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Quelle place pour Di María dans l’histoire du PSG ?

Par Alexandre Aflalo
Quelle place pour Di María dans l’histoire du PSG ?

Contre Rennes il y a deux semaines, Ángel Di María a égalé le record de buts de Safet Sušić avec le Paris Saint-Germain (85) et se rapprochait de son total présumé de passes décisives (95). Un palier statistique loin d’être anodin : après six saisons à Paris, l’Argentin s’est hissé, du moins par les chiffres, au niveau de l’une des plus grandes légendes parisiennes. Et s’il fallait se mettre à le considérer pleinement comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du PSG ?

Le genou gauche de Damien Da Silva l’aura donc privé d’un 86e but en Rouge et Bleu. Mais qu’à cela ne tienne : étoile esseulée dans l’attaque parisienne face à Rennes le 7 novembre dernier, Ángel Di María était déjà un peu entré dans l’histoire lorsqu’il avait trompé une première fois Alfred Gomis à la 21e minute, atteignant le cap symbolique des 85 pions avec le PSG. Symbolique, car ce chiffre représente la barre fixée près de 30 ans plus tôt par le Yougoslave Safet Sušić, unanimement considéré comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire du Paris Saint-Germain. À une époque où les records tombent comme des mouches et où les statistiques perdent parfois de leur sens, il faut quand même situer la performance : atteindre (puis dépasser) Magic Sušić, seuls Ibrahimović, Cavani et Mbappé sont parvenus à le faire sous l’ère QSI. Une sorte de ticket d’entrée pour le carré VIP de l’histoire du Paris Saint-Germain.

Des chiffres et des êtres

Une reconnaissance par les chiffres qui vient apporter du cachet à la carrière parisienne de l’Argentin. Depuis six saisons qu’il porte le maillot rouge et bleu, Di María est un indispensable discret, systématiquement parmi les joueurs les plus utilisés lorsque sonne la fin de saison, mais rarement considéré comme véritablement irremplaçable. Juste une star parmi tant d’autres dans le secteur offensif. Pas vraiment l’importance, ni l’aura, de Sušić. « C’est vrai qu’à l’époque, notre PSG n’avait pas été autant aidé par le recrutement, relève Luis Fernandez, ancien coéquipier et capitaine de Safet Sušić au Paris Saint-Germain (1982-1986). On avait des talents, mais on remporte un championnat beaucoup plus serré en 1986, avec un Sušić qui faisait des choses extraordinaires. Di María, même si ça n’enlève rien à son talent, c’est vrai qu’il a joué avec Zlatan, Cavani, Neymar, Mbappé, dans un PSG qui survole le championnat depuis son arrivée. »

Safet dans le cœur du jeu, numéro 10 à l’ancienne ; Ángel sur un côté, ailier dribbleur et efficace, passeur comme buteur : pour un même chiffre, deux profils différents, deux contextes différents. Mais un contexte dans lequel Di María est quand même parvenu à sublimer son jeu, et constamment être décisif : ses 85 buts avec le PSG, ce sont 49 de plus que les 36 inscrits avec le Real Madrid (en 190 matchs, contre 229 avec Paris), et il n’a pas passé une seule saison porte d’Auteuil sans ajouter au moins 10 buts et 10 assists à son compteur. Sur les passes décisives, il est d’ailleurs actuellement, selon les statistiques à disposition, le deuxième meilleur distributeur de caviars du PSG derrière… Safet Sušić. 90 bonbons pour l’Argentin, 95 pour le Yougoslave. Un record qu’il tient depuis 29 ans, et qui s’apprête sans doute à tomber dans les bras de l’Argentin.

Le jour où Paris a gagné la Ligue des Champions (enfin un 8e de finale retour, c’est pareil)

Le sens de Safet

« Le total pour Sušić n’est pas vérifiable et sûrement faux, les passes décisives n’étant comptabilisées avant les années 2000 que par des calculs différents selon les médias », nous souffle-t-on cependant au club, précisant que toute communication n’est réservée « que si Di Maria atteint le total symbolique de 100 passes décisives, qui là sont vérifiables ». À ce rythme, le palier sera franchi cette saison et, avec un petit effort, il pourrait même devenir, au plus tard la saison prochaine s’il ne quitte pas le PSG l’été prochain (son contrat court jusqu’en juin 2021), le premier Parisien à atteindre le double centenaire : 100 buts, 100 passes décisives. Une performance, dont seuls Sušić (85 buts, 95 passes) et Mustapha Dahleb (98, 80) se sont sensiblement approchés dans l’histoire parisienne, qui sera sans doute beaucoup moins facile à égaler et qui le placera sans doute, cette fois-ci de façon indélébile, au Panthéon du PSG. « Finalement, Di María s’en sort remarquablement bien,loue Fernandez. Malgré cette concurrence, il démontre une forte personnalité, un caractère, une grinta. Il trouve ses marques sur le terrain quoi qu’il arrive. S’il est parvenu à rejoindre dans l’histoire un garçon comme Sušić, s’il est efficace, apprécié, qu’il joue, c’est qu’il y a des raisons et il faut lui rendre hommage. »

Les raisons, au-delà des statistiques, on se les énumère en jetant un rapide coup d’œil dans le rétro, à travers les six saisons parisiennes de Di María : il y a cette conduite de balle, cette capacité d’élimination, de distribution du jeu, cette fâcheuse tendance qu’il a à téléguider des coups francs en lucarne ou cette impression qu’il donne qu’un but n’est beau que si le ballon a été piqué au-dessus du gardien avant de dépasser la ligne. Il y a ce caractère, effectivement, cette résilience, cette capacité à rebondir et à montrer son meilleur visage même après des saisons compliquées, ces cœurs avec les doigts, ce don de son talent au collectif, cet extérieur du pied précis comme une main et cet intérieur qui a dispensé quelques frappes enroulées dont les petits filets tremblent encore. Ángel ne sera jamais Safet, mais en se mettant – un peu – à son niveau, il est en train d’acquérir par le chiffre son statut de légende du Paris Saint-Germain, comme Ibrahimović et Cavani lorsqu’ils ont dépassé Rocheteau et Pauleta. Et comme on a tendance à mesurer l’influence des très grands joueurs une fois qu’ils sont partis depuis longtemps, peut-être que tout le monde se rendra compte dans quelques années qui était Ángel Di María, le Parisien.

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