- C2
- Putain, 20 ans !
Ramenez la Coupe des coupes à la maison !
Il y a vingt ans, jour pour jour, se disputait la dernière finale de Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe. Une compétition au charme fou qui manque terriblement au football européen.
Ce n’est pas qu’une histoire de nostalgie, mais il faut tout de même le dire : le football, c’était mieux avant. En tout cas avant l’été 1999, moment choisi par l’UEFA pour faire disparaître de son calendrier la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe, dans le but de favoriser l’extension de la gourmande Ligue des champions.
Quand les noms des coupes européennes avaient un sens…
Pour faire de la place aux grandes oreilles de la C1, l’UEFA a donc décidé de sacrifier une compétition savoureuse lancée en 1960. On ne parle pas d’une coupe au rabais, mais bien d’une lutte de haut niveau, une compétition acharnée sur laquelle aucun des nombreux grands joueurs/clubs qui y ont participé n’ont jamais craché. Pas un hasard si le club le plus titré (4) est le FC Barcelone ou si les entraîneurs qui ont le plus souvent remporté le trophée (2) s’appellent Johan Cruyff, Valeri Lobanovsky, Nereo Rocco et Sir Alex Ferguson. Voilà qui situe bien le prestige de cette compétition, qui s’est éteinte après un ultime but d’un ex-futur Ballon d’or, Pavel Nedvěd. C’était il y a vingt ans jour pour jour, donc. À cette époque, les noms des coupes européennes avaient encore un sens. La Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe se disputait ainsi entre les vainqueurs des coupes nationales de chaque pays affilié à l’UEFA (dans le cas où le vainqueur de la Coupe était aussi champion de son pays, c’est le finaliste malheureux qui participait à la C2).
La saveur de cette compétition résidait aussi dans son format : matchs aller-retour du 1er tour jusqu’aux demi-finales, seule la finale se jouant sur terrain neutre en un match sec. Ce format garantissait le frisson entre des équipes qui venaient de faire leurs preuves dans le domaine de la bagarre et de la sueur, car elles venaient de soulever la coupe nationale de leur pays. Loin des soporifiques phases de poules d’aujourd’hui (avec tout le respect qu’on a pour les matchs sans enjeu à Limassol ou à Astana), ces confrontations à élimination directe donnaient le sentiment à leurs acteurs de prendre part à quelque chose de rare, de noble. Le genre de combat qu’on n’aborde pas à coups de « léger turnover » et de « la priorité, c’est le championnat » , ceux qui fleurissent désormais dans la bouche de trop d’entraîneurs (français, notamment) quand vient l’automne.
Le fait qu’il n’y ait qu’un seul représentant par pays offrait aussi à celui-ci un peu de fierté née de la prise de conscience d’être l’unique chance nationale. Fatalement, il y avait également quelque chose de naturel dans le fait de « supporter » le club français, ou en tout cas de suivre ces résultats avec une bienveillance qui ressemblait à de l’engouement.
Metz que un club
Il faut être reconnaissant envers cette compétition, sans laquelle 50% du palmarès européen des clubs français n’existeraient pas. En trente-neuf éditions, elle n’a permis au foot français de rafler la mise qu’à une reprise (le PSG, vainqueur du Rapid Vienne en 1996), mais heureusement, l’histoire n’est pas toujours écrite par les vainqueurs. Le Monaco d’Arsène Wenger et le PSG de Ricardo – respectivement battus en finale par le Werder Brême en 1992 et le Barça en 1997 – le savent, mais le beau FC Metz le sait encore mieux. Sans cette C2, les Grenats n’auraient jamais eu l’occasion de signer l’un des plus grands exploits du foot français en renversant le FC Barcelone au Camp Nou en seizièmes de finale de l’édition 1984, soit le genre de folie assez puissante pour chasser des mémoires l’élimination au tour suivant par le Dynamo Dresde.
Le 1er juin prochain, Liverpool et Tottenham s’affronteront en finale de la Ligue des « champions » . Les Reds n’ont pourtant plus remporté le championnat d’Angleterre depuis 1990 et les Spurs depuis 1961… C’est grâce à l’UEFA que l’on peut assister à ce genre d’affiche en C1 en 2019. Mais c’est aussi à cause de l’UEFA que l’Europe a été privée cette saison d’un duel entre Chelsea et Les Herbiers.
Par Matthieu Pécot