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Quel scénario catastrophe pour les Bleus ?
Vous l'avez sans doute remarqué : les Bleus peinent quelque peu à attiser les passions au cours de cet Euro 2012. Il faut dire qu'après les insultes d'Anelka, le bus de Knysna et le sifflet de Robert Duverne, difficile de faire plus fort pour créer la polémique. Les médias ont bien essayé de réveiller l'intérêt des foules en brodant autour de la célébration de but de Samir Nasri, mais on est loin du space opéra sud-africain… Quelques suggestions aux Bleus pour nous mettre le feu…
La faillite sportive
Oui, ça manque un peu d’originalité, mais c’est encore le plus sûr moyen de se mettre à dos toute une nation. Sur la lancée de leur match nul un rien décevant contre l’Angleterre, les Bleus mordent la poussière face à l’Ukraine. Malgré une domination de tous les instants et 18 frappes au but (dont 14 de Benzema depuis l’extérieur de la surface), la France ne parvient pas à trouver la faille et finit par s’effondrer dans les arrêts de jeu, lorsque Philippe Mexès trébuche sur le ballon et laisse Shevchenko filer au but et ouvrir le score. C’est couillon… Le journal L’Équipe s’enflamme autour du refus de Franck Ribéry de serrer la main du sélectionneur au moment de son remplacement. Rien n’est encore tout à fait perdu, puisque l’Angleterre a de nouveau accroché le nul face à la Suède, match nul 1-1. Il suffirait donc de battre la Suède pour passer, en espérant que les Three Lions ne l’emportent pas. Blanc aligne Giroud et Ménez d’entrée, les Bleus touchent deux fois les montants, Marvin Martin rate un penalty et malgré l’exclusion de Zlatan Ibrahimović (qui aurait murmuré à l’oreille de Jérém’-du-94 : « Tu crois vraiment que je vais signer dans ton club de merde ? » avant de lui balancer une droite), l’équipe de France concède le nul, 0-0.
L’Angleterre se qualifie grâce au bon point obtenu contre l’Ukraine. La France du sport est dépitée, Raymond Domenech est euphorique sur Twitter, les anciens de 98 reportent la faute sur Noël Le Graët, Laurent Blanc signe à Brest et le journal L’Équipe révèle le comportement inadmissible de Patrice Évra qui aurait oublié de dire « Merci » quand Hugo Lloris lui a dit « À tes souhaits » . Putain de génération PlayStation et de fumeurs de chicha ! Pendant que l’Euro s’achève sur la victoire de la Russie, on ne parle déjà plus en France que de la signature imminente de Fábio Coentrão au PSG. Encore quelques jours et Thomas Voeckler endossera le maillot jaune. Nous sommes sauvés. L’unité nationale française ne se lassera jamais des losers, sauf quand ils viennent de coins plus exotiques que l’Alsace.
Probabilité : 55%
La prise de pouvoir des « racailles »
69e minute de France-Ukraine. Le score est toujours de 0-0 quand Patrice Évra décoche une mine terrible de son couloir jusque dans la lucarne opposée de Pyatov. Le joueur de Manchester United évite ses partenaires qui accourent vers lui pour se précipiter vers le photographe de L’Équipe, devant lequel il baisse son short et exhibe son cul. L’arbitre n’apprécie que modérément et expulse le joueur. Nadine Morano balance un tweet. Les Bleus, euphoriques, concèdent malheureusement l’égalisation quelques minutes plus tard, sur un penalty provoqué par Alou Diarra. La presse française se déchaîne. Daniel Riollo condamne ces « racailles qui nous mènent tout droit à la catastrophe, et pas qu’en football » . Alain Finkielkraut est invité sur tous les plateaux télé.
