- Coupe de France – 16ème de finale – Marseille/Nice
Quelle destination pour Mathieu Valbuena ?
« L’OM m’a fait grandir », a déclaré Mathieu Valbuena à L’Equipe. Cela reste à voir. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le meneur de jeu de l’OM a profité de cette interview accordée au quotidien pour réaffirmer ses envies de « voir autre chose ». Et l’avantage, quand on est Petit Vélo, c’est que l’avenir est radieux et l’herbe forcément aussi verte ailleurs.
Liverpool
Home sweet home. Mathieu Valbuena n’est pas né le 28 septembre 1984 à Bruges, en Gironde, mais le 3 octobre 2007, à Anfield Road, ce qui, il faut bien l’admettre, a plus de gueule. Alors pour le meneur de jeu de l’OM, hors de question de poser sa valise à l’étranger ailleurs que là où Petit Tricycle a fait tomber une roue pour devenir le Petit Vélo d’Eric Gerets. Qualifiés pour la Ligue des Champions grâce à leur quatrième place obtenue au nez et à la barbe de Tottenham, les Reds de Brendan Rodgers s’activent sur le marché des transferts en vue de la saison 2014-2015 et décident d’enrôler celui que ses coéquipiers appellent déjà « Small Bike » . « For Small Bike, the sky is the limit » , rigole même la presse locale, avec un montage photoshop de Valbuena avec un maillot de la Sky cher à Chris Froome. Seul bémol, dès les premiers entraînements et sa rencontre avec la doublette Skrtel – Agger, Mathieu Valbuena comprend que pour percer en Premier League, il va devoir devenir un dur à cuire. « Joey, putain mais c’est quoi ton pays ? Je me fais découper à l’entraînement et même quand je ne fais qu’un triple axel au sol, au lieu d’un quadruple, coach Rodgers ne veut rien entendre » , balance l’ancien Marseillais à Barton, au téléphone. « Ne t’inquiète pas Mathieu, ça va venir. Il faut juste que tu fasses comme quand tu arrivais à la Commanderie. Que tu sois un Petit Hummer » . Bien décidé à écouter le vieux sage de la Premier League, il signe en faveur de West Ham une fois l’hiver venu. « Merde Joey, je pensais que t’avais dit un Petit Hammer » .
Zénith Saint-Pétersbourg
Des années que les Russes rêvent de ce qui est cher à Cédric Klapisch et à Xavier aka Romain Duris : la dernière poupée russe, la plus petite, celle après qui il n’y a personne. Alors évidemment, Mathieu Valbuena n’a pas le minois de Kelly Reilly, mais son pied droit fait rêver les boss de Saint-Pétersbourg depuis des lustres. En quête de dépaysement, le numéro 28 prend un aller simple pour la Russie après s’être fait tatouer Kahmo Sutra en cyrillique sur le bras, pour être sûr de pouvoir faire un peu de business avec les Russes, ces esthètes du moule-bite estival, un marché intéressant, à n’en pas douter. Arrivé au centre d’entraînement, Valbiche rencontre ses nouveaux coéquipiers, Alex Witsel en tête. « Mais qu’est-ce que tu es venu faire là, bordel ? Ça fait deux ans que j’essaye de me tirer, j’ai failli louper le Mondial 2014 moi » , balance le Belge. « Tu m’achètes un calbute, gros ? » , répond Valbuena, serein. « Ok, mais tu m’appelles Anigo et tu lui dis de se démerder pour me sortir de là, même s’il faut cambrioler Romao, Imbula, Cheyrou et séquestrer leurs proches » , réplique rapidement le touffu. « T’en prends deux et un string pour ta meuf et tu me promets que tu prends un body pour ton fils quand ça sort ? » , tranche Valbuena. « Ok mec » , répond Witsel. Homme de parole, Valbuena parvient à envoyer Witsel à l’OM. Homme de terrain, il brille avec le Zénith, en championnat et en Ligue des Champions. Homme d’affaires, il parvient à faire porter un caleçon à Vladimir Poutine. « Après avoir vu ça, on peut mourir tranquille. Enfin le plus tard possible » , comme disait Thierry Roland.
Radioshack-Léopard-Trek
Le pauvre Alain Gallopin n’en peut plus, des frères Schleck. A la veille du Tour de France 2014, le directeur sportif de l’équipe Radioshack décide de prendre les choses en main et de frapper un grand coup. Lassé par les chutes, les blessures et la lose romantique qui accompagne toujours les frangins luxembourgeois, l’ancien cycliste français convainc Luca Guercilena, manager général de l’équipe, d’engager Mathieu « Petit Vélo » Valbuena et de lui confier le rôle de leader sur la Grande Boucle. Un pari fou que Gallopin, interviewé par L’Equipe, justifie tranquillement : « Mathieu avait des envies d’ailleurs, des envies de nouveauté. Nous, nous en avions marre des grosses chutes et des blessures à répétition, alors nous voulions quelqu’un qui a l’habitude de tomber sans pour autant se faire mal. Pour lui, c’est une occasion de montrer que son surnom de Petit Vélo n’est pas usurpé » . Lancé dans le grand bain sur le Dauphiné Libéré, Valbuena et son physique de grimpeur se tire la bourre dans les cols des Alpes avec Nairo Quintana. Un duel de géants qu’un Froome en méforme ne peut qu’observer de loin. A l’aube du prologue, Valbuena, 2e du Dauphiné, enfile le costume de challenger sérieux. Un rêve qui tourne au cauchemar pour la Radioshack quand deux jours plus tard, un enfant tente de toucher le vélo blanc de Mathieu Valbuena, qui pète un plomb. « Fais gaffe le vélo, là ! Le con de ta grand-mère » , balance le dossard 28 – qui par superstition a dû laisser le 21 du leader à un coéquipier – avant de gifler le môme et de mettre fin à sa carrière de cycliste. C’est dommage, on l’aurait aimé en blond décoloré, époque Festina.
Dans le Fort Boyard
Un silence de cathédrale règne dans une salle remplie de journalistes qui attendent Mathieu Valbuena. C’est Guy Sitruk, « pour Football 1,2,3 » , qui ose rompre la quiétude en premier : « Mathieu, vous aviez clamé votre envie d’aller à l’étranger, atterrir à Fort Boyard, c’est un choix par défaut ? Vous n’aviez pas d’autres propositions ? » . Le visage fermé, l’ancien joueur de l’Olympique de Marseille répond sereinement : « Avant toute chose, je voudrais dire que la Charente-Maritime, ce n’est pas vraiment la France. Surtout que si je ne m’abuse, le Fort est en mer. Ensuite, le Fort, c’est un rêve d’enfant. Petits, certains veulent être pompiers, d’autres médecins. Moi, courir un peu partout, guider les autres, ça m’a toujours parlé. Je l’ai fait pendant une décennie au football, alors pourquoi pas dans le Fort ? » . Ce que Mathieu Valbuena ne savait pas, c’est qu’à aucun moment, le coach n’a envisagé de l’utiliser à son vrai poste, c’est-à-dire à le mettre en concurrence avec Passe-Partout et Passe-Temps. Embourbé dans les ennuis judiciaires après une sombre histoire de harcèlement téléphonique, La Boule, mis sur la touche, a cédé une place de gardien de prison et d’homme du gong. C’est à ce poste inadapté à son profil que Mathieu Valbuena disputera ses premières rencontres sur le Fort. Motivé, il arrivera à choper le Ballon d’Or de l’émission : désormais, on dit « Valbuena, tête de tigre » .
Par Swann Borsellino