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Quelle place pour Adrien Rabiot ?
Alors que Krychowiak est arrivé et qu'Emery pourrait jouer certains matchs en 4-2-3-1, le milieu de terrain du PSG n'a jamais semblé aussi fourni. De quoi s'inquiéter du temps de jeu réservé à certains éléments comme Adrien Rabiot ?
Il y a quelques jours, Adrien Rabiot a évoqué son plaisir de travailler avec Unai Emery dans un entretien pour le site Goal. Un classique de la Lune de Miel entre des footballeurs et leur nouvel entraîneur, le jeune talent parisien évoquant chez son nouveau boss espagnol une propension à communiquer qui l’a particulièrement séduit. D’ici septembre ou octobre, l’international espoir français tiendra-t-il le même discours alors que l’entrejeu parisien, avec six joueurs pour deux ou trois places, apparaît bouché ? L’an passé, le fils de Véronique a vécu une saison pleine, avec 42 matchs, six buts et une place de réserviste en équipe de France pour l’Euro. De quoi le motiver à poursuivre ses efforts et ainsi postuler le maillot bleu dans le courant de la saison. Mais alors que Grzegorz Krychowiak a rallié la capitale, que Blaise Matuidi ne l’a toujours pas quittée, et que Marco Verratti a prolongé, le jeune milieu de terrain n’aura pas forcément autant d’opportunités de se montrer que la saison passée vu l’embouteillage annoncé dans le milieu du PSG. Un faux problème pour l’ancien du club Pierre Ducrocq. « Cela fait trois ans que je vois tous les matchs du PSG et que je constate la même chose quand on arrive en mars/avril : il manque des joueurs au milieu pour les matchs importants. » Dans son souvenir, le quart de finale de C1 contre City, sans Verratti ni Motta. « Un grand club avec des ambitions ne peut pas se permettre d’avoir trois très grands joueurs au milieu et trois remplaçants largement en dessous, voire des jeunes. Il faut six ou sept joueurs de niveau équivalent qui tournent et qui sortent des grosses performances dans les gros matchs. »
Joue-la pas comme Cabaye
Ce qui implique pour la direction parisienne de savoir la jouer fine question psychologie. « Il faut que les joueurs arrivent à vivre avec l’idée que le collectif est plus important, et que c’est en faisant des sacrifices au nom du collectif qu’ils vont atteindre leurs objectifs personnels » , analyse Ducrocq. Surtout qu’à ses yeux, « tous les joueurs actuellement disponibles à Paris suffisent pour gagner la Ligue 1, mais il faut que les joueurs arrivent avec plus de fraîcheur dans les matchs décisifs de Ligue des champions. » Laurent Blanc n’en disait pas moins à l’hiver 2014, après le recrutement de Yohan Cabaye et les premières interrogations sur la cohabitation de quatre joueurs internationaux pour trois places. « Ce serait bien que les joueurs de Ligue 1 apprennent à faire ici ce qu’ils consentent à faire quand ils rejoignent un gros club étranger » , estime Ducrocq, plutôt confiant dans la capacité d’Unai Emery à faire passer le message dans le vestiaire parisien. « On le voit avec Kevin Gameiro, longtemps cantonné dans un rôle de joker de luxe mais qui a toujours su être décisif. » .
« Quarante matchs à Tottenham, cela ne vaudra jamais 25 avec le PSG »
Admettre de ne pas jouer tous les matchs, répondre présent à chaque opportunité, autant de consignes que vont devoir s’appliquer les hommes de l’Espagnol, Adrien Rabiot en tête. Lui qui, par le passé, a souvent revendiqué un temps de jeu plus important pour assurer sa progression. « Il doit comprendre que quarante matchs à Tottenham, cela ne vaudra jamais 25 avec le Real, le Barça, ou maintenant le PSG qui veut faire partie des meilleurs clubs du monde. Il faut qu’il arrive à enchaîner trois gros matchs sur le terrain et deux autres sur le banc. S’il le fait avec la même qualité que l’an passé, il finira en équipe de France sans besoin d’être un titulaire indiscutable à Paris, et son club ira plus loin en Ligue des champions. Tout le monde sera gagnant. » Dans la hiérarchie actuelle, Rabiot apparaît clairement derrière l’intouchable Verratti, la nouvelle recrue Krychowiak, le vice-capitaine Thiago Motta ou l’expérimenté Blaise Matuidi. Sauf qu’il a eu un temps de jeu conséquent en préparation, pour des performances convaincantes. « Parler de hiérarchie, c’est un peu vain, car Verratti par exemple n’a pas encore repris et ne sera pas disponible avant un certain temps. Dans une saison, il y a des blessures, des suspensions, des méformes, donc chaque joueur a sa carte à jouer » . Au-delà des défaillances ou pépins de ses concurrents, Adrien Rabiot a également ses propres arguments : ses performances passées, son potentiel évident, et aussi sa valeur de symbole. Dans une équipe internationalisée où Unai Emery a promis d’intégrer des jeunes de la formation, Rabiot est aujourd’hui le produit local le plus à même de s’imposer dans cet hyper-PSG. Et ça, rien que pour boucler une liste de 25 noms en Ligue des champions, c’est de l’or au coffre.
Par Nicolas Jucha
Propos de Pierre Ducrocq recueillis par Nicolas Jucha