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Rabiot et le défi du grand huit
Très à son aise en position de numéro 8 face à l’AS Monaco lors du Trophée des Champions (2-1), Adrien Rabiot a permis son équipe de remporter un premier trophée cette saison et à un milieu parisien en grande difficulté de limiter la casse. Cinq ans après ses débuts chez les professionnels, le jeune homme de 22 ans peut prendre le pouvoir cette année. S’il daigne vouloir.
D’Adrien Rabiot, on préfère souvent retenir la mère, les matchs traversés comme un fantôme et les caprices. Le plus récent date de cet été : le jeune homme n’aurait que peu goûté de ne pas avoir participé à la finale de la Coupe de France et surtout, serait agacé d’être utilisé au poste de sentinelle, bon pour les Alou Diarra. Unai Emery, qui a moins utilisé son milieu de terrain en fin de saison dernière, a reçu le message. Il a même répondu. Dans la presse d’abord, en confiant à l’Equipe que « Rabiot a beaucoup progressé la saison dernière. On a beaucoup travaillé avec lui. Il préfère évoluer en 8 et on va faire en sorte qu’il joue plus dans cette position » .
Puis en ajoutant les actes à la parole, en titularisant Adrien à ce poste de 8 lors du Trophée des Champions face à l’AS Monaco (2-1). Et l’entraîneur espagnol n’a pas eu à se plaindre du résultat. Meilleur parisien du match avec Dani Alves, le numéro 25 a montré toutes ses qualités : grattage de ballons, qualité de passe, aptitude à éliminer et évidemment, projection vers l’avant. Une prestation ponctuée d’un joli but d’autant plus notable qu’elle est l’arbre qui cache la misère parisienne au milieu du terrain. Constamment bousculés par Youri Tielemans, Thiago Motta et Marco Verratti n’ont pas lancé leur saison de la meilleure des manières. Et en cas de départ de Blaise Matuidi vers la Juventus, cette saison pourrait bien être celle d’Adrien Rabiot. « Enfin » , serait-on tenté de dire.
« Il pourrait jouer au Barça »
Un « enfin » un brin exigeant. S’il facture 158 matchs avec le Paris Saint-Germain, Adrien Rabiot n’a que 22 ans. Au fond, ce que les supporters parisiens lui reprochent le plus, ce n’est pas son nombre impressionnant de matchs, mais plutôt le fait qu’il les choisisse. Épatant lors du match aller face au Barça (4-0) la saison dernière – douze ballons grattés, 100% de tacles réussis, une présence sur deux des quatre buts du PSG et un petit pont sur Messi en prime – le milieu de terrain avait déjà été bon en poule face au Real Madrid lors de l’édition 2015-2016. Chez les pros depuis 2012 et un coup de coeur de Carlo Ancelotti, Rabiot manque de régularité. Une qualité dont il pourrait enfin faire preuve cette saison s’il venait à être aligné de manière constante au poste de numéro 8 auquel il donne la quintessence de son jeu moderne. Longiligne, technique et combatif, le natif de Saint Maurice a tout. C’est en tout cas ce que pense Xavi, interroé par goal.com : « J’aime beaucoup Adrien Rabiot. Il pourrait jouer au FC Barcelone et s’y adapter sans problème. Il sait organiser le jeu, défendre, dribbler, attaquer. Bref, c’est un joueur complet, aussi utile avec le ballon que sans » .
S’il ne jouera pas de suite au Barça, c’est l’arrivée d’un joueur catalan à Paris qui est sur toutes les bouches ces dernières semaines. De plus en plus proche de Paris, Neymar serait un renfort de poids dont la puissance médiatique masque toutefois le boulot que les dirigeants parisiens doivent encore fournir sur le marché des transferts. En effet, outre le poste de buteur où Cavani parait bien seul en dépit du fait que Neymar peut jouer 9, l’émergence de Rabiot pourrait être boostée par le manque de qualité immédiate au poste de milieu de terrain au PSG. Prometteurs, Callegari et Lo Celso ne seront pas les tauliers dont a besoin Paris cette saison. Motta est vieillissant, Verratti pas encore revenu de vacances et Krychowiak est Krychowiak. En somme, s’il arrête de se passionner pour les montagnes russes, dans un onze où son coach a enfin décidé de l’aligner à son poste, Rabiot pourrait être le grand huit. À 22 ans, avec de la bouteille derrière lui et l’avenir devant. Une situation encore meilleure que scribe.
Par Swann Borsellino