- Équipe de France Espoirs
Qui es-tu Lucas Hernandez ?
Nouvel arrivant au sein de l'équipe de France espoirs, Lucas Hernandez était du voyage à l'Euro U19 2015. Mais s'il est familier de la DTN française, peu sont ceux qui le connaissent en France étant donné qu'il a appris le football à l'Atlético de Madrid depuis ses onze ans. Portrait d'un déraciné qui ne voit son avenir qu'en Bleu.
Pendant le mercato d’hiver, il aurait aimé s’aguerrir en prêt à Saint-Étienne, histoire d’obtenir un temps de jeu – que la concurrence à l’Atlético de Madrid lui interdisait – et aussi de mieux se faire connaître en France. Puis, à la faveur d’une vague de blessures dans la défense des Colchoneros, il a pu troquer les matchs de réserve avec ceux de la Liga : Eibar en février, la Real Sociedad et Valence en mars. Et même un match de Ligue des champions contre le PSV Eindhoven – avec une qualification pour les quarts à la clé – alors qu’en décembre, il exerçait en Youth League. S’il reste sur une défaite lourde de conséquences contre le Sporting Gijón (1-2), Lucas Hernandez n’en garde pas moins la satisfaction de s’être fait une petite place dans les plans de Diego Simeone cette saison, après avoir commencé à tutoyer le groupe pro durant la pré-saison. En Espagne, on le voit déjà comme un futur international français et comme le « Jefazo » , le big boss de la défense de l’Atlético. Mais, comme Aymeric Laporte aujourd’hui, sa réputation outre-Pyrénées n’a d’égal que son anonymat dans l’Hexagone.
Il a refusé les U17 espagnols
Pourtant, ce défenseur central polyvalent – il peut dépanner à gauche de la défense – est issu d’une famille que le football français connaît bien. Son père, Jean-François Hernandez, a effectué de nombreuses saisons pros avec Toulouse, Sochaux et l’Olympique de Marseille avant d’aller faire fructifier ses qualités défensives en Espagne. Notamment à l’Atlético de Madrid, où ont atterri ses deux fils, Lucas et Théo. C’est lors de l’essai de ce dernier (actuellement en U18 français) que l’aîné s’est fait remarquer, alors qu’il jouait sur le bord des terrains avec un autre frangin de joueur en test.
Il avait seulement onze ans, mais les éducateurs madrilènes ne l’ont pas laissé repartir. Depuis, le solide gaillard aurait coupé les ponts avec son géniteur, et même s’il en a hérité la vocation défensive, il n’a pas perdu de vue ses origines. Alors que l’Espagne l’a approché pour intégrer les U17, il n’a jamais voulu porter d’autres couleurs que celles de l’équipe de France, qu’il a représentée lors du dernier championnat d’Europe U19. Il échouera en demi-finale contre son pays d’adoption. Avec les Espoirs qu’il rejoint pour la première fois, il pourrait composer avec Aymeric Laporte une paire 100% Liga. Pourtant, leur association paraît peu probable car les deux centraux sont gauchers.
La trouvaille de Diego Simeone
Pour les observateurs espagnols, il ne fait cependant nul doute que le jeune défenseur de l’Atlético fera au moins aussi bien que son aîné de Bilbao. À 19 ans, il affiche déjà le profil d’un défenseur complet – athlétique, intelligent, propre techniquement – avec un mental de vainqueur. En janvier 2015, il avait ainsi tenu la baraque – dans un poste d’arrière gauche qui n’a pas sa prédilection – face à l’armada offensive du Real Madrid et notamment son buteur vedette Ronaldo, qui avait remplacé James Rodríguez dans la dernière demi-heure.
Une capacité à répondre présent qu’il a confirmée contre le FC Valence le 6 mars – victoire 3-1 des Matelassiers à Mestalla – en remplaçant au pied levé l’Uruguayen Godín, victime de troubles gastriques. L’enjeu est désormais de trouver l’équilibre, entre apprendre auprès de ces joueurs confirmés, Godín, Giménez, Savić, et gratter suffisamment de temps de jeu – voire de leur piquer leur place – pour continuer à progresser. A priori, le Français ne part pas battu d’avance vu qu’en Espagne, il est considéré comme l’une des « trouvailles » de Diego Simeone, qui est allé le chercher dans les équipes de jeunes de l’Atlético, il y a déjà plus de deux saisons. Or, on a connu des techniciens au regard moins avisé que celui de l’Argentin.
Par Nicolas Jucha