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Qui pour entraîner la Juventus ?

Eric Maggiori
Qui pour entraîner la Juventus ?

Avec la désormais très probable suspension d’Antonio Conte (qui risque 15 mois de mise à pied), le Champion d’Italie va se retrouver sans entraîneur. A une semaine d’une Supercoupe contre le Napoli et à trois semaines du début de la Serie A, ça urge.

Cesare Prandelli

Antonio Conte est suspendu pendant un an, en obtenant donc une ristourne de trois mois sur la sanction initiale. La Juve se retrouve sans coach, obligée de chercher un mec dans l’urgence. Andrea Agnelli passe quelques coups de fil, mais trouve souvent des messageries « Tim, messaggio gratuito, il cliente da Lei chiamato non è al momento raggiungibile » . Salauds. Du coup, Agnelli envoie un texto à Prandelli, qui lui répond favorablement. Mais à une condition : que tous les joueurs de la Juve se peignent avec les cheveux en arrière. Pour Buffon, pas besoin de faire d’efforts. Par contre, sur des mecs comme Marchisio, ça fait bizarre. Chiellini, lui, est carrément obligé de mettre une moumoute. Bref, avec Prandelli, la Juve développe un beau jeu, avec un Pirlo qui décide de faire toutes ses passes en Panenka. Le club turinois est en tête du championnat, et effectue un parcours de rêve en Ligue des Champions, où il atteint la finale face au Barça. Mais cela se passe mal. Les Bianconeri encaissent un sévère 4-0, et Thiago Motta, à Paris, se blesse sur son canapé, trois minutes après avoir allumé la télé. Conte reprend ses fonctions en juillet. Et récupère la moumoute de Chiellini.

Marcello Lippi

S’il y a bien un coach associé à l’histoire récente de la Juventus, c’est Marcello Lippi. Le champion du monde 2006 est désormais parti en Chine, pour entraîner le Guangzhou Evergrande. Mais lorsque la Juve se retrouve sans entraîneur, Marcello ne peut pas la laisser dans la merde. Il confie l’équipe chinoise à son adjoint, et revient en jet privé en Italie, huit ans après sa dernière expérience bianconera. L’objectif : faire au moins aussi bien que Conte, à savoir terminer la saison sans perdre le moindre match. Dommage, dès la première journée, la Vieille Dame perd 1-0 contre Parme. Aie. Deuxième match, 0-0 contre l’Udinese. Bon… Lippi est vexé et réinstaure la terreur à l’entraînement. Pas le droit de s’amuser ni d’applaudir ses coéquipiers, comme à l’époque où il coachait l’Inter : l’entraînement, c’est fait pour bosser, un point c’est tout. Redevenue méchante, la Juve gagne enfin ses matches et reprend la tête du classement. A la fin de la saison, elle remporte le Scudetto. Heureux, Lippi décide de repartir en Chine, mais conserve une partie dans le capital de la Juve. A chaque rencontre, Conte devra demander l’approbation de son mentor sur la formation à aligner. Le prix à payer, lorsque l’on est « l’élève » .

Personne

Andrea Agnelli a été catégorique : Antonio Conte ne sera pas remplacé, quoi qu’il advienne. Chose promise, chose due. Alors que le coach à la voix cassée n’a plus le droit de foutre les pieds au Juventus Stadium pendant 15 mois, son équipe décide de s’autogérer. Une révolution : une formation où tout le monde est son propre coach. Évidemment, les hiérarchies naturelles ne tardent pas à se dessiner. Buffon et Pirlo prennent les commandes du vestiaire et en profitent pour mettre hors du groupe la nouvelle recrue Isla, sous prétexte qu’il « ne portait pas assez bien le costard » . Pendant les matches, chaque joueur fatigué peut décider de sortir, et les remplaçants se concertent pour savoir qui entre. Il y a ceux qui ne veulent jamais sortir, comme dans la cour de récré ( « Faut que tu sortes » / « Non, c’est bon, je suis pas fatigué » ), et ceux qui considèrent qu’ils ont fait leur job après une demi-heure de jeu. Del Piero profite de l’absence de coach pour tenter de s’incruster sur le banc, ni vu ni connu, mais se fait gauler par Marotta, dont les yeux bioniques lui permettent de voir tout depuis les gradins. La Juve autogérée perd quatre matches dans la saison, mais remporte le Scudetto. Après avoir purgé sa suspension, Conte revient. Mais les joueurs ont définitivement pris le pouvoir. Les portes du centre d’entraînement restent fermées.

Alessandro Del Piero

Même s’il affirme dans la presse vouloir « jouer encore un, deux, trois, quatre, cinq ans » , Alessandro Del Piero le sait : pour la Juve, il ferait n’importe quoi. Lorsque Conte est suspendu, il s’en va toquer à la porte du bureau d’Andrea Agnelli et postule pour le poste d’entraîneur. Le président turinois, conscient de n’avoir pas été super réglo avec Pinturicchio, accepte. Allez, hop, un an de contrat pour Alex. Et comme, la saison dernière, Del Piero avait proposé de signer en blanc, Agnelli lui rafraichit la mémoire. Ok, vendu. Contrat en blanc. Après tout, pour la Juve, le beau Alessandro est prêt à tout, on l’a déjà dit. Par contre, il négocie une seule clause : le droit d’entrer en jeu pour tirer les coups-francs. Évidemment, il utilise cette clause lors des grands rendez-vous. Un coup-franc pleine lucarne contre la Roma, un autre qui contourne le mur contre le Milan AC. Le joueur-entraîneur se fait plaisir et retrouverait presque une deuxième jeunesse. S’il ne termine que deuxième du classement derrière le Napoli, il a pleinement convaincu et affirme vouloir rester. Mais Agnelli lui fait comprendre que non. Pour la deuxième fois en deux ans, il est viré de la Juve. Et va, du coup, s’asseoir sur le banc de Padova. Romantisme.

