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Qui es-tu, l’échange de maillot ?

Par Paul Piquard et Raphael Gaftarnik
Qui es-tu, l’échange de maillot ?

Sorti à la mi-temps du match de Ligue des champions face au Real Madrid, Mario Balotelli a provoqué l'émoi des supporters des Reds en échangeant son maillot dès la pause avec Pepe. Une pratique pourtant répandue et qui a fait son trou au fil du temps. Entre collections et souvenirs.

Il est sale, il suinte et dégage l’odeur peu appréciable de l’effort. Les 90 minutes pendant lesquelles il a supporté les mouvements, les chocs, les tacles, le gazon le rendent pourtant particulier. Presque enviable. Porté, le maillot de football est une pièce rare. Pour les collectionneurs anonymes et avides de ces reliques, mais aussi pour ceux qui s’y sont frottés au cours de la partie : « Donne-moi ton maillot, je te donnerai le mien. » Devenu coutume, l’échange de tenue participe désormais d’un rituel qui s’observe à la mi-temps ou en fin de rencontre entre adversaires d’un soir. Et qu’il témoigne d’un certain respect entre footballeurs ou d’un simple désir de conserver un souvenir, le geste reste chargé de symbole. Des symboles précieusement conservés au fond des placards ou des caves de ces footballeurs fétichistes de la liquette.

Souvenirs, souvenirs

Mais pourquoi diable les joueurs sont-ils si friands d’échanges de maillots ? Pour Grégory Tafforeau, ancien cadre du LOSC, la réponse est simple : « Au-delà de remplir les placards, c’est plus une question d’avoir un souvenir d’un match en particulier. C’est marrant, quelques années après, de retrouver un maillot et de se dire « tiens, c’est le match où il s’est passé ça. » Taulier du PSG des années 90, Vincent Guérin évoque, de son côté, l’attachement particulier à certaines tenues : « L’occasion de collectionner des tenues, cela fait aussi partie du rêve infantile. Quand on est gamin, on idolâtre des équipes, des joueurs, des tenues, des couleurs… il y a plein de choses. Après, il y en a qui veulent des maillots particuliers de certains joueurs. » En effet, en boutique comme sur le terrain, certains maillots sont évidemment plus prisés que d’autres. Dès lors, facile de deviner celui qui doit gérer le plus de demandes cette saison pour l’ancien capitaine des Dogues : « J’imagine que sur les matchs de cette saison, le maillot d’Ibrahimović doit être pas mal demandé. » Dans ce cas précis, mieux vaut anticiper le coup, et se fier au célèbre credo premier arrivé, premier servi : « Je pense qu’il y en a beaucoup qui tentent leur chance avant que le match ait commencé (rires) » , conclut-il. Une pratique récente et répandue, que n’a pas connue l’ancien milieu relayeur des Bleus : « À notre époque, je n’ai jamais entendu parler d’un accord tacite pour échanger le maillot à la fin du match. Contre le Milan AC, j’ai échangé avec Albertini parce qu’on était côte à côte au coup de sifflet final. C’est l’occasion qui fait le larron. Je n’ai jamais couru 50 mètres pour avoir un maillot particulier. » Surtout, nombreux sont les cas où le joueur d’en face peut refuser d’échanger sa liquette, que ce soit en raison d’une promesse déjà faite, ou à cause de la déception inhérente à la défaite. Plus rare, la consigne du coach existe également, à l’instar de Neil Lennon qui, en conférence de presse avant l’affrontement entre le Celtic Glasgow et le Barça en Ligue des champions il y a deux saisons, avait été clair : « Tous ces préparatifs concernant l’échange de maillots en fin de match n’a pas de sens. Je ne veux pas que mes joueurs soient mêlés à ça. Dans le tunnel menant au terrain, je veux que mes joueurs regardent droit devant. »

Le musée des bonheurs

Mais au club, une personne chérit encore plus les maillots que les joueurs eux-mêmes. L’intendant du club, qui prépare minutieusement matériel et tenues pour ce beau monde, pose parfois ses limites : « Je me souviens qu’il pouvait râler parce que quand un joueur échangeait ses deux maillots, cela faisait un trou dans le jeu complet. Il faut le tenir un peu au courant pour savoir si on peut ou non échanger son maillot sur ce match-là » souligne Greg Tafforeau qui, à l’époque, ne disposait que d’un package de dix maillots offerts par le club, au-delà desquels il les prenait à sa charge. Mais l’intendant lui a aussi rendu quelques services : « Personnellement, j’avais l’interdiction donnée par ma femme de ramener des maillots trempés de sueur, ne sentant pas très bon ! (rires) On les récupérait le lendemain du match, après que l’intendant avait lavé les équipements. » . Vincent Guérin est, lui, resté plus méfiant au moment de confier ses pépites au maître des maillots : « Surtout pas ! On les planque dans son sac car on ne veut pas se les faire chiper ! On les garde précieusement, et on les lave à une température assez basse pour éviter qu’ils rétrécissent. Chez moi, j’ai une valise de maillots. J’ai échangé tellement de tenues durant ma carrière… » Au moins, tous deux ont eu la chance de se voir octroyer le droit d’échange. Cet été, lors du Mondial, l’équipe nationale iranienne s’est vu interdire par la Fédération de le faire, en raison du manque de tenues à disposition. Une prohibition qui empêche les Perses de concurrencer la collection de Vincent Guérin : « Il y a des collectors (rires) ! J’ai un maillot de la DDR, l’ancienne Allemagne de l’Est, et cela a été un peu la croix et la bannière pour l’échanger à l’époque. C’était avant la chute du mur de Berlin, et pour eux, c’était très compliqué. Donc on avait dû un peu se cacher dans le couloir pour se le donner. C’est un maillot un peu fétiche, qui sort de l’ordinaire parce qu’il n’existe plus. » Chez Greg Tafforeau, ceux de Giggs et Rooney ont les faveurs sentimentales de l’ancien défenseur nordiste. À grands joueurs, grand respect du maillot ? Parfois oui. Mais Vincent Guérin pose une dernière limite au respect de la tunique : « Un jour, j’ai échangé mon maillot avec Cocu, lors d’un France – Pays-Bas. Je n’avais pas fait attention, et quand j’ai vu le nom derrière, j’étais dégoûté (rires) ! Du coup, Lizarazu me l’a échangé contre le maillot de Jaap Stam ! » L’amour d’un maillot ne tient parfois qu’à quelques lettres.

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