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Rakitic et la mue barcelonaise
Principale nouveauté du XI barcelonais, l'ancien Sévillan a réussi une intégration ultra-rapide au schéma de Luis Enrique. Plus physique, plus direct, il délaisse les préliminaires au profit de la verticalité. Dans le temple blaugrana, on apprécie.
Une nouvelle saison a débuté, pourtant certains sont encore plongés dans la précédente. C’est le cas d’Ivan Rakitić, suisse de naissance, croate de sang, et espagnol d’adoption. Aujourd’hui sous la liquette barcelonaise, il prolonge son fabuleux dernier exercice avec le FC Séville. Capitaine Flam des Andalous, il a envoûté la Liga de sa classe, de sa chevelure et de ses ouvertures. L’Europe a également pu se délecter de toute sa panoplie, lui qui a soulevé la troisième Europa League des Sevillistas. Après trois années et demie au club, adios : « Je restesevillistaet je n’ai jamais voulu forcer mon départ. Je suis arrivé contre une petite somme dans ce club et je m’en vais en laissant une bonne somme pour que l’équipe se renforce » , analysait-il, ému, suite à son arrivée au FC Barcelone. Contre 18 patates plus quelques bonus, la venue de Rakitić était une volonté de Luis Enrique. Aujourd’hui, il en est la réussite. Après 270 minutes de Liga, sa présence et son impact sont jugés indispensables au changement de cap barcelonais.
Polyglotte polyvalent
Très tôt présent dans la pré-saison barcelonaise, il a étonné Luis Enrique tout aussi rapidement. De par son intégration et sa qualité, souligne-t-on dans la presse catalane. Ainsi, dans son édition d’hier, Sport n’hésitait pas à le plaquer en une : « Rakitić, le transfert 10 » (sur dix, ndlr). « Luis Enrique a trouvé en Ivan Rakitić la pièce idéale pour révolutionner la mécaniqueblaugrana. Son nom figurait dans uneshort listde transferts préférentiels, le Croate dépasse même les attentes » , raconte Jordi Gil, journaliste du même quotidien. Dans le vestiaire, l’homme aux cinq langues – il parle le croate, l’anglais, l’espagnol, l’allemand et, surprise, le français – s’est mis tout le monde dans la poche. Sans un mot plus haut que l’autre, il suit la recette qui l’a mené à devenir une idole du Sánchez-Pizjuán. D’ici quelques années, il sera donc possible de trouver un restaurant estampillé Rakitić dans les alentours du Camp Nou, lui qui en a ouvert un à quelques encablures de l’antre sevillista. Oui, monsieur aime la bonne bouffe.
Ça tombe bien, il se dépense sans compter. « Luis Enrique est enchanté et le considère déjà comme l’exemple à suivre pour tout le reste de l’équipe, poursuit Jordi Gil. Le bloc équipe doit évoluer avec rigueur, discipline, générosité et toujours penser à la meilleure solution collective. Rakitić réunit toutes ces caractéristiques, celles qu’aime tant le Mister du Barça. » Dès sa première sortie en Liga, le Croate a séduit le Camp Nou. Ce qui n’était pas joué d’avance. Sous les ordres d’Unai Emery, il évoluait un cran plus haut. « Je jouais souvent en pivot, mais j’ai aussi fait quelques matchs sur le côté, mais pour moi, le plus important est de savoir toujours apporter ce qui manque à l’équipe. Chaque entraîneur que j’ai eu à Séville avait ses propres idées et j’ai eu la chance d’apprendre d’eux. Ici, je veux travailler et le faire dans la position que préfère le coach » , expliquait le principal intéressé dans une interview au Pais. Polyvalent, comme il se définit, il est arrivé à bonne école : « La meilleure nouvelle est que Xavi reste, pour avoir la possibilité d’apprendre de lui et m’améliorer à ses côtés. »
« Xavi ? Je suis Ivan Rakitić »
Le professeur reste pourtant le cul sur sa chaise. Ainsi, lors des trois premières journées de Liga, Rakitić n’a pas raté une minute, l’inverse de son prédécesseur. Des titularisations que Luis Enrique explique « par son très haut niveau physique » . Et d’ajouter : « Il a faim et envie de gagner des choses. Il a une présence physique qui va nous faire du bien. » De fait, le milieu de terrain barcelonais est transfiguré par rapport aux dernières saisons. Aligné aux côtés d’Iniesta, Rakitić couvre une large zone : une nouveauté attendue. Avec un abattage défensif de tous les instants, il permet à Busquets de ne pas se sentir trop seul et au Barça de récupérer haut. Offensivement, la mue est tout autant impressionnante. Moins dogmatique que Guardiola et Vilanova, Luis Enrique ne fait pas du jeu long une insulte. Un régal pour Ivan Rakitić : le Croate alterne échange dans les petits espaces et ouvertures de quarterback. Un jeu plus vertical, plus direct, qui sied au changement souhaité par Lucho. « Xavi ? Je ne viens remplacer personne à Barcelone. Je suis Ivan Rakitić et je veux triompher à Barcelone en étant Ivan Rakitić. » Son impact est pour le moment très personnel.
Par Robin Delorme, à Madrid