- Rétro
- Les 32 ans de l'Euro 1984
Quinte flush royale
Un as (du coaching), un roi (Platini), un dix (reconverti, Gigi), une dame (Bellone) et un valet (Tigana) : pour gagner son premier titre international, l’équipe de France s’est appuyée, plus encore que son carré magique, sur une main exceptionnelle. Ou cinq hommes qui, à leur manière, ont contribué à faire de ce championnat d’Europe une réussite.
Michel Hidalgo
Sélectionneur des Bleus depuis 1976, Michel Hidalgo reste sur le traumatisme de Séville 1982. Pour l’Euro 84, sa dernière compétition sur le banc des Bleus, l’ancien joueur de Monaco peut s’appuyer sur une équipe mature et talentueuse. Son 4-4-2 en losange est rodé, son carré magique marche sur l’Europe (Fernandez, Platini, Giresse, Tigana), il lance dans le bain les jeunes Amoros et Bellone, tente des paris réussis avec Domergue ou Bats et, surtout, impose un style offensif et spectaculaire. Malgré la pression populaire, les Bleus balaient tout sur leur passage et remporte l’Euro.
Michel Platini
Il y a les chiffres qui parlent pour lui : 5 matchs, 9 buts. Buteur à tous les matchs, Michel Platini est le Monsieur de cet Euro. À 29 ans, le Turinois vient de planter 20 buts en Serie A (champion) et s’est adjugé la Coupe des coupes. C’est donc en pleine confiance qu’il arrive en France. Unique buteur du premier match contre le Danemark, Platoche enquille et porte les Bleus jusqu’au bout, avec ce coup franc contre l’Espagnol Arconada. « Il marchait sur l’eau, se souvient Bruno Bellone. S’appuyer sur un mec comme çà, c’est déjà génial, car on avait le meilleur joueur du monde avec nous. Il a été au summum de sa carrière : il n’était pas blessé comme en 82 et 86. Platini au summum, derrière cela suit. »
Jean Tigana
C’est l’homme de la demi-finale. L’ancien joueur de Toulon et de l’OL, encore traumatisé par la demi-finale perdu contre la RFA en 1982, prend les choses en main et délivre une passe décisive incroyable à Michel Platini à quelques encablures de la fin de la prolongation. « Quand Domergue égalise pendant la prolongation, alors qu’on revient dans le rond central, Tigana nous dit : « Hé les gars, on va pas refaire 82, hein ? Moi, je vais pas aux penaltys. » Quelque part, Jeannot il a trouvé la solution pour ne pas y aller, car il ne voulait pas y aller » , lâche Bellone. Une accélération dévastatrice et un caviar dans le money time. La marque des grands.
Alain Giresse
Le milieu de terrain bordelais a 32 ans en 1984 et sort de sa meilleure saison en club (16 buts, champion de France). Dans l’ombre de Michel Platini, l’autre pensionnaire du « carré magique » du milieu de terrain des Bleus est à Platoche ce que Scottie Pippen était à Michael Jordan, un formidable lieutenant, capable de prendre le match en main quand il le voulait également. Buteur contre la Belgique au deuxième match, « Gigi » traverse la compétition en patron. Constant, brillant, charismatique, le joueur œuvre sur le côté droit du milieu de terrain et ne se rate jamais.
Bruno Bellone
Dans l’histoire, ils ne sont que quatre Français à avoir marqué en finale d’un Euro : Michel Platini, Sylvain Wiltord, David Trezeguet et Bruno Bellone, donc. L’ailier gauche de l’AS Monaco est un môme en 1984. Il a 22 ans, mais prend un pied incroyable. En demi-finale, il entre en fin de match et gagne sa place de titulaire pour la grande finale. Contre l’Espagne, il attend la dernière minute de jeu pour planter le deuxième but, celui du sacre. Parti à la limite du hors-jeu, Bellone pique son ballon et trompe Arconada. « Lucky Luke » , comme il était surnommé, s’installe dans le onze des Bleus en vue du Mondial 86. Une passation de pouvoir.
Par Mathieu Faure