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Ramenez Messi à la maison !

Par Georges Quirino-Chaves, à Buenos Aires
6 minutes
Ramenez Messi à la maison !

Depuis une semaine, le feuilleton Messi rend fou toute l'Argentine. Au point que les supporters de Newell’s Old Boys rêvent d’un improbable retour de l’enfant prodige au pays. Certains le pensent un peu plus sérieusement, et même le président argentin s’en mêle. Vingt ans après, c'est le moment ?

Samedi soir, à la télévision argentine. Au 163e jour du confinement, le président Alberto Fernández est l’invité de la chaîne d’information C5N. Pendant trois heures, le chef de l’État, confortablement installé dans un fauteuil rose, à bonne distance des présentateurs, répond à toutes les questions : pourquoi la quarantaine va-t-elle se poursuivre jusqu’au 20 septembre ? Comment le pays peut-il se relever économiquement ? Que faire face à la hausse de l’insécurité ? Quel avenir pour Lionel Messi ? Cette dernière question rend malade les médias argentins depuis une semaine. Au point parfois de faire n’importe quoi. Comme croire aux confessions exclusives d’un Messi qui n’était en fait rien d’autre que le Gerald Dahan local ou encore diffuser en intégralité la partie de jeux vidéo du Kun Agüero au cas où celui-ci balancerait en direct un indice sur la future destination de la Pulga. Dans ce contexte, poser la question au président, même en pleine crise sanitaire, semblait presque logique. « Qu’il vienne à Argentinos Juniors ! » esquive alors d’abord le dirigeant dans un sourire, lui, le grand fan du club du quartier de la Paternal, à Buenos Aires. La journaliste insiste. Et s’il devait convaincre le numéro 10 de rentrer au pays ? « Je lui dirais : « Tu es dans le cœur de tous ici, mais on n’a jamais pu te voir jouer. Donne-nous le plaisir de venir terminer ta carrière à Newell’s Old Boys. C’est ton club ! »  »

Les supporters de la formation rouge et noir de Rosario n’imaginaient pas un tel soutien pour leur campagne. Eux qui ont défilé par centaines jeudi soir, enfermés dans leur voiture pour la plupart, entre le Coloso del Parque, le stade Marcelo Bielsa et le monument au drapeau en plein cœur de la cité rosarine. Concert de klaxons, drapeaux et chants composés pour l’occasion : « Olélé ! Olala ! Messi es de Newell’s, al City no se va ! » Objectif : montrer au joueur l’amour que lui porte son club de cœur et pourquoi pas, ce n’est pas interdit, rêver de son retour à la maison. Le sextuple Ballon d’or n’avait-il pas lui-même évoqué la possibilité il y a un an ? « Mon rêve d’enfant est de jouer avec l’équipe première de Newell’s », rappelait Lionel Messi au micro de Fox Sports en mai 2019, avant de préciser : « Je ne sais pas si ça pourra se faire, mais c’est quelque chose que j’ai toujours en moi. Il y a beaucoup de choses à prendre en compte pour prendre une telle décision. » Et surtout ses enfants qu’il n’imaginait pas séparer de Barcelone. Mais ça, visiblement, c’était avant.

« Quand Maradona est venu, personne ne pensait que cela allait se faire »

« La majorité des gens savent très bien que c’est impossible qu’il vienne ici. Ils s’amusent en sachant que ça ne va pas arriver », pense Axel Rolon, chroniqueur pour Radio 2, l’antenne la plus écoutée de Rosario. Également journaliste pour Planeta Newell’s, il s’inquiète surtout des conséquences sanitaires de cette manifestation, alors que la province de Santa Fe fait face à une préoccupante hausse des cas de coronavirus, ce qui pourrait contraindre le gouverneur à annoncer le retour à un confinement plus strict ces prochains jours. Le club, lui, se tient à l’écart de l’enflammade de ses supporters. Mot d’ordre : discrétion à propos de Messi. Ne pas « vendre du vent » comme dit l’expression en Argentine. Seule certitude : l’institution touchera 0,66% du prochain transfert du numéro 10. « Pour le moment, nous ne communiquons pas sur le sujet », nous a fait savoir la direction, même si ces derniers jours, le vieux président Eduardo Bermúdez, plus vraiment aux commandes, a reconnu sa fierté de voir le chef de l’État soutenir la cause de Newell’s. Le vrai patron, c’est le numéro deux, Cristian D’Amico, très silencieux depuis une semaine et qui déclarait il y a un mois sur TNT Sports ne pas savoir si la venue de Messi était « impossible ». « Quand Maradona est venu ici (en 1993, N.D.L.R.), personne ne pensait que cela allait se faire », rappelait le dirigeant, qui s’est rendu à Barcelone en compagnie de son directeur sportif en mars dernier. « C’est une décision qui dépendra de Leo et sa famille. Nous, la seule chose que nous devons faire, c’est créer le meilleur contexte possible au club. »

Le Newell’s Messi Project

D’influents socioset supporters de Newell’s ont déjà pensé à cela. L’association Autoconvocados, à l’origine de la venue de l’idole Gerardo « Tata » Martino sur le banc du club en 2012, a ainsi présenté un dossier aux dirigeants en octobre dernier. Son nom ? « Projet Messi, un plan pour accomplir un rêve » . Quinze pages pour tenter de donner du contenu à cette phrase répétée depuis des années dans les travées du stade Marcelo Bielsa : « Il faut préparer le club au retour du petit… » Candidat à la présidence du club en 2016 (les prochaines élections sont prévues en décembre, N.D.L.R.), Roberto Mensi, 39 ans, fait partie des auteurs du texte : « L’idée, c’est de montrer que cela ne suffit pas de se dire que Newell’s doit se préparer à l’arrivée de Messi. Il faut aussi préparer une ville, une province, un pays à recevoir un joueur comme lui. » Évaluation des infrastructures à préparer, contrats avec les sponsors et les télévisions à renégocier, importance sur le tourisme, le projet, qui serait, selon l’association, arrivé jusqu’à la Fédération argentine de football, est vendu pour l’intérêt de tous.

Le « Messi project » était imaginé pour 2021. Les envies d’ailleurs de la Pulga ont pris tout le monde de court. Le référent des Autoconvocados y voit tout de même une toute petite opportunité : « On ne peut pas se battre économiquement avec City, le PSG ou l’Inter. Notre seule arme de séduction, c’est l’amour qu’on lui porte. Il est l’un des nôtres. Ce qu’on lui offre, c’est de se reconnecter avec l’essence de son football. » Une « reconnexion » qui semble malgré tout hautement improbable, alors même que les médias argentins envoient pratiquement tous le numéro 10 à Manchester City, sans jamais vraiment prendre au sérieux l’éventualité Newell’s. « Bielsa nous a appris à vivre de nos rêves et à les suivre », rappelle Roberto Mensi presque prophétique : « Tata Martino nous répétait que rien n’arrive par hasard. Pour Messi, ce ne sera peut-être pas maintenant, mais au moins il sait que les portes du club lui sont ouvertes. »

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Et si Gyan n’avait pas tiré le penalty d’Uruguay-Ghana en 2010 ?
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Par Georges Quirino-Chaves, à Buenos Aires

Tous propos recueillis par GQC, sauf mentions.

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