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Qui a volé Di Stefano ?

Par Thibaud Leplat
Qui a volé Di Stefano ?

Ce soir, le Real Madrid reçoit Los Millonarios de Bogota. 60 ans après, les Madrilènes invitent l’équipe qui leur a fait découvrir leur symbole, leur héros, leur obsession : Alfredo Di Stefano. C’est Florentino qui doit être content.

Le 31 mars 1952, le football, c’est autre chose : un résumé au ciné, des chroniques sur du papier, au mieux quelques retransmissions radiophoniques. À Madrid, c’est au nouveau stade de Chamartin (actuel Santiago Bernabeu) qu’il faut être pour en voir du vrai. Ce jour-là, le Real fête ses 50 ans et a invité les Millonarios de Bogota pour un tournoi à la gloire du club. Pendant quelques jours, les Sud-Américains viennent régaler la capitale espagnole de leur classe chaloupée. Les Latinos font danser le Real, 4-2. Parmi eux, Alfredo Si Stefano, jeune Argentin aux cheveux clairs et bouclés, plante 2 buts, 3 des 6 marqués par son équipe lors du tournoi. Dans les tribunes, le président Santiago Bernabeu et son bras droit Raimundo Saporta frôlent l’angine de poitrine. Pourtant, c’est le Barça qui l’a vu en premier et son émissaire Pepe Samitier peut se frotter les mains en pensant à son prochain attelage Kubala-Di Stefano. Un an plus tard, Di Stefano signe au Real. Le Barça ne s’en remettra pas. On le comprend.

Le rêve de Florentino

Florentino Pérez a organisé ce match pour le traditionnel annuel Trophée Santiago Bernabeu comme les gosses de riches organisent leur anniversaire. Le Real est son nounours, son objet transitionnel, ce qui le retient à son père : « Il a comme une fascination pour l’équipe de Di Stefano, raconte le journaliste Santiago Segurola, c’est une de ces obsessions infantiles qui affectent la personnalité de quelqu’un. » Le Real de Pérez, c’est le Madrid de Bernabeu, Di Stefano, Kopa, Didi, Puskas. Segurola reprend : « Perez a fait quasiment la même chose que Bernabeu an achetant année après année les plus grandes figures du foot : Figo, Zidane, Ronaldo et Beckham. Il copie le modèle comme un cadeau pour son père » . Ce soir, Perez sera comme un gosse. 60 ans après il sera dans le siège du président du club de son enfance. À sa droite, ou pas loin, il y aura la Saeta Rubia, celui dont les anciens disent qu’il était le plus grand de tous. Di Stefano est toujours de ce monde mais le Président d’honneur (titre inventé et décerné par Pérez) du club est déjà un mur porteur de la Maison Blanche. Di Stefano, c’est le Real avec des cheveux blancs et une canne.

Comme dans les cours d’école, rien n’est plus adoré que la perle chipée à son voisin. Le vieil Argentin est un symbole parce qu’il a bien failli être culé. C’est le Barça qui s’intéresse d’abord à lui et contacte River Plate, le club propriétaire. En septembre 1952, Kubala, la star du Camp Nou, est gravement malade (tuberculose). Il faut trouver une nouvelle star. Enrique Martí Carreto, le président du club, envoie Pepe Samitier chercher Di Stefano à Buenos Aires. Le Barça paie la moitié du montant (2 millions de pesetas) et ramène la Saeta à Barcelone. Mais Di Stefano ne fait rien comme les autres. Enfui de River pour aller jouer le mercenaire chez les millionnaires de Bogota, il est pris au milieu d’un sac de nœuds gordien. River est le propriétaire légal certes. Mais Bogota a aussi des droits sur le joueur jusqu’au 15 octobre 1954. Devinez qui est sur le coup ? Le Barça tente la ristourne de trop avec les Colombiens mais les Millonarios vendent leurs droits au Real Madrid. Di Stefano appartient aux deux clubs. Ça vous apprendra.

Le Figo des années 50

L’affaire Di Stefano, c’est un peu l’affaire Figo. C’est elle qui a tout changé et provoqué la chute du Barça et l’explosion du Real. Avant la Saeta Rubia, le Real n’a gagné que 2 Ligas (contre 6 pour le Barça). Après son arrivée, le Real gagne la moitié des championnats disputés et les cinq premières Coupes d’Europe. Quand, au Barça, Kubala ressuscite au printemps 53, Di Stefano est déjà à Barcelone. Enfermé dans son hôtel, personne ne vient le voir pour lui dire que le Hongrois lui a volé la vedette. Encombré de sa perle à demi-achetée, le Barça la propose à la Juve. Si l’affaire Figo était une affaire d’argent, l’affaire Di Stefano est une question de prestige et donc de politique. Le régime franquiste s’en mêle alors et force un accord entre les deux rivaux qui entachent la réputation du pays, en quête de respectabilité. Pour les uns, il s’agit d’un accord à l’amiable (2 ans dans chaque club, le Real rachètera au Barça les deux années restantes). Pour d’autres, l’arbitre est partisan (Martí Carreto parle de pressions sur ses affaires à l’étranger). Soixante années plus tard, le « vol » de Di Stefano est l’un des mythes fondateurs de la haine barcelonaise contre l’oppresseur centraliste. Pour les Madrilènes, c’est le fondement de la grandeur historique du Real. Bref, ce soir c’est clasico.

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