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Qu’y a-t-il dans la tête de M’Baye Niang ?

Par Aymeric Le Gall
Qu’y a-t-il dans la tête de M’Baye Niang ?

À seulement 19 ans, M'Baye Niang fait partie des grands espoirs français de sa génération. Pourtant, ses déboires extra-sportifs ne cessent de se multiplier depuis quelques années. La dernière en date ? Un accident à Montpellier avec sa Ferrari et une comparution devant le tribunal pour « mise en danger de la vie d'autrui, délit de fuite et conduite malgré l'annulation du permis de conduire ». Pour Niang, le temps est peut-être venu de mettre de l'eau dans son vin. Mais en est-il capable ?

Pour comprendre qui est l’homme qui est en train de se (dé)construire sous nos yeux, il faut chercher à savoir qui il était enfant, lorsque, à tout juste 9 ans, M’Baye Niang débarque dans son premier vrai club de football, à l’AS Poissy. Contactés par nos soins, les dirigeants du club francilien ne semblent garder du gamin que de bons souvenirs. La première chose qui est évoquée à son sujet, c’est le talent. Car du talent, Niang en a à revendre. « Lui, c’était tout pour le foot. Il avait un talent bien au-dessus de la moyenne, nous rapporte l’un des responsables administratifs de l’AS Poissy qui l’a bien connu lors de son passage au club. Il s’est vite ennuyé en foot à 7, on l’a rapidement surclassé. Le truc, c’est qu’il comprenait tout plus vite que les autres mômes de son âge. On a tout de suite compris qu’il n’y avait aucun intérêt à le garder chez nous, il devait aller plus haut. » Pour ce qui est du comportement du jeune homme, RAS. « Il ne nous a jamais causé de problème. Il faisait des conneries de gamin, comme on le fait tous à cet âge-là, dit-il simplement. En tout cas, de ce que l’on en a vu chez nous, rien ne pouvait expliquer le comportement qu’il a aujourd’hui. » Avant de faire le grand saut vers le centre de formation puis le monde professionnel, M’Baye Niang n’est donc qu’un enfant comme les autres. Pas pire, pas mieux.

À 13 ans, il débarque au centre de formation du Stade Malherbes de Caen. Pour les personnes venues le superviser, il n’y a pas à tergiverser longtemps. « Après l’avoir observé durant un match avec Poissy, il est venu faire un essai à Caen, et là on a découvert… beaucoup de choses. En tant que joueur et en tant qu’homme (rires).Il était totalement atypique par rapport à la grande majorité des jeunes qu’on reçoit. Sur le plan athlétique et sur le plan de la mentalité, c’était quelqu’un qui était déjà différent, se rappelle Philippe Tranchant, l’un de ses formateurs à l’époque. Évidemment qu’on l’a pris ! » Au-delà d’un talent indéniable pour son âge, la première chose que les gens évoquent à son sujet, c’est un véritable amour pour le football. « Il allait voir les matchs des petits tous les samedis et dimanches. Il connaît bien le monde du football, il s’y intéresse. J’ai souvent discuté foot avec lui, c’était un vrai passionné » , poursuit Tranchant. Par contre, à la différence de Poissy, un autre son de cloche apparaît tout de suite à l’évocation du comportement de l’attaquant français. « C’est le revers de la médaille. On a compris que c’était un garçon qui venait d’un environnement où… (Il cherche ses mots, ndlr) Dans le quartier où il vivait, c’était un peu le sénateur, le boss. Il fonctionnait avec ses propres règles, c’était difficile de le faire entrer dans les cadres, même si j’ai trouvé qu’il s’intégrait plutôt bien chez nous. Il faisait les efforts pour s’adapter, mais on sentait que derrière ça, ça pouvait partir dans tous les sens. » « Partir dans tous les sens » , l’expression est lâchée.

« Une de ses dernières chances »

M’Baye Niang fait partie de cette race de footballeurs qui ne doutent jamais de leur talent. En ce sens, il ressemble en tout point à son idole et ami milanais, Mario Balotelli. Un égo assez fort pour le faire progresser de jour en jour, mais un égo qui peut aussi lui être fatal. À force de croire que tout ce que l’on fait est bien, sans jamais se remettre en question, cela peut vite devenir un handicap. Surtout dans un milieu du foot qui a tendance à vite étiqueter les gens. Une réputation peut se construire en moins de deux, pour ne plus jamais vous lâcher. « Il avait un côté homme, mais ça restait un ado avec tous les dangers que ça peut comporter. Il croyait tout savoir, mais ce n’était pas le cas et je pense qu’il en est encore là » , déplore l’actuel responsable technique du centre de formation du SM Caen. Un défaut qui pourrait tôt ou tard lui porter préjudice : « C’est même déjà en train de lui nuire, prévient Philippe Tranchant. Il a déjà eu trois, quatre revers très sérieux , maintenant il va falloir qu’il se pose, qu’il réfléchisse absolument parce que dans le cas contraire, ça peut être tout à fait négatif pour son avenir. Je pense que c’est une de ses dernières chances de reprendre sa carrière en main. La réputation, bonne ou mauvaise, ça va très vite dans le foot… »

