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Quels espoirs peuvent taper à la porte des A ?
L'équipe de France espoirs est communément l'étape qui précède une arrivée en A. Mais parmi les Bleuets, tous ne deviennent pas des Bleus en puissance. Dans le groupe actuel, qui peut espérer à terme une présence chez les A ?
Gardiens
La relève n’est pas encore prête
Il y a un an et demi, quand Monaco l’a recruté à Nancy, Paul Nardi était considéré comme l’un des plus grands espoirs français au poste de gardien de but. Et forcément un futur international. À 21 ans, son avenir n’apparaît plus aussi évident malgré une présence en équipe de France espoirs comme gardien remplaçant. Car en un an, le « grand espoir du football français » , dixit Vadim Vasilyev a stagné : une saison imparfaite en prêt en Lorraine, puis un retour à Monaco avec le statut de doublure de Danijel Subašić. L’ASM songe à recruter un concurrent pour le Croate, moins régulier cette saison. Ce qui atteste que Nardi, aucun match de Ligue 1 dans les gants, n’a pas encore ce qu’il faut pour faire son trou au plus haut niveau. Presque un an plus jeune que le Monégasque, Mouez Hassen enchaîne à Nice depuis plus d’une saison, avec une quarantaine d’apparitions au plus haut niveau. International depuis les U16, l’Aiglon franchit les paliers doucement mais sûrement, et apparaît dans l’actuel groupe espoirs le plus à même d’intégrer un jour les A. Car Mike Maignan a beau être une mini-révélation du début de saison, deux penaltys arrêtés en Ligue 1, c’est encore trop peu pour attester d’une future grande carrière. Mais pour les gardiens, tout peut aller très vite dans un sens comme dans l’autre…
Défenseurs
Zouma déjà là, Laporte en salle d’attente
Si Kurt Zouma a déjà goûté aux A, Aymeric Laporte est a priori le prochain à l’imiter. Reste à savoir si ce sera pour la France – où Didier Deschamps continue de le juger trop juste même s’il le suit – et l’Espagne – où Vicente del Bosque lui a tendu une perche. Le Basque donne sa priorité aux Bleus, même si son tweet après l’annonce du rappel de Loïc Perrin pour combler le forfait de Mamadou Sakho chez les A a généré un début de doute. À huit mois de l’Euro, Laporte reste un candidat pour les 23 Bleus avec près de 100 matchs de Liga, 20 de compétitions européennes et quelques oppositions avec le Real Madrid ou le Barça. Sans compter une soixantaine d’apparitions en équipes de France de jeunes… S’il n’est pas impatient et continue d’accumuler de l’expérience à San Mamès, il visitera l’étage supérieur, peut-être même pour la prochaine Coupe du monde en Russie. Pour le reste, c’est surtout au poste de latéral gauche que la relève semble assurée : de Jordan Amavi ou Benjamin Mendy, difficile d’imaginer qu’aucun des deux ne profite de l’appel d’air généré par la future retraite internationale de Patrice Évra. À moins que l’Ulissien ne décide d’honorer le maillot national jusqu’à 45 ans. Amavi est titulaire à Aston Villa après l’avoir été à Nice, Mendy est l’un des rares joueurs de l’OM à surnager cette saison. Ce qui laisse à penser qu’on les verra dans un très gros club d’ici quelques saisons, et donc qu’ils seraient capables de contester Lucas Digne ou Layvin Kurzawa.
Milieux
Rabiot attend son heure
Certains diront qu’il est une évidence, d’autres qu’il est surcoté. Adrien Rabiot ne laisse pas indifférent et quoi qu’on en dise, il est le plus gros potentiel français chez les U21 avec Anthony Martial et Kingsley Coman, déjà chez les A. Sa performance contre le Real Madrid en Ligue des champions laisse à penser qu’il est sur la bonne voie, et surtout, qu’il est capable de briller dans de gros matchs. Reste à croiser les doigts pour qu’il ne veuille pas griller les étapes et accepte de grandir en même temps que le PSG. Si l’on se base sur ses performances avec Monaco, Thomas Lemar pourrait être d’ici quelque temps un autre candidat crédible : un superbe pied gauche, une justesse dans le jeu et un culot qui lui a permis de se faire une place en Principauté dès septembre. Alors qu’il n’était qu’un remplaçant dans l’esprit de Patrice Garande à Caen. Derrière le Parisien et le Monégasque, Corentin Tolisso apparaît comme un autre A potentiel d’ici 2 ou 3 ans. Titulaire à Lyon depuis un an et demi, polyvalent, il est en train d’ajouter à son CV des matchs européens précieux pour passer un cap. Si le milieu des Bleus est aujourd’hui bouché, Blaise Matuidi, Moussa Sissoko ou Yohan Cabaye ne seront plus intouchables d’ici 2018. Excepté Vincent Koziello, peu d’autres Bleuets semblent pour le moment promis à un futur chez les A. Mais le Niçois, s’il a démontré depuis juillet une très grande intelligence de jeu, doit confirmer sur la durée pour se placer comme un vrai golden boy. À ce stade, il est devenu titulaire en Ligue 1, mais n’a pas encore honoré sa première cape en U21.
Attaquants
Haller après Martial et Coman ?
Du côté de l’attaque, les plus grands espoirs de la nation ont déjà été appelés à l’étage supérieur : Anthony Martial devrait aller à l’Euro, d’autant plus sûrement que Karim Benzema s’en éloigne, et Kingsley Coman a une vraie carte à jouer durant les matchs contre l’Allemagne et l’Angleterre. Derrière, ce n’est pas le désert, mais presque, tant les autres espoirs semblent un, voire deux crans en dessous des attaquants de Manchester United et du Bayern Munich. Sur un plan purement statistique cependant, Sébastien Haller apparaît comme une réelle promesse. Mis de côté à Auxerre en première partie de saison passée, il a retrouvé la confiance en Eredivisie via un prêt réussi à Utrecht. Dix-sept apparitions et onze pions plus tard, les Néerlandais l’ont définitivement acheté. À bon escient puisqu’en onze nouvelles titularisations, il a déjà planté huit fois, dont, certes, cinq sur penalty. Son efficacité dans la zone de vérité, que ce soit comme buteur ou passeur décisif – six depuis son arrivée aux Pays-Bas – n’est pas anodine et en fait un joueur à suivre pour une apparition chez les A s’il confirme dans un plus grand championnat. Dommage que son potentiel n’ait pas sauté aux yeux d’un club français.
Par Nicolas Jucha