Christophe Dechavanne propose qu’on rejoue le match. On est proche de l’émeute sur le plateau de 100% Euro. Le Figaro délivre les résultats d’une investigation approfondie, indiquant qu’un clan composé de Ribéry, de Benzema et de Jérémy Ménez règne sur l’équipe de France. Nadine Morano balance un tweet. Le Parisien établit le total du salaire des 23 joueurs français et calcule qu’il y a là de quoi nourrir 5 000 familles pendant dix ans. Laurent Blanc tente de calmer le jeu et demande le soutien de Noël Le Graët, en précisant qu’il faut d’abord penser au match à venir contre la Suède. Franck Ribéry et Patrice Évra emmènent Lloris voir les filles de joie ukrainiennes. Nadine Morano balance un tweet. Mario Balotelli se déclare admiratif. François Hollande, qui considère, à juste titre, l’équipe de France de football comme un intérêt national, décide d’envoyer un émissaire jusqu’en Pologne. Roselyne Bachelot et Rama Yade lèvent la main pour se porter volontaires. Le Président de la République dit que « C’est très gentil, merci » , mais préfère envoyer Najat Vallaud-Belkacem. Dès le lendemain, Franck Ribéry demande sa carte du Parti Socialiste et la France tabasse la Suède 5-1.
Probabilité : 35%
Le remake raté de Knysna
Après un nouveau résultat nul décevant contre l’Ukraine (0-0) et malgré des critiques de plus en plus acerbes contre le coaching de Laurent Blanc, les Bleus restent soudés. Comme contre les Three Lions, les Français ont manqué de réussite et de spontanéité, mais pas d’occasions. Mobilisés pour se qualifier face à la Suède, les joueurs de l’équipe de France apprennent, stupéfaits, la suspension de 16 matchs prononcée par la Fédération française de football à l’égard de Samir Nasri, pour son odieuse célébration lors de France-Angleterre. La révolte gronde soudain au sein du groupe français. Le 17 juin 2012, à treize heures zéro zéro, l’équipe de France, partie en visite à Auschwitz, comme les sélections allemandes et italiennes avant elle, demande au conducteur de l’autobus d’arrêter le véhicule. Toutes les chaînes de télé françaises se précipitent pour filmer le véhicule et ses rideaux tirés. À l’intérieur du bus, la tension est à son comble. Patrice Évra déclare que, cette fois, il faudrait faire les choses bien. Olivier Giroud a un doute. Mathieu Debuchy le partage. Franck Ribéry décrète que ça roule. Florent Malouda suggère de rédiger un communiqué ou une déclaration officielle. Contacté par téléphone, Jérémy Toulalan refuse de transmettre le numéro de téléphone de son avocat à ses anciens partenaires internationaux.
Marvin Martin propose alors de faire une grève de la faim, un truc qu’il a vu « dans un film qu'[il a] été voir au cinéma avec [s]on papa » . Cédric Carrasso et Philippe Mexès ne sont que très peu enthousiastes à cette idée. Steve Mandanda trouve que ça pourrait être une excellente idée de protester en alignant une équipe B contre la Suède. Adil Rami glisse qu’il est toujours possible de saborder le dernier match de poule en guise de protestation, jusqu’à ce qu’on lui rappelle que ça n’a pas si bien marché que ça, la dernière fois. Finalement, après 5 heures d’immobilisation, le bus de l’équipe de France redémarre sans qu’un seul joueur ou membre du staff ne se soit manifesté. Les journalistes présents en sont comme deux ronds de flan. Interrogé par les médias de toute l’Europe quant aux raisons précises de cet arrêt impromptu au bord de la route, Laurent Blanc préfère noyer le poisson et raconte qu’ils s’étaient arrêtés parce qu’Alou Diarra avait un besoin pressant. Si longtemps ? « C’était un gros besoin pressant. » Les Bleus s’imposent contre la Suède (2-1) avant de s’incliner en quarts de finale face à l’Espagne (0-2). Laurent Blanc présente aussitôt sa démission et déclare partir le cœur léger, satisfait d’avoir redonné des valeurs et un vrai fond de jeu à l’équipe de France… avant d’envoyer un court texto à Jean Fernandez, pressenti pour le remplacer : « Fuis ! Fuis pendant qu’il en est encore temps ! »
Probabilité : 10%
Par Julien Mahieu