amendes à hauteur de 8000 euros maximum sont pourtant légalement autorisées.
Problème pour Rami, son coup de gueule a été suivi de victoires. La victoire à Grenade (1-0) a été valorisée par un succès à domicile face au Rayo Vallecano (1-0). Rien de bien flamboyant, mais suffisant pour remettre Valence dans le droit chemin après une sale série de quatre défaites consécutives. Aujourd’hui, les ouailles de Miroslav Djukic pointent à une plus sérieuse sixième position, à seulement deux points du quatrième et premier qualifié en Ligue des champions, le voisin de Villarreal. Dans les arcanes de Mestalla, ces deux victoires (plus celle en Ligue Europa face au Kuban Krasnodar) consécutives offrent du répit à tout le monde. Elles appuient aussi la décision prise d’évincer Adil Rami du groupe professionnel, et plus largement du club. Car malgré un face-à-face entre le joueur, deux de ses proches et le président du club, la situation s’est tout sauf arrangée. D’où le coup de gueule du natif de Bastia à travers le communiqué de son avocat, et ses mots moins corsés. D’autant plus que, selon la presse locale, le joueur français n’était pas totalement dans le faux lors de sa prise de parole sur la Cadena Ser.
Un nouveau club, et vite
Que faire alors ? Dans l’impasse, le joueur va devoir se trouver une porte de sortie. Et très vite. Absent de la liste dévoilée par Didier Deschamps, Rami devra cravacher pour retrouver les Bleus. Déjà sans Ligue des champions, sa saison devrait se faire sans beaucoup de minutes sur les prés. Au moins jusqu’en janvier. Actuellement, un transfert, bien qu’envisageable, paraît très compliqué à acter et devrait attendre le mercato hivernal. Les prétendants, déjà présents cet été, pourraient alors revenir à la charge avec un chèque avoisinant les dix millions d’euros. En tête de gondole, l’AS Roma, le Napoli, Manchester City et Arsenal. Rudi Garcia, entraîneur du club romain et ancien mentor de Rami, a en tout cas laissé planer le doute le plus complet sur les ondes de RMC : « Rami ? Oui, je l’apprécie. Mais pour l’instant, j’ai l’effectif qui me satisfait. » Dans l’optique du Mondial brésilien – si les Bleus se qualifient –, avec une concurrence toujours plus féroce (Koscielny, Varane, Sakho, Mangala…), un come-back en sélection passe forcément par un futur loin de Valence. Histoire de retrouver « sa dignité et son image de footballeur » .
Par Robin Delorme, à Madrid