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Qui es-tu vraiment, le rival du FC Nantes ?
Après le « derby de l'Ouest » contre Rennes, après le « classique » contre l'ASSE, le FC Nantes présente le « derby de l'Atlantique ». En à peine plus d'un mois, le FCN ne s'est évertué à n'accueillir que des matchs chauds, à en croire la com du club. Mais en vrai, c'est qui le rival dans tout ça ?
Le derby de l’Atlantique : un terme que les supporters des clubs concernés ne renient pas. Mais en dehors de Bordeaux et Nantes, l’appellation a de quoi faire sourire. Entre les deux villes, plus de 300 km. Pas de quoi fouetter un chat, et encore moins oser prendre le nom de « derby » . Pourtant, elle traduit bien une rivalité de deux clubs et de deux villes qui se lorgnent jalousement du fond de leurs estuaires. Membre actif de la twittosphère nantaise, Michel Ker Zadarian estime que « cette rivalité va au-delà du football. L’histoire joue aussi un rôle là-dedans » . De loin, les deux villes se ressemblent, se regardent, s’observent.
Bien évidemment, la rivalité sportive a ajouté une dose d’explosivité à l’ensemble. Dans les années 80, alors que Saint-Étienne disparaît des radars canaris, Bordeaux vient s’y frotter. Les Girondins grandissent vite et attirent même Thierry Tusseau, alors que le FCN vient d’obtenir son sixième titre de champion de France, en 1983. Un coup dur porté par les Bleu marine, marquant les années Bez des titres de 84, 85 et 87. Aymeric, supporter des Girondins, confirme une rivalité certaine : « Pour moi, Nantes est le 2e véritable rival de Bordeaux après Marseille, parce que c’étaient deux grands clubs et qu’il y avait une vraie attente sportive. Au final, Toulouse, bon… Et Paris, c’est avant tout parce que c’est la capitale, tandis que Lyon, avant les années 2000, on ne connaissait pas vraiment. »
À la recherche du rival perdu
Les années 2000 signent justement le début d’un certain désamour. La rivalité se perd, alors que Nantes arrive enfin à battre Bordeaux dans son parc Lescure. Aujourd’hui, « les joueurs formés au club, Sertic, Saivet, Poundje [blessé] n’ont peut-être pas été élevés avec cette rivalité. Ils doivent en avoir conscience en tant que Bordelais, mais dans les catégories de jeunes, ils vont plus souvent croiser Toulouse. » Le derby s’éteint et devient un « match sympathique » , comme le décrit Olivier Quint, arrivé chez les Jaune et Vert en 2001. « Bordeaux, c’est une petite rivalité, mais qui semble un peu fade à côté du match de Rennes. Il y a du monde dans les tribunes, avec beaucoup de gens qui se déplacent même s’il y a plus de kilomètres à faire. Mais c’est surtout une ambiance sympa. Le perdre, c’était désagréable sans être dramatique, sans conséquences. »
Les conséquences, elles, sont désormais en cas de défaite contre le « rival régional » , comme le désigne Alex, 25 ans, fidèle de la tribune Loire. C’est elle qui a pris la place laissée vacante. Les petits jeunes qui garnissent la Loire sont là pour se frotter aux « galettes-saucisses » . Mais le constat vaut déjà pour une époque où la Beaujoire bouillonnait moins, Olivier Quint en témoigne. « Contre Rennes, c’était un vrai derby. On le sentait bien en tant que joueur. Y avait pas besoin de le dire. » D’autant que les équipes de jeunes se croisent, et les locaux font passer le message. « Si vous parlez à Frédéric Da Rocha d’un Nantes-Rennes, il vous dira que c’est vraiment le match à ne pas perdre. »
Peanuts et Loirix
La communication du club s’en ressent. Un derby est certes évoqué, mais presque passé à la trappe – et ne devrait pas faire le plein. À l’inverse, la grosse artillerie a été de sortie avant d’accueillir le Stade rennais, entre déclarations pour chambrer dans les médias ou vidéo teasing destinée à circuler dans les réseaux sociaux. Pour Alex, pas de doute, l’ambiance sera moins chaude contre Bordeaux. « Le derby le plus chaud, c’est désormais Rennes. » Le témoin est définitivement passé. Un jugement que ne partage pas Michel Ker Zadarian, assumant que la rivalité est une question d’âge ( « aux plus anciens Saint-Étienne, aux anciens comme moi Bordeaux, et aux jeunes Rennes » ), mais plus optimiste sur l’ambiance, grâce à une tribune « débarrassée de ses Loirix » .
D’autant qu’il reste un groupe pour lequel Bordeaux prévaut sur Rennes : la Brigade Loire. Avec les Ultras Marines, la rivalité est savamment bien entretenue, qui plus est depuis le retour en Ligue 1 des Nantais. « À côté, Rennes, c’est peanuts. » Là, il y a des souvenirs à raviver. Il y a des comptes à régler. Il y a un affront à laver pour les Ultras Marines, un 0-3 à Chaban ponctué d’une banderole – « bien sentie » avoue Aymeric – moquant le manque d’intérêt pour les Girondins dans la ville de Bordeaux. Sans oublier des points importants à prendre des deux côtés. Olivier Quint le souligne : Bordeaux vise haut, Nantes a besoin de « renouer avec la victoire, surtout à domicile avant d’aller à Lorient, pour aborder sereinement les fêtes et l’année 2015. » Autrement dit : chez eux, les Canaris veulent faire la fête. Surtout aux Bordelais.
Par Côme Tessier