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Qui es-tu Nicolas Holveck, le nouveau président du Stade rennais ?

Par Clément Gavard
Qui es-tu Nicolas Holveck, le nouveau président du Stade rennais ?

En milieu de semaine, Nicolas Holveck a officiellement enfilé le costume de président exécutif du Stade rennais, plus d'un mois après le départ d'Olivier Létang. Dans le monde du foot depuis plus de vingt ans, entre Nancy et Monaco, l'homme de 48 ans s'impose comme une excellente pioche pour le club breton.

Ceux qui l’ont connu sont unanimes : Nicolas Holveck est quelqu’un de discret. Un homme terriblement compétent, mais un homme de l’ombre. Ce qui ne l’a pas empêché de prendre (un peu) la lumière en milieu de semaine, en revêtant officiellement le costume de président exécutif du Stade rennais, plus d’un mois après le départ surprise d’Olivier Létang et une dizaine de jours après avoir quitté son poste de directeur adjoint de l’ASM. Ironie du sort : le dirigeant de 48 ans commence sa nouvelle aventure confiné à la Turbie, dans les Alpes-Maritimes, loin des bureaux de la Piverdière et sans avoir encore pris ses marques dans la capitale bretonne. Peu importe la crise sanitaire, Holveck est prêt depuis plusieurs semaines : le nouvel homme fort de Rennes a déjà rencontré la famille Pinault et pu discuter avec Julien Stéphan. La preuve que son arrivée dans l’organigramme du SRFC était devenu un secret de polichinelle.

Pas très connu du grand public, le nouveau boss jouit d’une excellente réputation dans le milieu et ressemble à une bonne pioche pour les Rouge et Noir. « Il a largement les épaules pour assumer ce nouveau rôle à Rennes, assure Pablo Correa, qui l’a longtemps côtoyé à Nancy (2002-2011 et 2013-2014). Il arrive dans un club structuré, il va pouvoir se concentrer sur certains secteurs et manager comme il sait très bien le faire. » En attendant de trouver un directeur sportif – Florian Maurice est en pole position -, le président rennais a déjà pu faire la tournée des médias pour dessiner les contours du projet, affirmer son ambition et afficher son excitation. « Ma plus grande fierté, c’est d’avoir été choisi par la famille Pinault pour gérer l’un de leurs actifs, pose-t-il dans Ouest-France. J’avoue qu’avoir eu la chance de les rencontrer, ça m’a donné encore plus envie de rejoindre le club. Très peu de clubs auraient pu me donner cette envie, et très sincèrement, Rennes correspond complètement à la personne que je suis. »

Ski, stage et promotion

Pourtant, Nicolas Holveck n’était pas forcément destiné à faire carrière dans le milieu du foot. Né à Épinal, il se passionne surtout pour le ski et le triathlon, deux sports dans lesquels il paraît qu’il excelle. Pablo Correa rembobine : « Il aimait beaucoup aller skier, il allait aussi aider ses parents, car ils avaient une petite affaire dans les Vosges si je me souviens bien. Et il adorait courir, c’était un passionné. Mais une fois que son travail a commencé à lui prendre beaucoup de temps, il a dû abandonner un peu tout ça. » L’histoire débute en 1997 : Holveck débarque à l’ASNL comme stagiaire après avoir passé une maîtrise en finances à l’université de sciences économiques de Nancy et obtenu un master en management du sport à l’ESC Marseille. Le garçon n’a pas encore 30 ans, mais il fait déjà ses preuves dans les bureaux situés au stade Marcel-Picot, au point de taper dans l’œil du président Jacques Rousselot.

Holveck est à l’écoute, dynamique, observateur et finit logiquement par gravir les échelons à Nancy, où il devient le numéro 2 et forme un trio complice avec Rousselot et Correa. Dans les coulisses, le Vosgien bluffe son monde, apporte sa fraîcheur et parvient à se faire une place dans le monde du foot. « C’était le plus jeune de ce trio, il apportait sa vision et ce qui était intéressant, c’est qu’il ne venait pas du foot, affirme Correa. Il a commencé à se rendre aux commissions, à participer à des réunions à la Ligue, il a fallu qu’il se fasse une place, ce n’est pas facile dans ce milieu ! Je pense qu’il s’est formé comme ça, sachant que le président a commencé à lui donner du temps, de l’espace, pour évoluer. » La machine est bien huilée. Et les trois hommes sont à la base de la période la plus faste de l’ASNL dans son histoire récente, entre le succès en Coupe de la Ligue en 2006 et les campagnes européennes de C3.

