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Qui a dit que Cavenaghi était gros ?
Rentré pour de bon chez lui, à River Plate, Fernando Cavenaghi vient de décrocher son quatrième titre de champion d'Argentine, le brassard autour du biceps. Traité de gros en début de championnat, l'ancien Bordelais a répondu par des buts et des abdos.
C’était le 15 décembre 2013. Rodolfo D’Onofrio remportait les élections et remplaçait Passarella à la présidence de River Plate. Pour faire table rase du (douloureux) passé récent et se mettre d’emblée les fans dans la poche, le businessman opte pour la stratégie « retour des héros » : Enzo Francescoli et El Beto Alonso l’accompagneront dans les bureaux, Ariel Ortega ralentira la boisson pour s’occuper des divisions inférieures, et Fernando Cavenaghi prendra le brassard de l’équipe première. L’ancien Bordelais venait de mettre fin à son aventure mexicaine au Pachuca pour renfiler ce maillot à bande rouge qu’il aime tant. Une troisième fois, pour le pire et le meilleur.
Idolo
Le pire, c’est l’épisode deuxième division, lors de la saison 2011-2012. Le club vit la page la plus sombre de son histoire et El Torito se dévoue pour faire le boulot en Segunda B, aux côtés de Trezegoal. Dix-neuf pions et une remontée plus tard, il s’embrouille avec Passarella et assure qu’il ne remettra pas les pieds à River tant que le double champion du monde sera en poste. Le meilleur, ce sont ses débuts : trois titres de champion en trois ans (tournois de clôture 2002, 2003 et 2004), un titre de meilleur buteur, un statut de grand espoir et beaucoup d’amour de la part des supporters. C’est que le bonhomme sait y faire : en plus de ses performances sur le terrain, Cavenaghi, vendu au Spartak Moscou en 2004 après 72 buts en 122 matchs avec le Millonario, profite de la coupure hivernale du championnat russe pour s’offrir un match dans les tribunes avec los Borrachos del Tablon, la barrabrava de River. Les critiques fusent (les Borrachos sont, comme toutes les autres barrabravas d’Argentine, une belle bande de mafieux), mais Cavegol s’en contre-fout : « J’ai toujours voulu le faire. Ce n’est pas eux qui m’ont demandé de le faire, c’est moi qui ai appelé la barra pour qu’ils me prennent avec eux ce jour-là. C’était une super expérience. »
« Quand tu gagnes, tu es maigre, quand tu perds, tu es gros »
Les critiques, Cavenaghi fait avec. Sa troisième étape à River ne débute pas fort. L’équipe de Ramón Díaz patine et son capitaine trouve rarement le chemin du but. Résultat : on le traite de gros. « Ça m’énerve que l’on parle sans savoir. Quand tu gagnes, tu es maigre, quand tu perds, tu es gros. » Vexé, Fernando se rebiffe. Et les résultats suivent. River prend des points, remporte le Superclásico à la Bombonera et commence à proposer un semblant de jeu, avec des bons latéraux (Mercado et Vangioni) qui débordent et centrent, avec un meneur de jeu (Lanzini) qui régale et un trio colombien (Balanta, Teo Gutiérrez, Carbonero) efficace. En pointe, Cavenaghi joue juste et marque des buts : 8 dans le Tournoi final, dont deux pénos et six dans les 5m50. Dimanche dernier, dans un Monumental euphorique, l’ancien Girondin plante un doublé et offre le titre à un club, son club, revenu de l’enfer. Après son deuxième but, il enlève son maillot et fait une Balotelli. Pas de quoi l’appeler Flaco, mais les abdos sont là :
« Je voulais montrer que je suis en forme physiquement. » Heureux comme tout, Cavenaghi ne compte pas en rester là. Les objectifs à River ne manquent pas : marquer son 100e but (il en est à 99) avec son club formateur, remporter la Copa Libertadores la saison prochaine, et rapatrier quelques gros poissons pour y arriver. Cambiasso, Aimar et Demichelis, par exemple. « C’est comme ça, je suis destiné à marquer l’histoire avec ce club. »
Par Léo Ruiz, à Buenos Aires