La victoire de l’attaque… et de l’expérience
Vingt-huit ans. C’est la moyenne d’âge de l’effectif du Racing cette saison, un chiffre qui peut facilement chatouiller la trentaine quand on se penche sur le onze titulaire. Un seul cadre de moins de 30 balais en défense, les vieux loups de mer Lisandro López (36 ans) et Dario Cvitanich (34 ans) en attaque… Mais n’allez pas croire que ces roublards de l’Academia gèrent leur partie en bétonnant l’arrière-garde et en se reposant sur un pragmatisme « DDesque » . Portés par un schéma ultra-offensif, les joueurs d’Avellaneda ont constitué l’une des plus savoureuses équipes de la première moitié de saison. Meilleure attaque du championnat (42 pions), le Racing obtient les fruits des incessants coups de boutoir d’Augusto Solari ou de la pépite Matías Zaracho, mais aussi de l’expérience de ses tauliers derrière (meilleure défense de Superliga avec 15 buts encaissés).
« Chacho » , le « Cholo » offensif
Technicien relativement jeune (44 ans) et inexpérimenté (il a fait ses premiers pas sur le banc en décembre 2014), Eduardo « Chacho » Coudet a fait ses gammes à Rosario, où il acquiert l’étiquette d’un entraîneur novateur, mais maudit. Deux finales de Coupe d’Argentine perdues, une route vers le titre égarée dans la dernière ligne droite… L’Italo-Argentin a enfin trouvé la lumière cette saison à l’Academia avec son jeu basé sur l’attaque. Son très ambitieux schéma tactique en 4-1-3-2 avec des latéraux portés vers l’avant et trois milieux (très) offensifs a fait des ravages. Une audace qui l’a aussi poussé à faire de son gardien Gabriel Arias (le titulaire du Chili) une sorte de libéro à la Neuer pour compenser le positionnement très haut de ses défenseurs. D’autre part, son exubérance et sa passion dans sa zone d’entraîneur ne sont pas sans rappeler un certain Diego « Cholo » Simeone, révélé au Racing. Avec 99 points sur 150 possibles depuis son arrivée, Coudet est tout simplement l’entraîneur le plus efficace de l’histoire du club.
Lisandro López lourd
Son premier sacre au pays, il ne l’aura pas volé. À 36 berges, on pensait Lisandro López en pré-retraite à Avellaneda et son retour avait suscité pas mal de doutes. Au lieu de ça, l’ancien charbonneur de Porto et de Lyon s’est offert le statut de meilleur buteur d’Argentine avec 17 pions cette saison. Grâce à son expérience et son profil de renard des surfaces, « Licha » a été le rouage essentiel du Racing en bout de chaîne à la finition. Mais son influence est loin de s’arrêter à ses performances : son aura et son charisme taiseux, sa
grinta et surtout son amour pour le club où il a été formé en ont fait un leader respecté, qui a poussé tout le monde à suivre les pas de sa barbichette.
Diego Milito, le beau DS nouveau
Venu se la couler douce au Racing avant de raccrocher les crampons en 2016 après sa brillante carrière à l’Inter, Diego Milito a enfilé avec brio son costume de directeur sportif. L’ancien buteur était typiquement le genre de taulier, garant de l’institution du club, qui manquait à la « maudite » Academia, devenue « Racing Positivo » sous sa coupe. À Avellaneda, l’ancien
Nerazzurro a tout fait. Redynamisation du centre de formation avec les éclosions de Roger et Lautaro Martínez, brusque changement de cap dans les dépenses pour les arrivées de joueurs (22 M € engagés en 2017-2018 alors que le Racing n’avait jamais dépassé les 7 M €) et surtout professionnalisation accrue du club. C’est lui qui a notamment installé Eduardo Coudet au poste d’entraîneur, embauché trois analystes vidéo pour sonder les futures recrues et même usé de son faciès pour incarner la figure centrale de la campagne « Moi Milito, je suis supporter » , destinée à attirer des
socios (13 000 supplémentaires avant la phase finale du championnat).
River et Boca, la chute des géants
En empochant son dix-huitième titre, le Racing a relégué au rang de faire-valoir les monstres sacrés River Plate (36) et Boca Juniors (33) cette saison. Sa gestion financière saine contraste notamment avec les tracas financiers de River, mais le club a aussi profité de la rivalité mortifère des deux géants du foot argentin, qui se sont entre-tués en Copa Libertadores. Le fait d’avoir érigé la compétition en obsession a poussé
Xeneizes et
Millonarios à détourner leur regard du championnat : un objectif certes rempli en atteignant la finale, mais qui s’est transformé en débâcle après le caillassage du bus de Boca. Un événement qui a cristallisé l’attention du monde entier, entraîné une escalade de tensions entre les deux clubs et engendré une énorme dose de mauvaise publicité qui a sans doute fait très mal aux têtes des
Xeneizes et des
Millonarios.
Un derby, deux grands corps malades