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Quel retour pour Marcelo Bielsa ?
Reviendra ? Reviendra pas ? Les rumeurs et déclarations autour d’un potentiel retour d’El Loco sur le banc de l’OM ne cessent d’alimenter les désirs les plus fous. Et si l’affaire n’est pas conclue, voici à quoi pourrait ressembler le Bielsa/Marseille, volume 2.
La success story
Les banderoles se déploient, les cris de joie retentissent : dans le Vélodrome, le retour du messie à glacière déchaîne les passions. Conclue dans les toutes dernières heures du mois d’août, la vente de l’OM accompagnée de la signature de Bielsa a réchauffé les cœurs autant qu’elle a chauffé les esprits. Pour sa première face à Lyon, le 18 septembre, Bielsa ne tarde pas à exposer son génie tactique : défense à trois, avec Abou Diaby dans l’axe gauche, et Hubočan sur le flanc droit, tandis que Bouna Sarr, intronisé numéro 10, se charge de fournir Gomis en ballons aériens.
La panthère s’attire les foudres de JMA en inscrivant le but vainqueur ( « Gomis vient de remporter le championnat des vrais traîtres #Boloss #Vienscherchertonchèque » ), et lance la saison d’un OM revigoré. Après une série de 11 matchs sans défaite, les Olympiens pointent d’ailleurs à la 2e place, 10 points derrière le PSG, intouchable grâce aux 26 passes décisives de Di María. Reste qu’El Loco arrive à faire du neuf avec du nul. Et si tout Marseille comprend que les efforts seront vains après une défaite 2-0 face à l’ogre de la capitale, la seconde place au soir de la 38e journée contribue un peu plus au statut de légende de Bielsa sur la Canebière. El Loco is back, et ne compte cette fois-ci pas en partir.
Le come-back ringard
Jordi, Alizée, Billy Crawford, les L5, David Charvet, Kyo, Renaud, Jérémy Ménez : les artistes talentueux ayant effectué un come-back raté sont légion. Malheureusement, le nom de Marcelo Bielsa pourrait s’accoler à ces gens de prestigieux pedigree. Trop égocentrique, trop sûr de sa force, El Loco débarque à Marseille en tentant de reproduire les recettes ayant fait son succès passé : rigueur, dépassement physique et initiative. Problème, ses joueurs ayant le QI footballistique d’un quart de Payet, Marcelo patauge tout autant qu’i persiste.
17e au soir de la 24e journée, il reçoit pourtant le soutien de son président, qui lui promet le renfort de Romain Grosjean pour relancer une machine en bout de course. Marion Jollès en tribunes, l’horizon s’éclaircit dans les travées du Vélodrome, mais très peu sur le terrain, où l’OM arrache le maintien in extremis grâce à Bouna Sarr et son râteau caractéristique. Les supporters mettent en place une cagnotte Litchee pour financer l’achat de chèvres neuves, tandis que le départ en fin de saison de Bielsa est acté. Dur dur d’être licencié.
Le retour précipité
L’affaire fut aussi rapide qu’un rapport avec Emma Stone : annoncé comme revenant le 22 août, Marcelo Bielsa débarque finalement sur la Canebière le 25. Et prend ses fonctions contre l’ogre lorientais, qui vient d’arracher la prolongation de contrat de Walid Mesloub. Autant dire que pour ses débuts, Bielsa n’est pas gâté. Pourtant, la sauce prend directement. Victoire 3-0 au Vel’, doublé de Rabillard, l’OM se sent pousser de nouvelles ailes. D’ailleurs, face aux Aiglons niçois, les Marseillais enchaînent malgré le coup de gueule pré-match de Dória qui, dans une interview accordée à A Bola, se plaint de son prêt soudain à Burnley. Qu’importe la tempête, la bande à Dante est renvoyée dans les cordes 7-1, et l’OM marque un grand coup dans la reconquête de son prestige.
Cotillons sur le Vieux-Port, Bengouss qui sait désormais où est-ce qu’on va, Gaudin faisant campagne une élection à vie, et c’est tout Marseille qui se prend à nouveau à rêver d’un destin européen. Mais au soir du match face à l’OL, le 18 septembre, le drame intervient. Agacé par une relance manquée par Karim Rekik, Bielsa quitte le bord du terrain, et annonce dans la foulée sa démission. Un coup de tonnerre auquel seul un communiqué laconique viendra en soutien : « J’avais demandé au président de faire venir plusieurs Sud-Américains de qualité au club, mais mes demandes n’ont pas été entendues. De plus, l’un de mes adjoints n’a pas reçu son Iphone 6S. C’est scandaleux. » Franck Passi, intérimaire, ne demandera qu’un Wiko avant de prendre les rênes du club.
La mise à distance
Marcelo Bielsa l’a bien compris : être entraîneur de l’OM est un métier exigeant, qui requiert bien plus de compétences que celles d’un coach classique. Et s’il est l’un des rares passés par le banc à conserver un peu de crédit vis-à-vis des supporters et de la ville, Bielsa sait très bien qu’être immergé dans l’atmosphère marseillaise s’avère épuisant. Dès lors, le technicien argentin prend une décision radicale : il entraînera l’OM à distance. Son équipe d’encadrement se dessine : Michel aux causeries d’avant-match, Franck Passi au placement des plots, mais surtout, Fabrice Olszewski en tant qu’adjoint chargé d’officier sur le banc de touche. Si la méthode déroute dans un premier temps, les consignes semblent bien arriver jusqu’au rectangle vert où l’OM produit un jeu plutôt chatoyant, notamment grâce à un Florian Thauvin transfiguré.
À l’orée de la dernière journée, l’OM dispute ainsi une 2e place inattendue à l’OL, loin derrière le PSG qui a pu compter sur les 57 passes décisives de Di María. Menés par Bastia à la mi-temps sur un CSC de Sakai, les joueurs de l’OM vont être saisis par l’écran qui leur fait face. Marcelo Bielsa, regard noir sur fond d’asado argentin, va délivrer son premier et unique discours de la saison : « Acceptez l’injustice ! Avalez le venin ! » La rediffusion fait plus d’effet qu’une scène de Gladiator montée sur la musique de Requiem For a Dream. Deux buts plus tard, l’OM arrache la qualif’ directe en C1. Bielsa est intronisé citoyen d’honneur de la ville et reste au club malgré le départ d’Olszewski pour Manchester City. Loin des yeux, près du cœur.
Par Raphael Gaftarnik