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Qui en veut au FC Barcelone ?

Par Robin Delorme, en Espagne
4 minutes
Qui en veut au FC Barcelone ?

Si le Real Madrid fait une fixette sur la « Decima », au FC Barcelone, l'expression à la mode est « Mano Negra ». Depuis l'interdiction de recrutement infligée par la FIFA, les théories du complot vont bon train en Catalogne. Rien de mieux pour ressouder un club avant une fin de saison chargée.

C’est un « oui » . Avec 72,36 % des suffrages, c’est par l’affirmative que les socios ont répondu au référendum sur la rénovation du Camp Nou. Entre 2017 et 2021, quelque 600 millions d’euros vont être injectés dans le projet « Nou Espai Barça » ou « Nouvel Espace Barça » en VF. « Un pas de géant vers l’excellence de ce club » , a commenté Josep Maria Bartomeu, un président soulagé. Car plus qu’un stade, le référendum était un vote de confiance déguisé envers le président du FC Barcelone et sa Junta Directiva. Non élu, car vice-président du démissionnaire Sandro Rosell, Bartomeu craignait un rejet massif de socios écœurés par la légion d’affaires qui éclaboussent le Barça cette saison. À la louche, le Caso Neymar, le contrat de Messi, le transfert de David Villa et dernièrement l’interdiction de recrutement de la FIFA… À l’arrivée, c’est toute une famille qui a décidé de se serrer les coudes. Autour d’une théorie du complot : on en veut au FC Barcelone. Dénonciations anonymes et paranoïa Il faut dire, depuis l’été dernier, le FC Barcelone vit au rythme des scandales qui se succèdent sans interruption. Des affaires toutes plus grosses les unes que les autres. Les résultats de l’équipe, le jeu déployé et les choix de Tata passent presque au second rang face à l’équipe de direction incompétente, à la limite de passer pour un cercle mafieux. Les déboires de l’affaire Neymar auront eu la peau d’un Sandro Rosell poussé à la démission. La justice espagnole n’a, elle, pas jeté l’éponge dans l’affaire des impôts de Messi, le Barça tentant toujours de trouver un accord à l’amiable avec le fisc local pour éviter un procès. Depuis, des soupçons de fraudes sur le transfert de David Villa à l’été 2010 ont vu le jour. Bref, de quoi offrir du travail aux avocats de la maison blaugrana pendant quelques années. Point d’orgue de ce capharnaüm, la nouvelle bombe lâchée au-dessus du Camp Nou il y a une semaine : la FIFA interdit de recrutement le FC Barcelone pour deux mercatos ! Autant dire que l’affaire provoque un tantinet plus d’émoi que la sanction infligée au FC Nantes. Dans le texte, « la commission de discipline de la FIFA a sanctionné la RFEF et le club espagnol du FC Barcelone pour des infractions relatives aux transferts internationaux et à l’enregistrement de joueurs âgés de moins de 18 ans » . Le branle-bas de combat est sonné, la sacro-sainte Masia est touchée. Le Barça dégaine communiqués de presse et conférence de son président. Et Bartomeu de s’interroger sur les volontés de la Fifa : la décision aurait été prise il y a déjà quatre mois, pour n’être officialisée qu’à quelques jours d’un référendum… Cette sanction de la FIFA ravive une paranoïa quasi historique. « Le Barça a toujours été dans la posture « d’une équipe victime ». Lorsque le Real Madrid a gagné de nombreuses Ligas, le Barça trouvait que l’arbitrage portait préjudice au club. Un corps arbitral qui n’était autre que celui du régime de Franco » , éclaire Ivan San Antonio, journaliste au quotidien pro-azulgrana Sport. Son journal, justement, fera sa Une sur cette paranoïa, « La Mano Negra » .

« La Masia no se toca » , un cri du cœur Au sein du Barça, « on suppose qu’une personne ou qu’un groupe de personnes veulent porter atteinte au club » , poursuit ce même journaliste : « Tous les moyens sont bons pour déstabiliser le club. Tout ce qui pouvait être fait pour nuire au Barça a été fait, que ce soit sportivement ou économiquement. La Mano Negra se réfère à ces dénonciations qui sont anonymes. » C’est bien là le plus étonnant, selon la presse pro-barcelonaise, la FIFA aurait donc ouvert son enquête sur de telles dénonciations. Qu’une organisation, corrompue jusqu’à l’os, donne des leçons de légalité au Barça, c’est trop. « Là où le cas de la FIFA est encore plus étrange, c’est que la Fédération internationale n’a fait des investigations que sur le Barça. Et très franchement, ce n’est pas le seul club à fonctionner ainsi avec les jeunes » , rajoute Ivan San Antonio. En touchant la Masia, la FIFA a en tout cas resserré les liens de la famille barcelonaise. Samedi dernier, un grand tifo a même été déployé au Camp Nou : « La Masia no se toca » . Certes mise en place par la direction, cette bâche est claire : à Barcelone, on ne touche pas aux enfants. Sous peine de réveiller un monstre.

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