- Ligue des champions
- 8es de finale retour
- Atlético/Leverkusen
Quelle stratégie pour Diego Simeone ?
Sans victoire depuis maintenant quatre matchs, l'Atlético Madrid doit renverser Leverkusen au Vicente-Calderón pour passer en quarts de finale de C1. L'antidote ? Les bonnes vieilles recettes de Diego Simeone, toujours prêt à ramener sa fraise pour faire basculer une rencontre. Voici quatre moyens pour El Cholo de sortir vainqueur de ce combat.
Booster ses supporters
Le grand classique. Sans discussion possible, cette galipette de Simeone sera au rendez-vous ce soir. Parce que quand l’Argentin encense son public, il sait mettre les formes. La dernière fois, c’était avant la rencontre contre Levante. Un match lambda du championnat, mais essentiel à la continuité des performances de l’Atlético Madrid. Une fois la victoire acquise, l’entraîneur des Matelassiers a tenu à remercier son clan, à sa manière. « Les supporters ont été fantastiques, l’ambiance était juste extraordinaire. On a senti que les gens étaient prêts à pousser l’équipe, et c’est une excellente chose. Parce que c’est ça, l’histoire de l’Atlético Madrid. Le public fait partie de l’histoire de l’Atlético. Il doit continuer dans ce sens. Ceux qui souhaitent le meilleur à l’Atlético doivent poursuivre ce chemin. » Si le chef d’orchestre de l’Atlético se décide à faire de la colonie rojiblanca une bulle soudée dans son antre pour affronter le Bayer Leverkusen, l’Atlético ne jouera plus à 11 contre 11, mais à 55 011 contre des visiteurs futures victimes du bouillon madrilène. Pour le cuisinier Simeone, c’est l’heure de mettre du piment rouge dans la soupe.
Doper Arda Turan au Red Bull
Dans le dur mentalement, l’Atlético Madrid ne gagne plus ses matchs et vient de perdre sa troisième place en Liga au profit de Valence. Passablement énervé par la tournure des évènements, Simeone prend le taureau par les cornes. Et quand on parle de taureau chez l’Atlético, on fait forcément référence à Arda Turan. Tonton Diego trouve la parade pour redonner tout le tonus nécessaire à son poulain, moins tranchant ces dernières rencontres. Laquelle ? Établir un programme spécifique à base de Red Bull. Le Turc utilise le produit de façon quotidienne, aussi bien sous la forme d’un parfum que celle d’une boisson. En trois jours, Arda dort simplement deux heures, mais arrive au Vicente-Calderón avec un sabre entre les dents. Actif sur le front de l’attaque, il enchaîne un double une-deux avec Griezmann pour terminer avec une lourde frappe sous la barre transversale. Le stade prend son idole en héros de la rencontre, en criant « Olé ! » à chacune de ses touches de balle. Mauvaise idée. Transformé en véritable buffle, Arda Turan charge les deux pieds en avant sur le torse du gardien Bernd Leno, pauvre petit innocent avec sa tunique rouge. Expulsion logique donc, puisque Leno mettra dix bonnes minutes à se relever. À 10 contre 11 pourtant, l’Atlético conserve le score et s’impose 3-1. Ça vaudra bien un lancer de chaussure dans les travées du stade.
Démarrer une révolution tactique
On ne va pas se mentir, le onze concocté par El Cholo lors de la manche aller dans la BayArena s’est révélé être un échec. Mangés par le Bayer en seconde période, les Colchoneros ont peiné dans un 4-4-2 trop classique, avec Antoine Griezmann et Mario Mandžukić en pointe. Banni des titulaires de Simeone depuis maintenant trois matchs, Super Mario doit faire son retour pour prouver à toute l’Allemagne que son départ du Bayern Munich la saison passée était une énorme boulette de Pep Guardiola. Voyant que sans son buteur croate, la mayonnaise ne prend pas avec trois matchs nuls consécutifs, Simeone pose ses bijoux de famille sur la table et lance un 4-1-2-3. Histoire de prouver à toute l’Europe que l’Atlético sait jouer au ballon au lieu de mettre des taquets, Griezmann, Mandžukić et Fernando Torres sont alignés devant, épaulés par Arda Turan et Koke en meneurs. Cinq cartouches offensives, pour un seul milieu défensif avec Gabi au four et au moulin. Résultat des courses : le Bayer prend un pion au bout de 19 secondes de jeu, et se crée sa première occasion à la soixante-quinzième minute de jeu, quand le score est déjà de 4-0. En conférence de presse à la fin du match, Diego Simeone roule des mécaniques et se lance dans un trash-talking inédit : « Ce soir, mon équipe a répondu à tous ses détracteurs. Nous sommes violents ? Nous n’avons pas pris un seul carton dans la rencontre. Nous ne gagnons plus ? Nous gagnons au moment propice. Mon adversaire préféré pour les quarts de finale ? Ce serait un plaisir d’affronter le Real Madrid. » Chassez le naturel, il revient au galop.
S’inspirer du Mondial 1990
Né en 1970, Diego Simeone avait 20 ans au moment où la quatorzième édition de la Coupe du monde ouvrait ses portes à Milan. Évidemment, il a vu son Argentine perdre contre le Cameroun en match d’ouverture. Mais de cette compétition, Simeone se souviendra surtout de la formidable stratégie mise en place par le staff de l’Albiceleste pour se défaire du Brésil en quarts de finale. À la mi-temps du match, une bouteille d’eau remplie de somnifères est proposée à Branco, le latéral gauche auriverde. Victime de vertiges en seconde période, le malheureux sera à l’origine du but concédé par son équipe. Depuis tout ce temps, Carlos Bilardo est devenu l’idole cachée de Simeone, et ce match est l’occasion parfaite pour tenter le coup. Mené 1-0 à la pause, El Cholo fait copain-copain avec Hakan Çalhanoğlu, Karim Bellarabi et Son Heung-min. En bon gestionnaire, Simeone demande à Gabi de faire passer les consignes : « L’attaque est shootée, vous jouez à 11 contre 8. Évitez le score fleuve, ça ferait suspect. » Message reçu. Progressivement, l’Atlético refait surface et tape le Bayer 4-1. Côté allemand, la deuxième période se résume à des transversales ratées, des sprints en zig-zag et quelques vomis ça et là dans le gazon madrilène. Peu importe : les vomis de joueurs en Espagne, on reste assez habitué. Merci Léo.
Par Antoine Donnarieix