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Rabiot, encore plus haut
Auteur d’une entrée remarquée à Lille, Adrien Rabiot devrait être titulaire contre Bâle. Parce que depuis le début de la saison, il est l’un des meilleurs éléments du PSG et semble déjà indispensable dans l’entrejeu parisien. Ce qui n’a pas échappé à Unai Emery.
« Je crois qu’il est très, très bien. Je suis très content parce que je crois qu’il grandit beaucoup. Il a très bien joué les deux derniers matchs, mais aujourd’hui, il fallait faire une petite rotation. Mais il a beaucoup donné à l’équipe. Plus d’âme et plus de force. » Après la courte victoire à Lille, Unai Emery ne peut esquiver le sujet en conférence de presse. Sommé de se justifier sur l’absence d’Adrien Rabiot dans l’entrejeu parisien, l’entraîneur ne se cache même pas. Oui, le milieu de terrain doit actuellement figurer dans le onze de départ du PSG. Même si on préfère parfois le dorloter pour ne pas le cramer et peut-être l’économiser pour la Ligue des champions.
Plus important que sous l’ère Blanc
Car en entrant sur la pelouse du stade Pierre-Mauroy à une demi-heure de la fin, alors que le score restait désespérément vierge, le Français a encore montré toute son importance. Remplaçant Marco Verratti, qui a du mal à retrouver son meilleur niveau depuis la reprise, Rabiot a conservé, provoqué et prouvé son talent, qu’il maîtrise désormais presque parfaitement. En moins de trente minutes, il est devenu l’homme qui a le plus dribblé de la rencontre. Loin, très loin devant Lucas, Ángel Di María ou Verratti. Le PSG a d’ailleurs pris l’avantage cinq minutes après son entrée. Coïncidence ? Peut-être. Toujours est-il qu’à chaque fois qu’elle se balade sur le terrain depuis le début de la saison, la touffe bouclée démontre à son coach que l’historique trio Motta-Matuidi-Verratti appartient sans doute au passé, ou n’est en tout cas plus indispensable. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Adrien a été titularisé sept fois en onze journées, et deux fois en trois journées de C1. Preuve que son technicien espagnol compte sur lui, en apparence davantage que son prédécesseur (vingt-neuf titularisations sous Laurent Blanc lors des deux derniers exercices de L1).
Le présent et l’avenir
« L’arrivée d’un nouvel entraîneur a permis une certaine redistribution des cartes, et le petit Rabiot saisit sa chance, tout simplement, corrobore François Rodrigues, coach de l’équipe réserve du club et ancien des U19, qui a donc eu l’occasion de côtoyer le bonhomme. Il montre que c’est un joueur au potentiel énorme, un garçon d’avenir, qui suit tranquillement son chemin. Et je ne serais pas surpris de le voir très bientôt avec l’équipe de France A. Sa marge est encore énorme. » Rodrigues ne s’arrête pas là et met en avant toutes les qualités du milieu à tout faire : « Il est assez polyvalent puisqu’il peut jouer à tous les postes du milieu. C’est un joueur qui sait défendre, qui sait attaquer, qui a un bon gabarit… Moi, je l’apprécie beaucoup, car il est toujours dans l’effort, toujours porté vers le collectif. C’est un gamin qui est plein de caractère, qui a un certain tempérament… Franchement, je ne suis pas étonné qu’il soit de plus en plus utilisé et qu’il dessine une trajectoire linéaire. »
Crise d’ado achevée
Oubliées, les engueulades du passé. Zappés, les coups de sang de Maman. Balayées, les plaintes incessantes à propos de sa reconnaissance de la part d’une entité qui, par la force des choses, a des difficultés à laisser de la place aux jeunes pousses dans l’élite. Effacées, les moues esquissées auparavant devant la hiérarchie. Gommées, les envies de départ refusées. Rabiot a mûri, comme le dit Emery, et ne fait plus la gueule quand il doit s’asseoir sur le banc. Sûrement parce qu’il a compris que la patience faisait partie du processus d’apprentissage et que l’attente représentait un passage obligatoire à la construction d’un footballeur de très haut niveau. Mais aussi parce qu’au-delà des apparences, le natif d’Île-de-France aime Paris, comme le note François Rodrigues : « Il aurait pu partir sur un autre projet, mais il est resté, alors qu’il n’avait pas forcément le temps de jeu escompté. Ici, ce n’est pas évident quand tu es jeune. La concurrence est énorme. Son comportement actuel montre que c’est un vrai passionné, un amoureux du club, quoi qu’on dise. Il a une mentalité exceptionnelle. »
Déjà leader ?
Et de reprendre : « Ne pas faire de vague, ça veut dire quelque chose dans cette concurrence monstre. Quand tu as autant de joueurs, c’est important de pouvoir compter sur des éléments qui ne se plaignent pas… Matuidi, Rabbiot… Alors, je suis un peu chauvin, je cite deux Français. Mais ces deux-là, ce ne sont pas des joueurs qui trichent, et ça, c’est essentiel. » N’empêche qu’à l’heure où les jambes de Motta commencent à faire leurs trente-quatre ans, où Verratti se cherche encore, où Krychowiak peine à s’adapter dans la capitale, où Blaise Matuidi n’a pas écarté la Juve de son esprit, où Javier Pastore se bat avec son corps, il semblerait bien qu’Adrien Rabiot, vingt et un ans, soit le mieux placé pour représenter le chef d’orchestre actuel de son équipe. Il a déjà répondu aux attentes sur la scène nationale (contre l’OM ou Caen pour ne citer qu’eux) comme sur la scène européenne (face à Arsenal et Bale). Reste le plus compliqué : confirmer sur la durée qu’il a les épaules pour devenir un très grand. Dans son Paris à lui.
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Par Florian Cadu