Retour en 2003. Une semaine avant cette finale, vous jouez déjà le PSG en championnat (2-0). Une rencontre marquée par l’entrée de Guy Roux sur le terrain, qui entraîne le refus d’un but à Hugo Leal à cause de fumigènes allumés par le kop parisien. Cela vous a donné un petit ascendant psychologique ?
Je ne sais pas, mais je pense que Guy Roux avait été très bon sur ce coup-là de rentrer immédiatement sur le terrain. Les fumigènes nous avaient gênés, mais pas tant que ça, donc on peut comprendre que les Parisiens aient été un peu agacés.
Au coup d’envoi de la finale, surprise, c’est Ronaldinho qui joue avant-centre côté parisien. Ça a changé votre plan de jeu ?
Non, on est restés sur nos principes. On ne s’est jamais vraiment adaptés au système des autres, on est toujours restés sur le nôtre. Ils ont joué comme ça, ok, mais on est restés sur ce qu’on savait faire. Pas de grandes perturbations. Il n’y avait aucune consigne sur Ronaldinho. On l’a considéré comme un joueur d’une équipe de L1, tout simplement. Il n’y a pas eu de traitement particulier.
À la mi-temps, le PSG mène logiquement (1-0). Quel est le discours de Guy Roux dans les vestiaires ?
Il y a eu un changement, avec Akalé qui est entré à la place de Fadiga, car ça avait chauffé un peu entre les deux. Le discours, c’était qu’on était en train de passer à côté de quelque chose, qu’on n’était pas loin, mais qu’il fallait qu’on fasse tous un peu plus. Il fallait qu’on élève notre niveau de jeu, car c’était insuffisant pour prétendre à la victoire. Et je pense que ce jour-là, Guy Roux a trouvé les mots, car sur la 2e mi-temps, on a vraiment été présents. Il a joué sur les deux tonalités, mais il nous a vraiment dit de ne pas avoir de regrets. Après, il a ses méthodes, il va en piquer deux ou trois, en caresser deux ou trois autres qui ont besoin d’être rassurés, et au final, ça marche.
Hugo Leal ? On ne peut pas crier au scandale
Les Parisiens gèrent jusqu’à l’expulsion d’Hugo Leal (66e) pour un pied haut… mais qui ne touche pas Philippe Mexès…
C’est le tournant du match. Sur le coup, ça me paraît justifié. Après, quand on revoit l’action on se dit que « Philou » joue bien le coup. Le pied est assez haut et généralement quand vous mettez le pied à hauteur de hanche, la sanction tombe naturellement. On ne peut pas crier au scandale, je pense.
Cissé égalise à un quart d’heure de la fin, sur un super ballon piqué que vous lui adressez dans le dos de la défense. La phase de jeu avait été travaillée ?
Je m’en souviens très bien. C’est venu comme ça. Je sais que Djibril est super adroit. À partir du moment où vous lui mettez le ballon dans la surface de réparation, il se débrouille toujours pour faire de son mieux. Je me suis juste appliqué à la mettre au-dessus du défenseur central parce que je sais qu’avec sa vitesse, Djib peut faire des dégâts. Après, il la reprend comme elle vient, un peu tibia, un peu cheville, et elle va au fond. Le tout n’est pas de savoir comment, mais de savoir combien. Ça faisait 1-1 et c’était très bien.
À ce moment-là, vous vous dites qu’il faut « finir » ce PSG réduit à dix ?
Il y a Llacer qui a une occasion. Je reviens, mais je suis un peu en retard. Heureusement que je ne la touche pas, sinon je pense que c’est moi qui la met au fond. Nous, on ne réfléchit plus. Je pense qu’on est euphoriques. Ça nous a boostés, redonné des vitamines. On ne se dit pas qu’elle ne va pas nous échapper, mais qu’on est en position de force et qu’on y va. On n’a pas calculé, on a continué d’attaquer. Certaines équipes auraient peut-être attendues que Paris se livre un peu plus ou qu’ils se fatiguent. Mais on n’a pas calculé, et à la fin, ça nous a souri.
Comment était la fête après cette victoire ?
On est restés sur Paris, mais le meilleur moment, c’est sur le terrain, car la coupe vous appartient. Vous la partagez avec vos potes, votre équipe. À partir du moment où vous rentrez, c’est fini, car vous la partagez avec d’autres. J’aime ce petit côté un peu égoïste où elle n’est qu’à vous, même si on la partage avec le public. Ces moments-là sont extraordinaires. Après, tout le monde essaie de se l’approprier un peu et elle ne vous appartient plus. Le meilleur moment, c’est sur le terrain, j’ai eu énormément de mal à le quitter. Ce sont même les stadiers qui nous ont dit : « On a une famille, donc si vous pouviez partir. » On était restés pour le feu d’artifice, sur le banc, on discutait. Guy Roux, lui, était content, heureux, et puis il est rentré après. Il a laissé les joueurs en profiter.
J’espère que les Parisiens vont être un peu prétentieux
Avez-vous le regret de ne pas avoir été champion avec cette génération ?
Je pense qu’à un moment donné, on a manqué un peu de maturité et de longueur d’effectif. On était très jeunes, mais quand on regarde les garçons qui composaient l’équipe, beaucoup ont été internationaux et ont atterri dans de très grands clubs après. Peut-être qu’on est passés à côté, mais on a aussi fait de belles choses, donc on va dire que ça s’équilibre. Pour gagner le championnat, il faut être plus rigoureux, plus constant et avoir un effectif un peu plus important. On ne peut pas tout avoir.
Cette finale, plus celle gagnée deux ans plus tard contre Sedan (2-1), vous a-t-elle servi pour préparer les joueurs que vous entraîniez lors de la Gambardella gagnée la saison dernière contre Reims (2-0) ?
Oui, ça nous a servi parce qu’on est arrivés détendus. Certains sont superstitieux, nous pas trop. À chaque fois que j’ai fait une finale, je l’ai gagnée, donc je ne me voyais pas la perdre. Et ce n’était pas de la suffisance ou de la prétention. Nos garçons ont joué cette finale, contrairement à Reims qui était pourtant meilleur que nous parce qu’ils nous avaient mis 6-2 et 3-0 en championnat. Ils ont eu du mal à développer leur jeu alors qu’on savait exactement ce qu’on avait à faire, on avait choisi nos options. Et tout a marché comme on l’avait prévu.
Cette année, à combien estimez-vous les chances d’Auxerre face au PSG ?
Je ne vais pas faire du pourcentage, car l’affiche est déséquilibrée. J’espère juste qu’on va jouer cette finale et qu’eux vont être un peu prétentieux, tout simplement. J’espère qu’on fera une belle finale. À l’arrivée, c’est Paris qui devrait gagner, mais j’ai vraiment un réel espoir qu’on les embête le plus longtemps possible et que sur un « malentendu » … On ne sait jamais. Lors de Nantes-Calais (2-1, en 2000), les Nordistes avaient fait le taf jusqu’au bout, ils avaient été sérieux. Après, c’est un grand événement et il va falloir le gérer. Ma plus grande inquiétude est là, c’est qu’on joue cette finale et qu’on ne la subisse pas.
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