On l’aura compris, la bête n’est pas docile. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui expliquent pourquoi le Milan AC, d’abord séduit par les qualités réelles du joueur, a fini par jeter l’éponge et le prêter (avec une option d’achat à 10 millions) à Montpellier. Avant Milan, d’autres clubs avaient déjà connu cette tentation. D’abord, Arsenal. Avant de signer en Italie, Niang avait fait un essai à Arsenal avec tonton Arsène qui avait préféré ne pas donner suite. « Pourquoi ?, s’interroge son ancien entraîneur de CFA. Ça a dû se jouer sur des impressions… Vous allez au Barça faire un essai, il y a un style, une déontologie, des règles à respecter, il y a des choses auxquelles on ne déroge pas. Et bien à Arsenal, c’est pareil. » Pour Wenger, le comportement et la mentalité d’un joueur compte tout autant que les qualités sportives ; c’est peut-être ça qui a pesé dans la balance au moment de trancher. Finalement, direction une institution milanaise qui devait penser pouvoir canaliser le bonhomme. Pour le résultat que l’on connaît. « S’il est à Montpellier, ça peut-être une bonne nouvelle pour lui, même si ça veut aussi dire que Milan ne comptait plus sur lui. Il faut quand même se dire les choses » , avoue le membre du staff caennais. Et lorsqu’il s’est agi de demander à Philippe Tranchant si son départ de Normandie n’avait pas été trop précipité, sa réponse est on ne peut plus claire : « Si, ça l’était, mais comme au club c’était devenu difficile de le gérer… Le président Fortin a dû sentir que c’était le moment de le céder. La gestion de son cas au quotidien était devenue difficile, il n’avait plus trop d’accroches dans le club. » La proposition milanaise (proche des 3 millions d’euros) était trop alléchante et l’occasion trop belle de se séparer d’un élément difficilement gérable pour que Caen ne puisse se permettre de refuser.

Un entourage dérangeant ?

Ce comportement borderline, normal chez tous les ados de son âge, est peut-être exacerbé par les dérives de ce milieu. C’est une des explications avancées par Philippe Tranchant : « Il y a aussi un effet pervers là-dedans. Comment peut-on laisser un gamin avoir une Ferrari ? C’est malheureusement un des seuls métiers au monde où l’on donne beaucoup d’argent avant même d’avoir prouvé quoi que ce soit. Ça peut vite faire tourner la tête. Comment peut-il se construire sur des vraies valeurs alors que tout ce qui compte, c’est l’épaisseur du portefeuille ? C’est le gros problème du football actuel, pas seulement celui de M’Baye… » La deuxième explication est, elle aussi, récurrente dans ce genre de situation : l’entourage. Des mômes à qui l’on donne autant d’importance et d’argent peuvent parfois s’entourer de personnes pas forcément aptes à les cadrer. C’est un point qui ne cesse de revenir dans la tête du formateur : « Pour lui, ce retour en Ligue 1 est une chance, parce qu’il peut retrouver des gens dans son entourage qui peuvent l’aider. Après, est-ce que son entourage est très sain ? Est-ce que lui-même va vers les bonnes personnes ? Est-ce qu’il a envie qu’on l’aide ou est-ce qu’il a envie de faire ce qu’il veut ? Moi, c’est toutes ces questions-là que je vais lui poser quand je vais le voir. Je raisonne plus en père de famille et éducateur. »

Débarqué cet hiver à Montpellier, Niang n’a donc pas traîné pour faire parler de lui en dehors des pelouses. Paradoxalement, c’est peut-être là qu’il va pouvoir se refaire une santé. Rolland Courbis pourrait faire office de déclic à un joueur qui a besoin de cadres. « Oui, le rôle du coach fait partie des éléments qui pourront l’aider à se reconstruire, mais ce n’est pas suffisant. Parce qu’un entraîneur, il va l’avoir deux heures par jour. M’Baye, tant qu’il n’a pas de statut ou tant qu’il n’est pas sûr d’avoir un statut, il va faire des efforts. Dès qu’il a un statut, il va tout se permettre et c’est ça qu’il faut changer chez lui. Mais ce n’est pas aussi simple que ça, il faut tout un environnement autour, il faut qu’il soit prêt à accepter cet environnement. C’est ça, la clé du problème, assure Tranchant avant de conclure : Il faut qu’il travaille sur lui-même, du point de vue de la mentalité. Et après, il lui reste encore beaucoup de progrès à faire sur le plan technique pour devenir un grand. Le problème, c’est qu’on l’a déjà statufié, alors qu’il ne le méritait pas encore. Mon expérience m’a appris que la pire des choses qui soit pour un jeune, c’est de l’estimer plus fort qu’il ne l’est et de lui accorder certaines choses qu’il ne mérite pas, du moins pas encore. » M’Baye Niang, l’exemple-type des dérives du football moderne ? Possible, en effet. Alors oui, il faut que jeunesse se passe, mais pas de bol pour Niang, dans le foot, on est moins patient qu’ailleurs.

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