Michel Platini

A Turin, Michel Platini est devenu une idole en quelques mois. Trois fois meilleur buteur de la Serie A, c’est aussi là-bas qu’il a décroché ses trois Ballons d’or. Désormais président de l’UEFA, le Roi Michel n’est jamais l’ennemi d’un petit match dans les tribunes du Juventus Stadium. Lorsqu’Antonio Conte est mis à pied, il décide d’ailleurs de s’offrir un coup de folie. Pourquoi pas assurer l’intérim pendant un an ? Agnelli accepte. En même temps, il n’avait pas vraiment le choix, car en cas de refus, Platini l’aurait mis à pied. Le voilà donc de retour à Turin. Pour motiver les joueurs, Platoche ramène ses trois Ballons d’Or dans les vestiaires. Comme ça, pour frimer. A l’entraînement, il n’est jamais contre une petite leçon de coups-francs. Pirlo fait semblant de s’en foutre, mais en fait, il est quand même un peu impressionné. En cours de saison, Platini s’énerve lorsque le juge de ligne ne valide pas un but pourtant valable. Au match suivant, les supporters adverses déploient une banderole « Bah alors, Michou, tu veux toujours pas mettre la vidéo ? » . Furax, il demande au président de l’UEFA d’interdire les banderoles. Puis d’interdire les supporters adverses. Puis d’interdire de battre la Juve. Conte lui envoie un texto : « C’est gentil, Michel, mais moi je n’ai pas eu besoin d’un décret pour être invaincu » . L’histoire ne dit pas ce qu’il a répondu.

Liliane Bettencourt

Ce n’est un secret pour secret : la Juventus aime bien l’argent. D’ailleurs, personne n’a dépensé plus qu’elle lors des deux dernières saisons. Mais un petit coup de pouce financier venu de l’extérieur ne serait pas de refus. Du coup, au moment de choisir un nouvel entraîneur, les dirigeants turinois regardent surtout les comptes en banque. Pour faire diversion, ils essaient de faire gober aux tifosi qu’ils vont choisir quelqu’un « qui représente l’essence du club » . Or, la Juve, c’est la Vieille Dame. Alors, il faut une vieille dame. Après avoir sondé les disponibilités de Margaret Thatcher, Bernadette Chirac, Jane Fonda et Brigitte Fontaine, Agnelli tombe d’accord pour un contrat d’un an avec Liliane Bettencourt. Futé, le président de la Juve réussit à faire croire à la riche femme d’affaires qu’en football, l’entraîneur paye les salaires des joueurs. Pour son premier match sur le banc, Liliane se pointe avec une veste « Vecchia Signora » . Éric Woerth tente de se faire inviter au stade, mais se fait refouler à l’entrée car les vigiles pensent qu’il s’agit de Luciano Moggi. Au bout de deux matches, la Vieille Dame en a ras-le-bol et démissionne. Elle nomme tout de même Andrea Pirlo ambassadeur L’Oreal. Il le vaut bien.

Gigi Simoni

S’il y a bien un coach qui garde de la rancune pour la Juventus, c’est bien Gigi Simoni. Aujourd’hui sans emploi, après une dernière expérience à Gubbio, le vieil entraîneur a un temps coaché l’Inter. C’était en 1997. Simoni entraîné l’Inter de Ronaldo, Djorkaeff et Zamorano. Une Inter qui est à la lutte pour le titre avec la Juventus de Lippi. Lors du match décisif entre les deux équipes, l’arbitre ne siffle pas un pénalty en faveur de l’Inter, et, 60 secondes plus tard, donne un péno à la Juve. Les Turinois s’imposeront 1-0 (même si le pénalty est raté) et gagnera le Scudetto quelques semaines plus tard. Simoni, depuis, rumine ce match qu’on lui a « volé » . Comme il faut expier le mal par le mal, c’est lui qui est nommé à la tête de la Juve. A 73 ans, c’est une dernière expérience au haut niveau. Pour son plus grand malheur, tout au long de la saison, la Juventus ne va pas obtenir le moindre pénalty. En revanche, un péno douteux est sifflé en faveur de l’Inter lors de la rencontre entre les deux clubs. Une décision qui rend dingue le coach, emmené d’urgence à l’hosto pour une crise de folie. Il a, depuis, été transféré en psychiatrie. Les médecins affirment qu’il répète en boucle : « Donnez moi un pénalty, donnez moi un pénalty » . Il est remplacé sur le banc turinois par Mondonico, un autre ancien.

Un zèbre dans une Fiat

Ouais. Juste comme ça. Pour triper. A défaut d’obtenir des résultats, ça fera au moins marrer les supporters.

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