Sans en avoir le titre, Holveck travaille comme un président à Nancy, où Rousselot lui donne de plus en plus de responsabilités. Il gère les contrats, touche au mercato, discute de la politique sportive du club et prend même le temps de tisser des liens avec les clubs amateurs de la région. À commencer par le SAS Épinal, le club de sa ville natale. « J’ai rencontré beaucoup de présidents, mais sans aucune flagornerie, je n’ai jamais eu une qualité d’écoute et de considération sincère comme je l’ai eu avec Nicolas Holveck, estime Stéphane Viry, ancien président d’Épinal et désormais député LR de la 1re circonscription des Vosges. C’est quelqu’un de très fiable. Et il a su se faire respecter, se faire remarquer, sans en faire des caisses. » Après 17 ans passés à Nancy, le surdoué devait bien finir par quitter le nid.

L’appel du Rocher

Il faut poser le cadre : un an après une relégation inéluctable, l’ASNL termine la saison 2013-2014 au pied du podium en Ligue 2, et Monaco, vice-champion de France, toque à la porte du quadragénaire. L’heure est venue pour Holveck de couper le cordon. « Je me souviens qu’il m’appelle pour me dire qu’il s’en va, se remémore Correa, de retour sur le banc nancéien depuis l’automne. Je me suis dit : « Merde, je viens d’arriver et il s’en va. » Il faisait partie du projet, c’était un homme de confiance sur lequel je pouvais m’appuyer… Je me suis même retrouvé dans une position difficile, car certains salariés considéraient que je n’avais pas fait grand-chose pour le retenir. » Les mots ne suffisent pas, Holveck ne peut pas laisser passer une telle opportunité et se décide à quitter le club dans lequel il s’est construit. Au moment de partir, le Vosgien verse quelques larmes et laisse surtout un grand vide derrière lui. Lors de son pot de départ, Correa fait part de son inquiétude à voix haute : « Le président avait fait un discours, je m’étais contenté de dire deux ou trois phrases et j’avais lancé que le bateau allait peut-être tanguer, car je connaissais l’importance de Nicolas. Et si le club est remonté en Ligue 1, le bateau a quand même fini par tanguer… »

Loin de Nancy, Holveck découvre un club d’une tout autre dimension. Arrivé comme directeur général adjoint en charge de l’administratif, il séduit cette fois les décideurs de l’ASM et voit Vadim Vasyliev, vice-président de Monaco, élargir son champ de compétences au sein du club. Au-delà du côté institutionnel, celui qui admire Sir Alex Ferguson se mêle aussi du sportif, participant aux négociations de transferts et aux discussions sur la prolongation de contrat. « Cette expérience à Monaco lui a forcément servi, explique Correa. À Nancy, vous avez un plafond. Et là, il a pu côtoyer des très grands clubs européens, il a rencontré des gens importants, il s’est fait un vrai carnet d’adresses. » Comme à l’ASNL, Holveck vit les récents succès de Monaco (le titre de champion de France, les épopées en C1) de l’intérieur, avant de voir son aventure sur la Côte d’Azur prendre un nouveau tournant. En février 2019, son ami Vasilyev prend la porte et l’arrivée d’Oleg Petrov entraîne une réduction de ses prérogatives. « Ces derniers mois l’ont aussi fait grandir, atteste Correa, qui échange encore régulièrement avec celui qu’il considère comme un ami. Il m’a dit qu’il avait souffert de la situation après le départ de Vadim. Il y a eu ce changement, une nouvelle politique et il a un peu été mis en retrait. » En posant ses valises à Rennes, Holveck poursuit son parcours sans faute.

Rennes, la nouvelle marche

À écouter ceux qui connaissent le bonhomme, il est plus facile de lui trouver des qualités que des défauts. Holveck est très fiable, diplomate, ne compte pas ses heures et laisse généralement un excellent souvenir partout où il passe. « Je suis ravi pour Nicolas et je pense que Rennes a fait le bon choix, sourit le député LR Stéphane Viry. J’imagine qu’avec la structure du SRFC, l’actionnaire majoritaire n’a pas forcément envie de faire de l’opérationnel et je vois bien le schéma nancéien se remettre en place. » Pablo Correa acquiesce : « Pour tout vous dire, je ne savais même pas quel était son titre exact à Nancy. C’était une sorte de président. Ce n’est pas parce qu’il est discret qu’il ne prend pas de décisions, il sait très bien le faire. À l’ASNL, il a vécu comme un président, donc il est prêt pour assumer ce rôle à Rennes. » Dans le sillage d’Olivier Létang, dont il est proche, Holveck rêve de commencer son mandat en Bretagne avec une place historique sur le podium en fin de saison – à condition qu’elle puisse se terminer -, et pourrait se distinguer de son prédécesseur en prenant moins de place en public comme en privé. « Il ne s’agit pas de faire la révolution au club, il y a énormément de compétences au club, promet-il dans L’Équipe. Le management, me disait Jacques Rousselot à Nancy, c’est réussir des choses extraordinaires avec des gens ordinaires. » Le discours est posé, place à la méthode.

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Nancy récupère le trône du National, Châteauroux reste lanterne rouge
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Par Clément Gavard

Propos de Pablo Correa et Stéphane Viry recueillis par CG.

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