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Quelle fin de saison pour River Plate ?
Largué en championnat, River Plate mise tout sur la Copa Sudamericana et sur le Mondial des clubs au Japon, en décembre. Mais avant de rêver d'une hypothétique finale contre Barcelone, les « Millonarios » doivent se reconstruire.
« Nous étions une équipe insupportable, cela faisait la différence. » En une phrase, dans les colonnes du journal argentin La Nación, Marcelo Gallardo a résumé l’essence de son River Plate, vainqueur de la dernière Copa Libertadores. Problème, la machine est enrayée depuis quelque temps. Depuis ce titre, acquis en marchant sur les Tigres de Gignac, au match nul de la dernière journée de championnat face à Aldosivi (1-1), River traverse une période compliquée, alternant entre rencontres insipides au niveau local, et une solidité qui lui permet d’avancer en Copa Sudamericana. Tenants du titre, les « Millonarios » joueront dans la nuit de mercredi à jeudi une place en demi-finales contre la modeste équipe brésilienne de Chapecoense, avec un très bon résultat acquis au Monumental à l’aller (3-1). Pourtant, l’équipe entraînée par Marcelo Gallardo ne pratique plus le football qui l’a emmené sur le toit de l’Amérique.
Trois secteurs en reconstruction
Les équipes qui brillent en Argentine subissent la dure loi du mercato, et par conséquent, du départ de leurs meilleurs éléments. Ici, River Plate n’échappe pas à la règle. Ramiro Funes Mori, défenseur central et désormais international argentin, a rejoint Everton. Si le vivier de River permet de combler ce départ avec des jeunes joueurs talentueux comme Emanuel Mammana ou Balanta, ce transfert inattendu – River a accepté une offre tardive, mais conséquente des « Toffees » – a contraint Marcelo Gallardo à revoir une partie de son plan de jeu. Souvent associé au rugueux Maidana, Funes Mori servait, malgré sa fâcheuse tendance à balancer et à commettre des erreurs lourdes de conséquences, de rampe de lancement du jeu pratiqué par River. Depuis le départ de FM6, Balanta, le prometteur défenseur colombien, s’est imposé dans le onze type du « Muñeco » . Problème, Balanta ne possède pas la qualité de relance de Funes Mori.
Sur le côté gauche de la défense, Milton Casco, aussi international argentin et ancienne cible de Marcelo Bielsa pour l’OM, est venu remplacer Leonel Vangioni, blessé depuis un mois. Là encore, l’adaptation de l’ancien joueur de Newell’s est un long processus. Lors du quart de finale aller face à Chapecoense, Casco a enfin montré son meilleur visage et ses débordements ravageurs, offrant une passe décisive à Carlos Sánchez. Au milieu, Gallardo a remis au goût du jour le « doble cinco » (deux milieux défensifs, ndlr). Avec Ponzio et Kranevitter, l’ancien joueur de Monaco et du PSG s’appuyait sur deux des pieds droits les plus précis du pays. Les méformes alternées de ces deux joueurs ont contraint Gallardo à faire tourner, incluant souvent l’énigme Lucho González dans le onze de départ. Enfin, en attaque, le départ de Teófilo Gutiérrez a été compensé par l’arrivée et l’adaptation express de Lucas Alario, buteur de vingt et un ans et meilleure recrue de l’ère Gallardo.
Objectif : Copa Sudamericana et Barça
Alors, comment Gallardo peut reconstruire son River Plate ? Le défi est majeur : « Dans le football argentin, nous sommes en perpétuelle reconstruction. Notre football est instable. Nous sommes un pays exportateur de joueurs, et ainsi, il n’y a aucune manière de conserver une certaine stabilité » , explique l’entraîneur, qui serait convoité par quelques clubs européens, dans une interview pour La Nación. Et d’ajouter : « Quand tu reconstruis une équipe, c’est un cercle vicieux permanent. Tu donnes une ligne directrice à ceux qui sont là depuis longtemps, et tu dois l’inculquer à ceux qui arrivent, pour qu’ils s’adaptent le plus vite possible. Ce n’est pas facile, seuls les résultats justifient la qualité du travail. » Et si ceux obtenus dernièrement par River Plate semblent annoncer les prémices d’une fin de cycle, il est important de rappeler les priorités de River Plate. D’abord, remporter la Copa Sudamericana et ainsi garder la couronne (comme Boca Juniors en 2004 et 2005) acquise l’an passé contre l’Atlético Nacional. Puis surtout, s’offrir une finale contre le FC Barcelone, lors du Mondial des clubs au Japon, qui débute le 10 décembre. À cause du calendrier insensé du football argentin et sud-américain (en 2015, les « Riverplatenses » ont disputé sept compétitions, dont la Suruga Bank Cup au Japon, après le sacre en Libertadores), Marcelo Gallardo a dû choisir et donc délaisser certains objectifs.
Avant de rêver de cette affiche, Marcelo Gallardo, avec son turn-over total en championnat, teste ses joueurs, ses schémas tactiques et tente de se réinventer : « Même les programmes de cuisine analysent le jeu de River. Tout le monde en parlait : tu allumais la télévision, et on t’expliquait comment jouait River. Aujourd’hui, les entraîneurs étudient la manière de contrer l’adversaire. Et de nombreuses équipes ont su le faire face à nous. » En laissant tomber le championnat local depuis la défaite à domicile face à Boca Juniors (0-1), River a pris un risque. Le précèdent San Lorenzo le prouve. Après avoir remporté la Copa Libertadores l’an passé, l’équipe entraînée par Bauza a tout misé sur le Mondial des clubs, en faisant tourner pour le reste du championnat. San Lorenzo a donc affronté le Real Madrid, sans ses joueurs majeurs (Piatti et Correa qui ont quitté le club après le titre) et sans automatismes. Un grand défi pour Marcelo Gallardo, qui pourrait amener River Plate sur le toit du monde, et ainsi poursuivre sa carrière sous d’autres cieux. Tout comme deux de ses hommes-clés, Kranevitter et Sánchez.
Par Ruben Curiel