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Riccardo Calafiori, un beau serre-tête de vainqueur
Auteur d’une prestation XXL face à l’Albanie pour sa troisième sélection, Riccardo Calafiori a conquis le cœur des Italiens à seulement 22 ans. Mais avant de devenir le successeur de Nesta et Maldini dans leurs esprits, le garçon au serre-tête a connu un début de carrière semé d’embûche.
« La réincarnation de Maldini », « le nouveau Nesta », ou encore « il n’a rien à envier de Cannavaro ». Après le succès de l’Italie lors de son premier match face à l’Albanie (2-1), les Italiens ne jurent que par un nom : Riccardo Calafiori. Et pour cause. Convoqué pour la première fois en sélection nationale pour cet Euro 2024, le joueur de Bologne est devenu à 22 ans et 27 jours le plus jeune défenseur italien à commencer une compétition officielle depuis le beau Paolo, 19 ans à l’Euro 1988. Et ce baptême du feu face aux Albanais a été une franche réussite, en attestent ses statistiques : 93% de passes réussies, 5 ballons récupérés et 3 interceptions. Du caractère, de la rigueur et de la personnalité, il n’aura fallu qu’une heure et demie à Riccardo Calafiori pour entrer dans le cœur des Italiens. « Je suis très heureux, les émotions sont grandes, je n’ai jamais ressenti cela auparavant », s’est émerveillé après la rencontre le numéro 5 azzurro. Car pour le nouveau patron de l’arrière-garde transalpin, disputer l’Euro 2024 avec son pays n’était encore qu’un vœu pieux il y a encore quelques mois.
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Blessures et déception
On dit souvent qu’il faut croire en son destin. Et celui de Riccardo Calafiori est inspirant et prouve que les choses peuvent aller vite, dans un sens comme dans l’autre. Enfant de Rome, doué balle au pied, l’avenir du futur international italien est alors tout tracé : il intègre le centre de préformation de la Roma, son club de cœur, franchit les étapes et devient alors l’un des grands espoirs de Trigoria. À seulement 16 ans, il signe son premier contrat professionnel, commence à côtoyer l’équipe première. Mais un premier coup dur surgit en Youth League face au Viktoria Plzeň en octobre 2018 : rupture de tous les ligaments du genou gauche et du ménisque. Une blessure qui aurait pu définitivement mettre un terme à sa (jeune) carrière. Éloigné des terrains pendant 290 jours, le courageux défenseur parvient miraculeusement à revenir et dispute son premier match en professionnel face au CFR Cluj (2-0) en Ligue Europa.
Primo gol da professionista, e CHE GOL! 🟡🔴
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Mais les blessures ne lui laissent jamais de répit, et à l’été 2021, un certain José Mourinho débarque dans la capitale et lui fait comprendre qu’il ne compte pas sur lui. Calafiori est alors envoyé en prêt durant six mois au Genoa. En Ligurie, il ne dispute que 80 minutes. « Cette période a été très difficile pour moi. Je pensais pouvoir me relancer et avoir plus de temps qu’à la Roma, mais ça a été le contraire. J’étais un peu nerveux et impatient, je voulais tout de suite jouer », rembobine-t-il à Cronache di Spogliatoio. De retour à Rome, les dirigeants giallorossi lui annoncent qu’il ne sera pas conservé et qu’il doit partir. Et il n’y a pas grand monde qui se presse au portillon et c’est le FC Bâle qui remporte la mise. « Je n’étais pas forcément convaincu au départ de rejoindre Bâle. Nous étions dans les dernières heures du mercato et c’était le seul club vraiment intéressé. Mais une fois arrivé là-bas, j’ai compris que c’était le club idéal pour un jeune joueur comme moi. »
Ascension fulgurante
Croire en son destin donc. Calafiori se retrouve en Suisse avec comme objectif de relancer sa carrière qui prend alors un mauvais tournant. « On le suivait déjà depuis pas mal de temps, Bâle était le club parfait pour lui », corrobore Alexander Frei. L’ancien entraîneur du FC Bâle qui l’a eu sous ses ordres durant quelques mois argumente : « Il n’avait pas tellement d’options à ce moment-là. On sentait qu’il n’était pas au top de sa forme, à cause des blessures à répétition et du maigre temps de jeu à la Roma et au Genoa. On a énormément parlé, mais le déclic est surtout venu de lui, c’est un grand professionnel avec du caractère, c’est surtout ça qui a fait la différence. »
Sur les bords du Rhin, Riccardo Calafiori reprend alors confiance et enchaîne les solides prestations. En position de latéral ou bien en défense centrale, le gaucher s’adapte et montre toutes ses qualités. Pour l’ancien attaquant de la Nati et du Stade rennais, il n’y a pas de secret : « Le travail ! Riccardo est vraiment quelqu’un qui aime travailler, c’est ce qui m’a le plus impressionné chez lui. Il n’était pas nettement supérieur aux autres, mais c’est son caractère et son amour du travail qui l’ont amené là où il est. » Même son de cloche pour un autre Frei, Fabian (sans lien de parenté). « J’ai été impressionné par sa capacité d’adaptation. Très vite, il a montré qu’il avait l’étoffe d’un grand joueur, ça se ressentait notamment lors des matchs en Ligue Europa Conférence », avance l’emblématique capitaine (et joueur le plus capé) du FC Bâle, qui conclut : « Il avait une certaine assurance qui lui permettait de prendre des responsabilités, chose qui est rare pour les joueurs de son âge. » Au fond du trou il y a encore un an, Calafiori s’est relancé au FC Bâle et a gratté son ticket pour revenir l’été dernier en Italie par la grande porte.
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À Bologne, le Romain est recruté en premier lieu pour compléter l’effectif et apporter de la profondeur sur le banc. Mais comme le dit le dicton, le malheur des uns fait le bonheur des autres. À la suite d’une blessure de Lucumí, Thiago Motta titularise alors pour la première fois Calafiori face à Monza (0-0) et en fait par la suite un pion essentiel, avec la réussite que l’on connaît. Et comme Alexander Frei, Motta loue surtout le caractère de Calafiori : « Je suis impressionné par sa constante progression, il peut tout faire parce qu’il est courageux et croit en lui. Je dois aussi le canaliser de temps en temps, mais c’est une bonne chose, car il veut toujours s’améliorer », expliquait le nouveau coach de la Juve, justement après un match face aux Turinois (3-3) durant lequel Calafiori inscrira un doublé. Une ascension fulgurante qui en a surpris plus d’un, à commencer par Alexander Frei : « Si on m’avait dit il y a deux ans qu’il serait titulaire en Italie à l’Euro 2024, jamais je n’y aurais cru. » On vous rassure Monsieur Frei, vous n’êtes pas le seul.
Par Tristan Pubert
Propos d’Alexander Frei et Fabian Frei recueillis par TP.