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Qui est Pasquale Mazzocchi, le nouvel appelé de Roberto Mancini ?
Curiosité du groupe italien qui se déplace en Hongrie ce lundi (20h45), Pasquale Mazzocchi pourrait disputer les premières minutes de sa carrière avec le maillot de la Nazionale sur les épaules. Le point culminant d’une carrière et d’une vie où rien n’a jamais été simple pour le piston gauche de 27 ans de la Salernitana.
Ce lundi matin, l’Italie a été réveillée par un séisme politique qu’elle sentait venir depuis plusieurs semaines : Giorgia Meloni, cheffe du parti fasciste Fratelli D’Italia et à la tête d’une coalition de partis de droite et d’extrême droite, a remporté les élections législatives. Une première dans la Botte depuis 1945. Comme un symbole, le premier à avoir félicité la nouvelle femme forte italienne est Viktor Orbán. Nul ne sait si le Premier ministre hongrois, fan de foot et forcément heureux du résultat des élections italiennes, assistera au remake de la finale de 1938 qui a lieu ce lundi soir à la Puskás Arena entre sa Hongrie et l’Italie. Une rencontre en apparence fortuite entre deux nations qui n’iront pas au Mondial, mais qui disputent pourtant bien une « finale » : celle de la première place du groupe C de la Ligue des nations, aux dépens de l’Allemagne et de l’Angleterre. Pour un homme, Pasquale Mazzocchi, ce Hongrie-Italie pourrait d’ailleurs rester gravé à vie. Appelé pour la première fois avec la Nazionale à 27 ans, le piston gauche de la Salernitana pourrait disputer ses premières minutes sous la tunique azzurra sur le gazon de Budapest. Un petit miracle.
Sado, Mazzocchi ?
À l’âge de 12 ans, Pasquale n’était encore qu’un gamin à qui la vie avait déjà enseigné pas mal de choses. À ce moment-là, le mot « Meloni » (melons, NDLR) n’avait rien à voir avec la politique, mais bien avec son gagne-pain quotidien. Des melons, des oranges, des citrons, c’est ce que Pasquale vendait aux habitants du quartier sensible de Barra, à Naples, lors du temps dont il disposait entre l’école et ses entraînements de foot. « Il avait deux petites jambes maigres et une paire d’yeux vifs et alertes, raconte Giuseppe Araimo, son premier entraîneur à Cronache di Spogliatoio. Il faisait le tour du quartier pour livrer des sacs de courses, trois à quatre fois par semaine, avant de s’entraîner sur un terrain en terre battue. »
Issu d’une famille nombreuse à laquelle il doit fournir un coup de main pour jouer au foot à côté, « Pako » est considéré comme un phénomène au sein de son école de foot « Carioca » de Barra. Il s’entraîne dès huit ans avec des garçons qui en ont dix, mais la fatigue des cadences infernales imposées par l’enchaînement école-travail-foot l’empêche d’exprimer tout son potentiel. Araimo va changer son destin lorsqu’il prend connaissance de la situation : « Lorsque le garçon, avec une extrême naïveté, lui a parlé de son « nouveau » travail et du salaire dérisoire qu’il recevait – mais qui était nécessaire pour aider sa famille -, Giuseppe lui a promis en réponse que pour chaque but marqué, il lui donnerait le même salaire qu’il recevait chaque semaine en travaillant, expliquait son agent Luigi Lauro à 1 Football Club. Sans Araimo, Pasquale serait probablement devenu l’un des nombreux Napolitains talentueux qui abandonnent le football pour se consacrer au travail et aider leur famille en difficulté. »
« Mes parents pleurent de joie depuis trois jours »
Sa chance, Pasquale a su la saisir. Après avoir fréquenté les équipes de jeunes à Benevento et surtout au Hellas, à Vérone où il signe pro, c’est à Parme en Serie D qu’il va faire son trou de 2016 à 2018. Derrière, l’ascension est sensationnelle : il découvre la Serie B avec Pérouse puis la Serie A avec Venise, l’an passé. Cet été, Mazzocchi est revenu en Campanie, à la Salernitana, où il crève l’écran. Son énorme activité dans le couloir gauche du 3-5-2 de Davide Nicola l’a déjà rendu incontournable, à l’image de son premier but en Serie A inscrit face à Empoli début septembre (2-2).
Capitaine de la Salernitana face à Lecce (1-2) lors de la dernière journée, Mazzocchi a enchaîné les bonnes nouvelles en voyant son nom affiché à la télévision italienne au moment de la liste de Roberto Mancini. Une récompense pour son très bon début de saison qui est également liée à l’absence du titulaire au poste, Leonardo Spinazzola. Mais ça, Mazzocchi et les siens n’en ont cure : « Mes parents pleurent de joie depuis trois jours, ils n’arrivent toujours pas à y croire, racontait le joueur à la Rai. Ils ont toujours cru en moi, tout comme mes frères. Pour aider mes parents à payer l’école de football et les chaussures, j’avais commencé à travailler comme marchand de fruits et légumes. J’ai eu la chance d’emprunter cette voie du football, qui m’a finalement sauvé la vie. » Un ancien vendeur de fruits qui n’a pas pris le melon, ça ne court pas les rues.
Par Andrea Chazy