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Qui est Patrice Motsepe, le nouveau patron du football africain ?

Par Alexis Billebault
Qui est Patrice Motsepe, le nouveau patron du football africain ?

Il a fait fortune dans le secteur minier, possède le club de Mamelodi Sundowns, est le beau-frère de Cyril Ramaphosa, le chef de l’État sud-africain, et a été élu – nommé diront les mauvaises langues, puisque les trois autres candidats s’étaient retirés de la course – président de la Confédération africaine de football (CAF) le 12 mars dernier. Patrice Motsepe (59 ans) était un quasi-inconnu pour les non-initiés il y a encore quatre mois. Le voici désormais à la tête d’une instance que la FIFA va surveiller de très près.

Il est toujours bien sapé, plutôt affable, sourire Colgate, mais aussi parfaitement conscient de son déficit de notoriété dans le milieu du football africain. Un handicap qu’il n’a pas vraiment cherché à gommer lors de sa campagne pour l’élection à la présidence de la CAF, après avoir annoncé sa candidature, le 9 novembre dernier. Patrice Motsepe n’a accordé aucune interview individuelle, et a attendu le 25 février pour dévoiler son programme lors d’une conférence de presse organisée à Johannesburg, et axé notamment sur la généralisation de l’utilisation de la VAR, une modernisation des infrastructures et une meilleure couverture télévisée des matchs africains. Ce jour-là, le candidat avoue même qu’il n’était pas très chaud pour se lancer dans la bagarre pour la conquête de la présidence de la CAF : « Que viens-je faire dans le monde du football ? Quand on m’a demandé à de nombreuses reprises de me présenter, je ne vais pas vous dire ce que j’ai répondu, car il y a des enfants dans la salle. Bref, j’ai dit non, j’ai déjà assez de challenges. »

Il n’était pas chaud pour se présenter

Une façon polie d’expliquer qu’il n’avait ni le temps ni la motivation nécessaires pour aller s’emmerder la vie au sommet de la hiérarchie du football africain. « Et finalement, il a accepté. Amaju Pinnick (président de la fédération nigériane et membre du comité exécutif de la CAF),dont il est proche, l’a encouragé à y aller. Moïse Katumbi (président du TP Mazembe) également. Et bien sûr Gianni Infantino, le président de la FIFA. Lui, il voulait que ce soit un bon gestionnaire qui soit élu président de la CAF, quelqu’un capable d’attirer des nouveaux sponsors, quelqu’un de nouveau. Il s’est laissé convaincre, ou alors, c’est un bon comédien », explique ce dirigeant d’une fédération ouest-africaine. Lors du dernier Championnat d’Afrique des nations organisé au Cameroun, l’homme d’affaires sud-africain s’était pointé à Yaoundé pour se présenter et exposer aux présidents des fédérations présents les grandes lignes de son programme. « Il est venu me parler. Je ne savais pas qui il était, et je n’étais pas le seul. Quelqu’un d’agréable, qui semble vraiment aimer le foot. Mais la question que je me pose, c’est de savoir comment il va pouvoir gérer la CAF. Où va-t-il trouver le temps ? Il n’a jamais dirigé la fédération sud-africaine, ni la ligue professionnelle, alors la CAF… » s’interroge Joseph-Antoine Bell, l’ancien gardien des Lions indomptables du Cameroun.

J’aime tout simplement le football. C’est un amour stupide, déraisonnable.

Art, droit minier, empire financier et Mamelodi Sundowns

La question soulevée par Bell est sur toutes les lèvres en Afrique. Elle est légitime, tant l’agenda de Motsepe est surchargé. Il a certes promis de se mettre en retrait de la présidence de Mamelodi Sundowns, un club qu’il a racheté en 2004, et qui, malgré les titres obtenus depuis (une Ligue des champions, une Supercoupe d’Afrique, sept titres de champion et trois coupes d’Afrique du Sud), lui a coûté beaucoup d’argent. « J’aime tout simplement le football. C’est un amour stupide, déraisonnable », a-t-il plusieurs fois déclaré. Mais la présidence du club de Pretoria ne l’occupait guère plus de quelques heures par semaine. Le businessman, à la tête d’une fortune estimée à environ 2,5 milliards d’euros – la troisième d’Afrique du Sud et la dixième du continent -, est davantage accaparé par la gestion de ses affaires. Ce fils de commerçants de Soweto – où il est né -, assez à l’aise pour lui payer des études d’art au Swaziland (désormais Eswatini, NDLR), puis de droit minier et des affaires à l’université du Witwatersrand à Johannesburg, a bâti un véritable empire financier, après avoir intégré un prestigieux cabinet d’avocats. Motsepe a d’abord fondé Future Mining en 1994, puis African Rainbow Minerals Gold Limited trois ans plus tard, spécialisée dans l’extraction du cobalt, du fer ou encore du charbon.

Beau-frère du chef de l’État sud-africain

Le nouveau président de la CAF, qui fait du business avec quarante pays africains, est aussi le beau-frère de Cyril Ramaphosa, le chef de l’État sud-africain. Le milliardaire n’a cependant jamais fait de politique, et il ne semble pas spécialement chaud pour tenter l’expérience. « Les affaires, le foot, il n’est pas maso au point d’aller en rajouter avec de la politique », se marre un membre de la CAF. Motsepe préfère promettre qu’il versera la moitié de sa fortune à des œuvres caritatives ou 55 millions d’euros à l’Afrique pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Il a aussi assuré, depuis son élection, qu’il allait se rendre dans les cinquante-quatre pays affiliés à la CAF lors des douze prochains mois, que l’Afrique doit remporter une Coupe du monde rapidement, et qu’il est favorable au maintien de la CAN tous les deux ans, alors qu’Infantino milite pour une phase finale tous les quatre ans. Tout en laissant la porte ouverte aux discussions…

Après des années de turbulences, sous Issa Hayatou d’abord, puis Ahmad Ahmad, les partisans de Motsepe jurent que la CAF vient d’entrer dans une nouvelle ère, quand d’autres, beaucoup plus réservés, craignent de voir l’influence de la FIFA s’étendre. « Avant, les gens cherchaient un bon plan pour se gaver. Aujourd’hui, c’est différent », martèle le Zimbabwéen Philipp Chiyangwa, président de la COSAFA, une association régionale regroupant les quatorze fédérations d’Afrique australe. Il voudrait accuser les prédécesseurs de Motsepe d’avoir tapé dans la caisse qu’il ne s’y prendrait pas autrement. « Ce n’est pas parce que le nouveau président est milliardaire que cela met à l’abri la CAF de prochaines affaires de corruption ou de détournement de fonds », nuance un membre d’une fédération. C’est dit.

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Par Alexis Billebault

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