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Quelles prochaines folies pour le mercato niçois ?
Hatem Ben Arfa en 2015, Mario Balotelli en 2016, et maintenant Wesley Sneijder... L'OGC Nice s'est fait spécialiste dans la relance de stars du ballon rond sur le déclin. Ce n'est clairement pas de la chance, et ça peut continuer encore longtemps. La preuve.
31 août 2017 : Ben Arfa et Jesé sur la Promenade des Anglais
Le mercato d’été ferme ses portes dans trente minutes, mais Jean-Pierre Rivère n’est pas peu fier au moment de poser pour une photo destinée au compte Twitter de son OGC Nice. « Hatem et Jesé sont niçois #issanissa » . Dans la dernière ligne droite du mercato, les Aiglons ont négocié serré pour les prêts gratuits des deux Parisiens, totalement tricards dans la capitale où la signature de Kylian Mbappé a définitivement bouché leurs perspectives. Antero Henrique pense même avoir fait la bonne affaire avec une option d’achat à dix millions d’euros pour l’Espagnol. Pour HBA et son copain chanteur de raggaeton, c’est du petit lait. Nice a arraché sa qualification pour la Ligue des champions sur une lucarne de Wesley Sneijder à la toute fin des arrêts de jeu du match retour contre Naples. L’exercice 2017-2018 est lancé sur les chapeaux de roue. Dotés d’une profondeur de banc enfin digne de ce nom, Lucien Favre et ses hommes font un copier-coller du Monaco 2016-2017 : le titre en Ligue 1 devant Paris, ainsi qu’une demi-finale de LDC contre le Real Madrid. Auteurs d’un récital en quarts de finale contre le Barça, Ben Arfa et Jesé redeviennent tendance, si bien que Nice recrute définitivement le binôme – HBA en fin de contrat à Paris, clause activée pour Jesé – avant de les vendre sous forme de package à cinquante millions d’euros à Manchester City début juin. Seul temps faible dans la saison : l’attaquant espagnol se sent obligé de surfer sur sa notoriété retrouvée et claque une nouvelle chanson dont il confie le clip à Hatem Ben Arfa. Le making-of avec commentaires de HBA dépasse les 500 millions de vues sur Youtube.
Août 2018 : Martial, Aurier, Mamad’, Samir et Krycho à la relance
Nouveau roi de France, Nice suscite forcément les convoitises et ne parvient pas à résister. Mario Balotelli retourne au Milan AC pour soixante bâtons, Wesley Sneijder signe à Shanghai pour une vingtaine de plus, quand Jean-Michel Seri s’en va rejoindre le FC Barcelone contre un chèque de quarante millions d’euros. Combiné aux départs de Ben Arfa, Jesé, Dante – parti finir sa carrière au bled – et Arnaud Souquet – révélation du Mondial 2018 que le Bayern a débauché pour 55 millions – cela sent la fin de cycle pour les Aiglons. « Je suis serein, on bosse tranquillement » , informe Jean-Pierre Rivère au micro de Téléfoot. Fin juillet, après avoir essuyé un refus de Yohan Cabaye, le Gym a obtenu le prêt avec option d’achat d’Anthony Martial, blacklisté par José Mourinho à Manchester United, ainsi que celui de Serge Aurier, que le PSG n’arrive toujours pas à refourguer. Fin août, dans le money time, les Aiglons recrutent gratuitement Samir Nasri, Mamadou Sakho et Grzegorz Krychowiak, libérés par leurs clubs respectifs, ainsi que Lucas Digne bradé pour cinq millions d’euros par Barcelone, « parce que Malang Sarr a besoin d’une doublure » explique Lucien Favre. Forcément, la mayonnaise met du temps à prendre, le Gym sort rapidement de la Ligue des champions et se fait distancer par un Olympique Lyonnais de Bruno Génésio qui marche sur l’eau en championnat. Mais, emmené par un Krychowiak retrouvé, les Niçois sortent le grand jeu en Ligue Europa – victoire en finale devant le Lille de Marcelo Bielsa – et arrachent la troisième place en Ligue 1 grâce à une fin d’exercice canon des recrues Nasri et Martial.
