- Euro 2016
- Quarts
- France-Islande (5-2)
Quels enseignements pour la défense ?
Des buts à la pelle, oui, mais quid de la défense ? Si toutes les raisons sont réunies pour s’enflammer sur l’attaque de l’équipe de France, sa principale faiblesse reste défensive. La preuve par trois : Umtiti, relance et jeu de tête.
Une fois à droite, une fois à gauche. Dans un match où les Bleus ont brillé par leur animation offensive, avec (enfin) du jeu en triangle et quatre buts en première période, soit une première dans l’histoire de l’Euro, la défense aura craqué à deux reprises. Deux actions sensiblement comparables, dans des domaines de jeu dans lesquels les Islandais s’étaient montrés timorés jusque-là et qui faisaient au contraire la force de l’équipe de France depuis le début de l’Euro : le jeu aérien.
La France a en effet encaissé ses deux premiers buts dans le jeu de la compétition, les deux précédents contre la Roumanie et l’Irlande ayant été marqués sur penaltys. Car oui, si l’attaque roule, la défense est peut-être l’unique bémol de ce quart de finale parfaitement maîtrisé face à l’Islande, et son principal enseignement : face à l’Allemagne, il faudra regarder derrière. Umtiti ne sera pas là (à moins que ?), Mangala non plus, mais Koscielny oui. Et heureusement.
Umtiti le timoré
Jean-Michel Aulas l’avait annoncé en début de rencontre avec la certitude souriante de l’homme fier de son poulain : « Umtiti va faire un grand match. Il aime la pression. Il a su prendre à Lyon l’expérience qui convient. » Au coup de sifflet final, force est de constater que le bonhomme a été bon… jusqu’au moment où il fallait défendre. Non sérieusement, sans être aussi sévère, Umtiti n’a jamais réellement pris de risques, se contentant de faire la passe à son compère Laurent quand il s’agissait de relancer le jeu français. Un match sans effectuer d’interventions décisives non plus, tout en étant fautif sur le premier but islandais, dépassé au marquage de Sigthorsson. Tout comme l’était d’ailleurs Évra avant lui, pas assez présent au marquage, et Dimitri Payet, pas vraiment concerné par le pressing. D’ailleurs, ce dernier s’est bien fait engueuler par Paul Pogba et la Dèche sur le coup. Un manque d’organisation que l’on peut imputer au relâchement ?
En parlant de Didier Deschamps, interrogé par Carine Galli au micro de M6, le discours public était d’inspiration positive. Un seul mot sur la défense, qu’il avouait bêtement prise à défaut : « J’ai fait des changements, c’est pas l’idéal. On n’a pas tout maîtrisé et on s’est un peu relâché en seconde mi-temps. » En offrant – un peu obligé – sa première en Bleu à Samuel Umtiti, le sélectionneur s’exposait effectivement à des mouvements moins confiants que ceux de Rami, mine de rien plus expérimenté. La preuve en chiffres : le néo Barcelonais a tout simplement réussi 100% de ses passes en touchant 77 ballons, avec trois interceptions et un schéma très (trop) latéral.
On va dire que Samuel Umtiti a au moins appliqué les consignes de prudence balle au pied de Didier Deschamps. pic.twitter.com/dhhxyVi0Ez
— Julien Momont (@JulienMomont) 3 juillet 2016
Changements pénalisants, certes…
Un point positif dans la mêlée : Koscielny n’a pas pris de carton jaune. Il sera donc présent face à l’Allemagne, et il faudra bien cela pour contenir une armada offensive autrement plus inquiétante que celle de l’Islande, auteur de 11 frappes dont 5 cadrées ce dimanche soir, quand même. Pas un hasard si après sa sortie pour Éliaquim Mangala, la défense a craqué une seconde fois. Sur un nouveau centre venu de l’aile. Alors que l’Islande n’avait jamais marqué de la tête depuis le début de l’Euro. Avec une défense décidément mal alignée, et un Évra bouffé au duel. Et encore, une chance que Mario Gómez soit forfait jusqu’à la fin de la compétition…
Évra a encore laissé ce soir trop d’espace dans son dos, tandis que Sagna a fait son match sur le côté droit, sans folie. À la Marcos Ceará. Le réel problème, donc, reste la relance, où Rami semblait avoir pris son importance avec plusieurs ballons en profondeur à l’origine de la déviation de Giroud et le second but de Griezmann face à l’Irlande, notamment. Matuidi et Pogba ont bien tenté, mais sans réelle réussite. Il ne faut pas oublier qu’un tel match reste difficile à analyser d’un point de vue défensif, tant les changements sur ce point ont été importants – et sans N’Golo Kanté. Mais une chose est sûre : les Bleus ont marqué 5 buts, mais on sait sur quoi Didier Deschamps mettra l’accent dans les prochains jours.
Par Théo Denmat