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Qu’est-ce que Brandao pourrait apporter aux Bleus ?
« D’ici un mois, je serai français. Je dois profiter de cette opportunité. » Arrivé dans l’Hexagone en 2009, Evaeverson Lemos da Silva, aka Brandão, pourra bientôt postuler une place chez les Bleus de Didier Deschamps. L’occasion de faire le bilan de ce que le Stéphanois apporterait dans le groupe France. Tout en coups de coude et en contrôles du dos, évidemment.
Une connaissance du terrain
Même s’ils sont plus Favela Chic que Favela de Zé Pequeno, les Bleus vont avoir besoin d’un guide au Brésil. Derrière ses airs de footballeur est-allemand et malgré son éducation sportive tardive en Ukraine, du côté de Donetsk, Brandão est bel et bien un enfant du pays. Un mec qui a joué de la pagode sur un campus universitaire dans lequel il étudiait la biologie. Un footballeur tardif qui tapait le ballon avec son père et les vétérans du Presidente Prudente. C’est d’ailleurs sur ces terrains endommagés qu’Evaeverson a hérité du surnom « Brandão » , littéralement « celui qui allume le feu » . « Disons que tactiquement, ce surnom nous permet d’éviter un hymne de Johnny Hallyday » explique Didier Deschamps lors de la conférence de presse post-liste. « Et puis une Coupe du monde, c’est plus que du football. J’ai envie que les joueurs s’imprègnent de l’environnement. Il sera notre Corcovado. Notre Christ Rédempteur. » Et la Brandade prend son rôle à cœur. Après avoir montré les vices de Rio de Janeiro à ses nouveaux partenaires, le Stéphanois, posé sur un piédestal et maquillé en statue de pierre, trône au milieu du lobby de l’hôtel des Bleus pour valider la qualité des prises des joueurs de l’équipe de France. « Tu peux toucheo » / « Tu ne peux pas toucheo » . L’homme décisif du séjour.
De la grinta et du jeu dos au but
Brandão a commencé le football en club à 18 ans. C’est peut-être un détail pour vous, mais au fond, ça veut dire beaucoup. Ça veut dire qu’il est libre, qu’il est heureux malgré tout, mais ça explique aussi quelques maladresses. « Sa priorité, ce ne sont pas ses statistiques personnelles, mais celles de l’équipe. C’est un joueur d’entraîneur, pas de public » , évoquait d’ailleurs Mircea Lucescu à son sujet. En somme, dans un profil tout à fait différent de Karim Benzema, Brandão peut apporter à l’équipe de France. Son pressing de tous les instants et sa capacité à peser sur les défenses pourraient permettre à Ribéry, Valbuena ou Griezmann de jouer de bons ballons de contre. Sa ténacité et son aptitude à marquer quand on ne l’attend plus enlèveraient bien des épines des pieds bleus dans les matchs tendus. Et puis Brandão, c’est aussi et surtout un joueur qui peut vous envoyer en quarts de finale sur un contrôle du dos après un dégagement du gardien. Un joueur qui va rendre fous les adversaires. La France pouvait avoir Higuaín, mais Didier Deschamps voulait Diego Costa, alors il a pris Brandão.
Un peu de sensibilité
Un jour, un passage de la Bible partagé à ses followers. Brandão est un homme apaisé. Un type tout en musique, en pas de danse et en nature. « La vie change toujours de direction. Elle est comme les nuages. Un jour ici, un jour ailleurs » , philosophait-il dans les colonnes de Libération. Au fond, Brandão, c’est la fameuse brute au cœur tendre, celle qui chiale volontiers sur Cat Stevens après un chagrin d’amour. « C’est un gars différent de ce que l’on voit habituellement dans le football. Pour lui, le foot est une passion mais le monde ne s’arrête pas là » , évoquait d’ailleurs son ancien coach Mircea Lucescu. Il faut dire qu’à son arrivée en Ukraine, à 21 ans, l’enfant du Brésil n’en menait pas large. Dépression, larmes et coups de mou. C’est donc pagode en main, autour d’un feu de camp – pas celui de l’Île de la tentation de Céline Géraud et de Brandon, un autre – que Brandão conte ses histoires à ses 22 coéquipiers. Touchés par l’histoire du Brésilien, les Bleus sont gonflés à bloc mentalement et régalent lors du Mondial. Merci à la Diva en crampons et sa saudade.
Une Coupe de la Ligue
Pitch et PMU ont la Coupe de France, Brandão a la Coupe de la Ligue. Cette compétition, c’est son dada. Il n’y a perdu qu’un match. « Je connais les qualités de Brandão. Je pense qu’en cas d’élimination précoce, il peut nous faire gagner la Coupe de la Ligue de Copacabana » , se justifie Didier Deschamps devant la presse. Battus par la Suisse et tenus en échec par le Honduras, les Bleus quittent la compétition la tête basse, mais dans les vestiaires, Brandão ne faiblit pas : « Les gars, grâce à Deus, il y a un tournoi sur le plage. Et merci à Deus, vous êtes tous forts. Je pense que Deus nous a éliminés pour qu’on gagne ce tournoi. » Grâce à Diaw, Tony Parker se joint à l’équipe de France pour ce tournoi les pieds dans le sable. Pas Joakim Noah. Frédéric Thiriez met sa moustache en soute pour le déplacement et Souley Diawara, l’autre homme de la Coupe de la Ligue, se joint également à lui, mais pour d’autres raisons que la raison ignore. Désireux de gagner un titre et prévenu par Lizarazu et Christian Jeanpierre, Arsène Wenger envoie une équipe pour le tournoi et force Laurent Koscielny à délaisser les Bleus pour jouer avec les Gunners sur la plage. C’est con, parce que dans les ultimes instants de la finale face aux Bleus, Laurent fauche Brandão dans la surface. Franck Ribéry fait ce geste fou du « petit tas de sable » au beach soccer, s’élance et trompe Szczęsny. Nouvelle victoire en Coupe de la Ligue pour la Brandade.
Par Swann Borsellino