Quelle destination pour le prochain Trophée des champions ?

En Mordovie
Un peu d’ennui, puis une idée folle. Ambassadeur itinérant de la petite République de Mordovie, le Russe Gérard Depardieu demande à Sepp Blatter le 06 de Frédéric Thiriez. Confortablement attablés, le bavoir autour du cou, le verre de Faugères à la main, le président de la Ligue de football professionnelle et l’acteur papotent, tranquillement. « Écoute, Frédo, je sais que tu aimes te mettre bien avec les Africains et j’ai bien compris que tu as organisé ton Trophée des champions au Gabon pour convaincre Aubameyang de ne pas se barrer à Newcastle cet été. Mais il faut que tu arrêtes. L’avenir, mon pote, c’est la Mordovie ! » , balance un Gérard des plus sereins. L’homme à la moustache, lui, s’interroge : « Mais il y a des spectateurs, là-bas ? Pense un peu à mon marché… » « T’inquiètes, poursuit l’acteur. On va jouer ça à côté d’un camp de travail, il y aura la patate de supporters et en plus, laisse-moi te dire qu’ils seront bien obligés d’applaudir les actions de tes joueurs de merde. » Un argument qui fait mouche, évidemment, et qui, couplé à la température moyenne de 20 degrés en été et à la riche histoire de cette région du monde, remplit de joie le président de la LFP, lui, l’amateur d’histoire mongole.

En Malaisie, sur l’archipel de Seribuat
Cette fois, c’est décidé : Frédéric Thiriez en a ras-le-bol de voir son Trophée des champions diffusé sur la TNT. Lui, il veut du lourd, de la chaîne qui pèse, du Christian Jeanpierre aux commentaires, quoi. Alors le président sort son 3310 et passe un coup de bigot aux pontes de TF1. La farine au nez, les mecs flairent le bon coup. C’est décidé, Frédo aura son match pourri diffusé sur « la Une » , mais celui-ci devra se disputer en Malaisie, sur l’archipel de Seribuat, lieu du dernier tournage de Koh-Lanta. « Frédéric, nous ne voulons rien entendre, que la finale oppose Lyon à Paris, Paris à Marseille ou Rouen à Nancy, ce sera chasubles jaunes contre chasubles rouges, Sungaï contre Mawar, point barre » , balancent les types de TF1 à Frédo dans un communiqué franc du collier. « Vous êtes 22, il n’en restera qu’un » , balance Denis Brogniart, arbitre de la rencontre, avant le coup d’envoi fictif donné par Moundir aka le « Ibrahimović rebeu » . Enfin, le gagnant reçoit un totem, évidemment. Et tant pis pour les petits vases bicolores chers aux Marseillais.

Sur l’île d’Oahu, à Hawaï, lieu du tournage de la série Lost
Il est tellement occupé, le Frédéric, qu’il n’a pas le temps de visionner ses classiques à l’heure. Juin 2013, déprimé par une saison de Ligue 1 qui a vu triompher le Paris Saint-Germain, la plus belle moustache de Neuilly-sur-Seine fait comme tout le monde : il se met une petite série, dans le canapé en cuir, avec madame et un plateau-télé. Au menu ? « Lost, ça a l’air bien. Et puis je suis un peu perdu, en ce moment. » Évidemment, 8 ans après tout le monde, Frédo a un gros coup de cœur. Oui, Kate est belle comme tout. Oui, Sawyer se la joue un peu méchant, mais au final, il est moins cool que Jack. Mais surtout, cette île, qu’elle est belle, cette île. Cette fois, c’est sûr : c’est là, sur cette plage, que va se jouer le Trophée des champions 2014. La finale sera même retransmise sur ABC. « Laissez moi vous dire que la réalisation de ce match par J.J. Abrams, ça va être autre chose que Jean-Jacques Amsellem » , annonce le président de la LFP dans un communiqué. Surface de la plage oblige, le match se jouera à six contre six avec des joueurs qui portent les numéros 4, 8, 15, 16, 23 et 42. Le gardien de but devra ressembler à Hurley et l’avant-centre à Sayid, avec une machette, évidemment. Le gagnant gagne le droit de quitter l’île. Les autres devront se farcir Benjamin Linus.

À Saint-James Park et au Loftus Road
« Chérie ? Ça cartonne, le salon de l’agriculture, non ? Oui ? C’est bien ce que je me disais. » Lassé par le manque d’affluence lors de son Trophée des champions et l’exil des joueurs français vers l’Angleterre, Thiriez trouve une solution miracle pour faire salle comble : « C’est simple, on va jouer le match aller au Saint-James Park et le match retour à Loftus Road. Ça va être de la bombe, une vraie foire aux bestiaux, en pleine période de mercato. Ils vont tous venir. » Entre les recruteurs et les expatriés, les stades sont pleins et la mission réussie. L’équipe gagnante obtient le droit de jouer en Championship la saison suivante. Un honneur, paraît-il.

Au Stade de France
Parce qu’il n’y a pas que la faim dans le monde, la guerre au Mali et la Syrie dans la vie et que certaines personnes sur cette planète ont de vrais problèmes, un groupe de supporters nationalistes montent une team de manifestants « la Coupe de la Ligue pour tous » . Lassés par le phénomène de délocalisation, ces ardents défenseurs du droit moderne manifestent chaque jour au siège de la LFP et en bas de chez Frédéric Thiriez, qui finit par craquer : « Vous avez gagné. On va jouer la finale de la Coupe de la Ligue au Stade de France, bien que je ne comprenne absolument pas pourquoi nous devrions, nous, Français, jouer une finale de coupe nationale en France. » C’est vrai que ce n’est pas logique, quand même.