Août 2019 : James Rodriguez et Yoann Gourcuff, le duo infernal
Forcément, les nouvelles prouesses niçoises débouchent sur une saignée de plus : Pep Guardiola insiste pour racheter Samir Nasri, trente millions, le Real Madrid en pose cinquante pour Krychowiak, quand le Barça active sa clause de rachat à 25 sur Digne. Sauf que les Aiglons ont tellement pris l’habitude de se faire piller qu’ils ont déjà une solution à chaque problème. Au poste d’arrière gauche, Rivère a négocié l’arrivée de Benjamin Mendy – totalement hors course à City – comme monnaie d’échange contre Nasri. Autre sinistré de la Premier League, Tiémoué Bakayoko arrive pour huit millions d’euros. « La succession de Grzegorz sera difficile » , estime Lucien Favre, qui a prolongé son contrat, « mais je crois qu’avec de la patience et du soutien, Tiémoué peut faire bonne figure » . Le coup de maître a lieu à la dernière journée du mercato, lorsque le Gym s’offre James Rodriguez, libéré par le Real Madrid après deux ans de prêt désastreux au Bayern Munich. Et surtout Yoann Gourcuff, « parce que James ne pourra pas jouer tous les matchs » . Favre décide finalement de jouer avec ses deux meneurs de jeu : le premier retrouve son niveau du Mondial 2014, le second celui d’un grand cru bordelais. Suffisant pour que Nice gagne de nouveau le championnat devant Lyon et un PSG très décevant – Neymar ne marque que trois buts en 28 matchs – et s’offre un honorable quart de finale contre l’Atletico Madrid en Champions.
Août 2020 : la dolce vita de Gareth Bale
Cette fois, Rivère ne se demande pas qui il « peut » relancer, mais qui il « veut » sublimer. Car il en est persuadé, le maillot rouge et noir est plus puissant qu’un pèlerinage à Lourdes. Gareth Bale en est également convaincu, et profite de la triste fin de son séjour au Real Madrid – où les arrivées de Mbappé et Coutinho l’ont poussé sur la touche – pour se refaire une santé sur la Côte d’Azur, malgré un salaire divisé par dix. « Une bonne saison à Nice et un transfert en Chine, je suis gagnant » , explique t-il franchement lors de sa présentation. Suivent Mario Götze, plus vraiment joueur de foot depuis trois ans au Borussia Dortmund, et Vincent Kompany, qui sort d’une saison de RTT à City. Résultat ? Nice finit deuxième du championnat, demi-finaliste de Champions, Bale et son nouveau pote belge braquent le club chinois de Hebei Fortune avec un salaire annuel à 25 millions d’euros chacun… Et Mario Götze ? Il marque le but victorieux en finale de l’Euro avec l’Allemagne. Normal.
Août 2021 : voir Abou Diaby et mourir
Neymar Jr a donc échoué. Cinq saisons à Paris, cinq saisons sans réussir à passer les quarts de la Ligue des champions. Pire, cette élimination en huitième de finale de la Ligue Europa 2020 par le Slovan Bratislava… Au fil des ans, le Brésilien a perdu de sa superbe, terminant son contrat parisien sur une saison comme remplaçant en National 3, avec une saudade et quinze kilos superflus… L’ancienne idole de Santos n’attire plus grand monde. Même le Paris FC, qui végète en National 1, a refusé de lui accorder un essai. Pour Rivère, il s’agit là d’un challenge à sa mesure. Début août, c’est un Neymar Jr bedonnant qui signe un contrat de deux ans avec le Gym. Le président Rivère Jr : « avec Abou Diaby en rampe de lancement, Neymar va se régaler. » Oui-oui, THE Abou Diaby, celui-là même que l’on pensait à la retraite depuis la fin de son contrat à Marseille il y a quatre ans. « Bon, on a un peu triché, on a investi un million d’euros sur trois ostéopathes, quatre profs de Yoga, un acupuncteur et un sophrologue à plein temps, mais on est sûr qu’Abou va retrouver son niveau et nous faire gagner des titres. » Les paroles sont prophétiques : en finale de Ligue des champions contre Liverpool, l’ancien Gunner entre en jeu durant la prolongation -il revient d’une double fracture du fémur contractée à l’échauffement du match Lorient-Nice, premier match de préparation de la saison – et claque le but de la victoire d’un retourné acrobatique. Et peu importe si l’international français s’est déplacé une vertèbre sur l’action avant de se fracturer le coude en retombant, encore une fois, le président Rivère et son club ont eu raison. La preuve qu’il n’y a aucune part de chance là-dedans.
Par Nicolas Jucha