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La tête sous Leão
Comme il paraît lointain le temps où Rafael Leão martyrisait les défenses italiennes. Depuis le retour du Mondial 2022, l’international portugais est méconnaissable, enchaînant les prestations médiocres, pour ne pas dire très mauvaises. Une perte de confiance qui ne s’explique pas uniquement par des raisons sportives.
Visage timoré, sourire perdu, voilà comment Rafael Leão quittait la pelouse de San Siro à l’heure de jeu face à la Salernitana (1-1) ce lundi. Une nouvelle prestation décevante du numéro 17 rossonero qui a traversé ses 62 minutes de jeu tel un fantôme, en attestent ses statistiques déshonorantes face aux Granata : 40% de passes réussies, 14 ballons perdus, une seule faute subie pendant une heure de jeu. Une prestation en deçà, mais qui n’est, en aucun cas, isolée. Depuis son retour de Doha, l’international portugais accuse le coup. Brouillon balle au pied, incapable de faire la différence, c’est surtout son attitude qui pose problème : aucune envie, jamais à faire les efforts sur le premier pressing, mais toujours le premier pour se plaindre auprès du corps arbitral.
Si auparavant, cette nonchalance était camouflée par son talent cuir dans les pieds, ce n’est plus le cas actuellement. « Il doit avoir une autre attitude, se battre et surtout aider son équipe à faire la différence », déclarait Arrigo Sacchi dans la Gazzetta dello Sport après le match retour face aux Spurs (0-0). Un match durant lequel Leão a eu plusieurs opportunités de s’illustrer en raison des nombreux espaces laissés par la bande de Conte, mais en vain. À Londres, l’international portugais perdra neuf ballons et ne cadrera aucune frappe. Une panne d’inspiration offensivement ponctuée par une attitude qui laisse à désirer, Rafael Leão traverse 2023 dans l’anonymat le plus total, en témoignent ses deux buts inscrits depuis le début de l’année en quatorze matchs joués. Même son entraîneur Stefano Pioli ne comprend pas : « La situation de Rafa est très étrange : à l’entraînement, il est excellent et sur le terrain, il lui manque quelque chose. Il faut aussi trouver un juste milieu. »
“Leao’s situation is strange.
In training he does everything to perfection, he moves a lot and very well. Then in the match he does less.”
🗣️ Pioli on Leao via presser 🔴⚫️ pic.twitter.com/WqTL0IItrO
— Italian Football TV (@IFTVofficial) March 14, 2023
Forcément, sans un Leão standard 2021-2022, le Milan est nettement moins dangereux dans les 25 derniers mètres, avec seulement 16 buts inscrits en 2023. Le changement de dispositif tactique de Pioli n’a pas non plus arrangé la situation. Si ce 3-4-1-2 permet aux Milanais de se montrer solides et rugueux défensivement, c’est en revanche plus compliqué offensivement. Désormais, Rafael Leão évolue en pointe aux côtés d’Olivier Giroud. Une position dans laquelle le rappeur à ses heures perdues est déboussolé. Habitué à grignoter sa ligne et faire la différence dans son couloir gauche, le meilleur joueur de la Serie A de l’année dernière doit désormais décrocher et beaucoup plus participer au jeu. Des exigences qui ne correspondent pas au profil du virtuose droitier. Néanmoins, l’actuel mal-être de Leão ne se résume pas uniquement au rectangle vert.
Le nerf de la guerre
Combien de fois depuis le début de saison, tifosi milanais, avez-vous entendu Maldini et/ou Massara déclarer : « Les négociations avancent, nous sommes confiants » ? Les semaines passent, et les deux clans ne parviennent toujours pas à trouver un terrain d’entente, malgré les nombreuses réunions rue Aldo-Rossi. Sous contrat jusqu’en juin 2024, Rafael Leão souhaiterait prolonger son aventure en Lombardie. Problème, les exigences de ce dernier sont élevées : un contrat de cinq ans, un salaire annuel de 7,5 millions d’euros et, cerise sur le panettone, une prime à la signature de deux millions d’euros. Des demandes jugées trop gourmandes pour Maldini & Co, qui ne souhaitent pas dépasser les quatre millions d’euros et qui s’explique aussi par la politique lombarde, visant à avoir un salary cap raisonné.
Les demandes faites par l’international portugais font jaser du côté des tifosi milanais, mais qui, en vérité, sont cartésiennes : Leão reste le plus grand talent offensif de cette équipe, possède la valeur marchande la plus élevée et est courtisé par les plus grandes écuries européennes. Pour rappel, le numéro 17 rossonero perçoit actuellement un salaire annuel d’un million et demi d’euros. À titre de comparaison, Divock Origi est à quatre. Outre les mésententes cincernant cette prolongation, le dossier Sporting Portugal. Pour rappel, Rafael Leão doit toujours dédommager son club formateur à hauteur de vingt millions d’euros. Une somme conséquente que l’ex-Lillois devra rembourser dans les plus brefs délais. De plus, il aurait exigé de ses dirigeants de baisser sa clause de rachat, actuellement de 150 millions d’euros. Néanmoins, une petite lueur d’espoir apparaît en Lombardie, avec le parcours en Ligue des champions. Qualifiés pour les quarts de finale, les Rossoneri redeviennent, doucement, mais sûrement, compétitifs et ont engrangé dix millions d’euros supplémentaires. Une prime qui devrait servir dans le dossier Leão, comme souligné par la Gazzetta dello Sport. Une chose est sûre, le Milan doit rapidement trouver un terrain d’entente avec son Portugais, auquel cas ce dernier quittera la capitale lombarde cet été. L’avenir est dans les stylos quatre couleurs du Milan et de Rafa.
Par Tristan Pubert