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Qui va piano va Pjanić
Titulaire indiscutable à la Juventus comme en sélection, Miralem Pjanić affiche une forme aussi étincelante qu’explosive par moments au sein du milieu bianconero depuis trois ans. Ces performances auraient même tapé dans l’œil du Real et surtout, selon la presse italienne, de Zinédine Zidane, qui serait prêt à tout faire pour faire venir Pjanić à Madrid l’été prochain.
Il ne faudrait pas que cela devienne une constante, et Miralem le sait. Titulaire mardi soir avec la Bosnie-Herzégovine face à la Grèce (2-2), Pjanić a illuminé le stade Bilino Polje par son génie. Sur un corner, d’abord, en offrant une « demi-passe décisive » à Višća qui s’y est pris à deux fois sur l’ouverture du score. Puis surtout, cinq minutes plus tard, en expédiant un somptueux coup franc dans le petit filet gauche d’Odisseas Vlachomidos qui n’a pas compris ce qui venait de lui tomber sur la tête. Tout se déroule alors comme prévu, la Bosnie est à l’abri. Jusqu’à ce que Pjanić retombe dans ses travers, au pire des moments, alors que la Grèce venait de revenir au score.
Sa faute ? Une énorme semelle au niveau des bancs de touche, qui lui vaut de voir rouge et de laisser les siens à 10 pendant près de trente minutes. Comme à Naples, et donc pour la deuxième fois en moins d’un mois, Pjanić a inscrit un sublime coup franc avant d’être exclu en début de seconde période au moment où la pression monte d’un cran. Un manque de mental ? Certainement pas, surtout lorsqu’on a plus de 60 matchs en Ligue des champions et 86 sélections dans les jambes à 28 ans. Une petite faille, tout au plus (ce n’est que le cinquième carton rouge de sa carrière), qui peut encore être gommée tant Pjanić est aujourd’hui un joueur complet.
Joue-la comme Pirlo
Lorsqu’il débarque à la Juventus à l’été 2016, Pjanić est engagé à Turin pour renouveler un secteur orphelin de Pirlo et Vidal depuis un an, et bientôt de Pogba qui s’apprête à faire ses valises pour rentrer à Manchester. Trois ans et cent vingt-cinq matchs plus tard, l’ancien Lyonnais est le maillon essentiel d’une puissante Juve qui écrase la Botte chaque année et qui rêve désormais de s’offrir l’Europe. Dans cet effectif riche à tous les postes, le nom de Pjanić est l’un des rares couchés noir sur blanc par Massimiliano Allegri avant chaque rencontre. Notamment car son profil de « regista » – ou de créateur posté juste devant la défense – est rare à ce niveau. Que ce soit sur coups de pied arrêtés, sur du jeu long ou sur du jeu court.
À tel point qu’Andrea Pirlo n’a pas hésité à le désigner comme son successeur l’an dernier au cours de l’émission Sky Calcio Club : « Pjanić est sûrement le joueur qui se rapproche le plus de moi aujourd’hui. Il a trouvé le rôle qui correspond bien à ses qualités. C’est le seul qui regarde toujours vers l’avant et qui ne se contente pas de faire la passe derrière, qui amène de la verticalité et qui change le jeu quand c’est nécessaire. » Dans les faits, tout donne même raison au champion du monde 2006. Car, chaque saison, le Bosniaque facture en moyenne cinq pions pour une dizaine de passes décisives délivrées. Alors forcément, tout le monde garde un œil au cas où le joueur qui aura 29 ans la semaine prochaine aimerait un jour changer d’air.
Direction Madrid ?
Récemment, Zidane et le Real Madrid auraient manifesté leur volonté de casser leur tirelire afin de l’accueillir en Espagne, selon la presse italienne. Alors que le Corriere dello Sport parle d’une possible offre de 80 millions d’euros pour le milieu de terrain dont le contrat court jusqu’en 2023, Tuttosport va même jusqu’à évoquer un échange avec Toni Kroos qui « est une cible de longue date de Fabio Paratici » , l’actuel directeur sportif de la Juventus.
Si rien n’est encore confirmé pour l’heure, et que la Juventus négocierait dans le même temps pour prolonger son joyau, il faut néanmoins prendre en compte que l’intérêt du Real n’a jamais vraiment laissé Pjanić insensible. En 2011, avant de défier les Madrilènes au Bernabéu avec l’OL en huitièmes de finale de Ligue des champions, Pjanić n’y allait pas par quatre chemins pour clamer son amour pour le Real : « Bien sûr, je dois exaucer mon rêve de gosse de jouer au Real Madrid. Je me rappelle la finale contre le Bayer Leverkusen. Je n’oublierai jamais cette équipe merveilleuse : Figo, Zidane, Roberto Carlos… Ce maillot blanc, ce stade, ce public… C’est le top. Le Real est le club de mon cœur. » Huit ans plus tard, le rêve n’a peut-être jamais été aussi proche de se réaliser. Si seulement il existe encore, évidemment.
Par Andrea Chazy