- Espagne
- Liga
- 34e journée
- Rayo Vallecano/FC Valence
Quelle équipe pour Paco Jémez ?
Paco Jémez et le Rayo Vallecano, c'est presque fini. Et c'est son contrat qui le dit. En fin de bail de banc à la fin de saison, le charismatique technicien de Vallecas ne sait pas encore vers quelle guérite son destin est tourné. Élément de réponses entre flamenco et banlieue ouvrière.
Le Rayo Vallecano, « parce que c’est Paco »
« Le Rayo, c’est Paco Jémez. » Difficile de donner tort à Gaël Kakuta lorsqu’il évoque le rôle primordial de son mentor à Vallecas. Cette histoire d’amour entre le chauve andalou et le fanion rayista, entamée il y a de ça trois saisons, est la plus longue idylle en Liga. Plus que ce début et cette possible fin, l’intérêt se glisse au beau milieu de cette histoire d’amour. Tout d’abord, il y a ce formidable et utopiste plan de bataille, qui veut que son Rayo ne varie pas d’un iota son identité de jeu, que ce soit contre Almería dans son antre ou face à Barcelone au Camp Nou. Borné pour les uns, romantique ou romanesque pour les autres, Paco reste l’étendard de cette nouvelle génération de techniciens latins qui se veut intransigeant sur le style. Et puis Paco Jémez, c’est avant tout un liant formidable entre un club et son quartier, une équipe et ses supporters. Vallecas, ce quartier ouvrier où l’Espagne se veut républicaine, a fait du Rayo son modèle d’exportation, son modèle à l’image nationale. La philosophie footballistique de Paco, construite autour de la solidarité et de l’échange perpétuel, est en adéquation totale avec les aficionados locaux, ivres d’amour de leur Paco. Et ce serait dommage qu’une si belle histoire se termine.
Aston Villa, parce que le Birmingham ouvrier
Minuit n’est plus qu’à un quart d’heure, le moment choisi par les Vallecaños pour martyriser leurs postes de radio. En annonçant une première offre officielle d’Aston Villa pour leur entraîneur ce mardi, les journalistes d’Onda Cero ont fait le bonheur des revendeurs hifi de Madrid. Mais pas des habitants de Vallecas. Qu’est-ce que leur Andalou, né au beau milieu de l’Atlantique, irait faire sous le ciel grisâtre de Birmingham ? La réponse se trouve sûrement sur le compte en banque d’Aston Villa qui, malgré un football peu festif, regorge de millions d’euros au frais. Victime de son succès, le coach du Rayo attire donc la Grande-Bretagne et ses clubs historiques. Le rare avantage des Villans reste leur identité. Ville ouvrière par excellence, la seconde ville d’Angleterre renvoie une image populaire proche de celle de Vallecas. Contre un chèque généreux, Paco dit chiche et s’envole vers le centre insulaire. Dans sa valise, il tentera d’emmener d’anciens protégés, tels que Gaël Kakuta et sa courte expérience en Premier League. Le pire, c’est que la mayonnaise va prendre.
Le FC Barcelone, parce qu’il est chauve, comme « mon ami Pep »
Bien que toujours en course pour un triplé, le FC Barcelone n’est guère sûr de pouvoir compter sur Luis Enrique la saison prochaine. La faute à quelques informations polémiques et à une toujours supposée mésentente avec Lionel Messi. Toujours est-il qu’en cas de poste vacant, la direction blaugrana peut toujours miser sur Paco Jémez. « Guardiola et moi, nous avons presque le même âge. Nous avons été coéquipiers en sélection, camarades lors du diplôme d’entraîneur. Nous avons une mentalité quasi identique. » Forcément, l’ami et confrère de sa sainteté chauve de Santpedor, lui aussi également sans cheveu, remplirait à la perfection les exigences des socios et touristes du Camp Nou. Avec son football total, et totalement fou, le coach du Rayo Vallecano est un admirateur du tiki-taka et de l’école barcelonaise. Inflexible quant au jeu de ses poulains, il renverrait à l’audience culé des relents de déjà-vu. La disquette, loin d’être rayée, ramènerait même Johan Cruijff à son poste de président d’honneur et à un sourire longtemps oublié. Mais pour ce, faudrait-il encore que Bartomeu quitte son poste de président.
La Roja, parce qu’il la connaît
« En dehors de l’Espagne, le flamenco est un peu ce qui nous caricature, comme la corrida, alors que nous avons bien plus de choses. » Le football, par exemple. Et ses entraîneurs, doux rêveurs des bords de terrain également. Ancien central, rugueux et à la longue chevelure, de l’Espagne du début du millénaire, Paco Jémez a pour lui de connaître la maison. Elle se situe à Las Rozas, commune périphérique de la capitale espagnole. La Ciudad de Futbol, l’entraîneur du Rayo l’a côtoyé durant 21 convocations et le passage de ses diplômes de coach. Forcément, ça laisse des traces. Profondément « amoureux de ce beau pays » , il renvoie l’image d’une Espagne « qui se veut unie malgré des identités plurielles » . Le nom du natif de Las Palmas a déjà pas mal été évoqué au siège de la Fédération. Dans la lignée d’un Vicente del Bosque fédérateur, lui considère une hypothétique offre comme une chimère, mais prendrait cette mission à bras le cœur, la Roja étant « la plus grande et la plus belle expérience de ma vie » . Par là même, son style tout en combinaisons ne ferait pas tache pour coacher Iniesta, Silva ou Cazorla.
Par Robin Delorme, à Madrid