- Ligue 2
- J26
- Lens-Caen (1-4)
Qui est Caleb Zady Sery, le dynamiteur du SM Caen ?
Étincelant dans son couloir gauche à Lens samedi, Caleb Zady Sery se révèle comme l'une des pépites de la saison en Ligue 2, sous la tunique de Malherbe. À 20 ans, l'ancien de l'AC Ajaccio ne manque ni de talent, ni d'ambition.
On ne sait pas vraiment s’il est gaucher, droitier ou les deux. Lorsque Vegedream a écrit ce que vous savez, Caleb Zady Sery n’avait que 18 ans et demi et avait débarqué quelques mois plus tôt en Corse en provenance de sa Côte d’Ivoire natale, avec du feu dans les jambes. Dix-neuf mois plus tard, il vient d’écœurer Bollaert et est en train de mettre la Ligue 2 dans sa poche. Et si son ancien partenaire Mathieu Coutadeur clame avec assurance qu’ « il est droitier » , c’est à l’aide de l’autre patte ce samedi à Lens que l’ailier caennais a devancé Steven Fortes au quart d’heure de jeu puis servi sur un plateau Malik Tchokounté à l’orée du dernier quart d’heure. Au total, ce sont même deux penaltys qu’a provoqués l’ancien Ajaccien, en plus de sa passe décisive, pour faire plier à lui tout seul un Racing à l’ouest (1-4). « À la causerie, le coach m’a dit qu’il attendait ça de moi, car j’avais été inexistant contre Troyes, a lâché le héros normand après coup. Je voulais lui montrer de quoi j’étais capable. » Message reçu.
La vingtaine désormais atteinte, Zady est en train de faire fructifier les deux millions d’euros que Malherbe a posé sur la table dans le money time du dernier mercato estival, afin de le chiper à l’AC Ajaccio. Il sortait alors de son premier exercice chez les pros et avait laissé ici et là un paquet de promesses, en 21 apparitions (6 titularisations). Posé devant le match de Gambardella de l’ACA ce dimanche, Coutadeur prend le temps de raconter : « Le coach(Olivier Pantaloni, N.D.L.R.)avait sûrement ses raisons, mais au départ, il ne jouait pas avec nous, et au vu de ce qu’il montrait à l’entraînement, j’étais surpris qu’il ne soit pas titulaire. Ensuite, il nous a filé un bon coup de main pour finir la saison. » Comment ? Avec du talent, beaucoup de talent. « Il fait partie de la race des dribbleurs. Il est très puissant, et surtout il allie à ça de l’agilité avec le ballon. C’est quelqu’un qui aime provoquer, qui percute. Pour l’avoir côtoyé, c’est assez déroutant. » À l’image de son premier pion en Ligue 2, inscrit au stade de la Source en mai dernier, numéro 33 dans le dos, après avoir fait le tour de Gauthier Gallon.
Le Zady est partout
Demandez aux défenseurs de l’antichambre : l’actuel caennais possède un coup de rein et un tour de passe-passe de l’extérieur du pied qui en ont fait vriller plus d’un. « Il a une très bonne protection de balle, il est très puissant, avec un sens de l’équilibre qui est recherché par beaucoup d’équipes » , continue Mat Coutadeur. Après avoir fait ses premiers pas au poste de numéro 10, c’est principalement dans le couloir gauche que l’Ivoirien a rapidement pris place et se révèle en France. Maintenant, reste à la pile électrique d’un mètre 77 à soigner ses statistiques. « Son atout premier n’est pas sa qualité de centre, de passe ou de frappe, mais il utilise très bien ses deux pieds, sourit Coutadeur. Il sent le jeu, il a su assimiler très rapidement le jeu sans ballon, pour son âge. Dans le dernier geste, il manquait de sang-froid. Dans des situations faciles, il y a quelques fois où il a raté l’immanquable, mais il a progressé. »
Auteur d’un caramel et d’une offrande en 2018-2019, le bolide abidjanais, qui visait le 6 pions/6 assists à la trêve, en est à cinq caviars depuis l’entame de la saison, avec un but à Chambly fin janvier. Face au Paris FC en octobre, il avait déjà été impliqué sur les quatre réalisations de son équipe. « Humblement, j’essaye de le domestiquer » , déclarait Pascal Dupraz début février à son sujet, alors que son corps ne lui permet pas encore de bénéficier d’un temps de jeu optimal. Lui aspire à « figurer parmi les meilleurs joueurs de L2, le top 5 » . En attendant, de son propre aveu et de celui de son coach, il demeure le seul joueur de son profil au sein de l’effectif Malherbiste, ce qui le rend précieux. « J’ai eu des discussions assez longues avec lui pour lui dire de rester avec nous, se souvient d’ailleurs Coutadeur. Je lui disais :« Tu vas être titulaire indiscutable, tu vas encore progresser, et l’année prochaine ou même cet hiver, ce sera la Ligue 1 pour toi. » » Manque de bol, Caen est englué dans le ventre mou du championnat, tandis qu’Ajaccio fanfaronne sur le podium, mais qu’importe. Le saviez-vous ? « CZS » est le code AITA faisant référence à l’aéroport international de Cruzeiro do Sul, dans l’État d’Acre au Brésil. Aujourd’hui, ces trois lettres sont aussi celles d’un joyau, issu d’une académie située à deux pas du tarmac d’Abidjan, dont il serait malin de retenir le nom. Attention au décollage.
Par Jérémie Baron
Propos de Mathieu Coutadeur recueillis par JB