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Quel remplaçant pour Arkadiusz Milik ?
La nouvelle est tombée ce samedi et a foudroyé les supporters napolitains : Arkadiusz Milik s’est rompu les ligaments croisés lors d'un vulgaire Pologne-Danemark. Une très sale blessure, qui laisse la pointe de l’attaque des Partenopei orpheline de son meilleur buteur pour au moins quatre mois. Maurizio Sarri et ses dirigeants vont devoir se creuser la tête pour lui trouver vite un remplaçant. Pas évident quand, période hors mercato oblige, seuls les joueurs libres de tout contrat peuvent être approchés par les clubs.
La voie de la sagesse : Miroslav Klose
L’une des solutions les plus régulièrement évoquées par la presse italienne depuis samedi, étant donné que Klose est libre depuis la fin de son aventure à la Lazio cet été. De quoi imaginer l’Allemand débarquer mi-octobre à Naples, lunettes de soleil sur le nez et paire de sandales Décathlon aux pieds, le tout accompagné de chaussettes blanches remontées jusqu’au genou. Mais si l’attaquant de trente-huit ans adopte le look du touriste teuton de base en dehors des terrains, il reste un insatiable chasseur de buts sur le pré. Après deux premiers matchs sans marquer, l’Allemand plante une tête monstrueuse dans la lulu de Gigi Buffon, qui permet à Naples de rester au contact de la Juve en championnat. Miro a donné le ton : s’il n’a plus l’âge de planter à toutes les rencontres comme Pipita Higuaín, on le retrouvera dans les moments qui comptent. Pari gagnant : à la mi-février, Naples a le même nombre de points que la Juve en Serie A. Pourtant, tout s’effondre : Miro se fait un lumbago en se penchant plus que de raison pour dédicacer un maillot collector de la Mannschaft à son coéquipier Lorenzo Insigne. Verdict : l’avant-centre manquera le restant de la saison. Forcément, début avril, les hommes de Sarri perdent le match du titre face à la Juve après un but d’Higuaín inscrit à la 89e minute. Entre-temps, Milik est revenu, mais Klose a convaincu. Et s’offre une petite saison en rab avec le Napoli en signant une année de contrat supplémentaire. Miro, l’homme sans âge.
La voie de l’évidence : Dimitar Berbatov
Une filiation évidente dans le profil. Comme Milik, Berbatov culmine à 1,89 m. Le Polonais pèse lui 79 kg contre 78 pour Berbatov. Techniquement, deux tueurs à sang froid dans la surface, même si Milik galope beaucoup plus que son aîné. Berbatov fait pourtant ses débuts à Naples entouré d’une myriade de doutes, ses trente-cinq ans et sa dernière saison au PAOK Salonique laissant perplexes de nombreux tifosi. Mais Dimitar s’en fout. L’attaquant bulgare l’a dit et répété : « Je suis un gars détendu. » Et c’est en toute décontraction qu’il inscrit un paquet de buts en Serie A avec les Partenopei. Naples commence ainsi à adopter le Bulgare, qui annonce être dans la forme de sa vie, alors qu’il est statistiquement le joueur qui court le moins en Serie A. Il finit la saison avec 20 buts en championnat et aucun en Ligue des champions, histoire de prolonger son bilan statistique purement immonde dans la compétition (62 matchs, 15 buts). Tous les voyants semblent au vert pour que le Bulgare continue avec Naples la saison prochaine, mais la femme de Dimitar, qui avait déjà fait capoter son transfert à la Fiorentina en 2012, demande à son cher et tendre de revenir en Angleterre, maintenant qu’il est redevenu désirable aux yeux des grandes écuries européennes. Dimitar s’engage donc à Tottenham en espérant prolonger sa cure de jouvence dans le club londonien, qui l’avait déjà vu s’épanouir dans ses années fastes. Et quitte Naples, sans même un regard en arrière.
La voie do Brasil : Ronaldinho
Après avoir tenté de composer avec l’absence de Milik en alignant à tour de rôle Callejón et Gabbiadini en pointe pendant quelques matchs, Sarri se rend compte qu’il lui faut du renfort et en informe son président. En désespoir de cause, le président Aurelio De Laurentiis décroche son téléphone et demande à Ronaldinho s’il ne serait pas partant pour sortir une trente-sixième fois de sa retraite. Ronnie arrive à Naples deux jours plus tard avec des cernes comme ça, mais promet aux milliers de tifosi venus l’accueillir qu’il surveillera comme jamais son hygiène de vie. L’instinct de Maurizio Sarri lui dit de faire confiance au Brésilien et il introduit un nouveau système pour le mettre en valeur avec Callejón en faux 9 en pointe et Ronnie en meneur excentré sur le côté gauche. Et ça marche. Après 25 journées, Ronaldinho a déjà inscrit 10 buts, délivré 12 passes décisives et claqué 56 petits ponts. Mais un soir, Roonie craque et découvre les charmes de la nuit napolitaine où il fait la rencontre de Marika Fruscio, Raffaella Fico et Caterina Balivo. Comme Ronnie n’est qu’amour, il devint dingue des trois femmes en même temps. Et privilégie la fête aux entraînements. Mise à l’écart du groupe, rupture du contrat, réservation d’un billet retour pour le Brésil. Ronaldinho repart avec l’affection éternelle des tifosi napolitains.
La voie de la maladresse : Mamadou Samassa
Trente ans, l’âge de la maturité. Voilà ce que les dirigeants napolitains retiennent du CV de Mamadou Samassa, qui estiment que le Malien mérite une troisième chance en Italie, après un passage entre 2012 et 2014 au Hellas Vérone, puis à Pescara, avec lequel il avait cumulé la bagatelle de 24 minutes de jeu. L’ancien Valenciennois fait ses débuts à Naples dans l’anonymat le plus total. Pour son premier match avec les Partenopei, il loupe deux penaltys et doit subir les sifflets du San Paolo. Mais pas de quoi l’impressionner, lui qui a déjà su endurer les quolibets du Vélodrome dans ses jeunes années. Du coup, Samassa persévère, mais continue de beaucoup gâcher. Un jour, à l’entraînement, Marek Hamšík lui adresse un caviar qu’il loupe avec gourmandise, à deux mètres des cages. Un clin d’œil au bon vieux temps à l’OM, où il vendangeait les centres de Ben-Arfa à la Commanderie. Pour Sarri, c’est la goutte d’eau. Le Malien passe la suite de la saison sur le banc. « J’ai beaucoup appris à l’OM, que ce soit mentalement ou auprès d’attaquants comme Niang ou Brandão » , avait déclaré Samassa en 2014. « C’est un bon gars, mais je pense qu’il a plus appris de Brandão que de Niang » , rétorquera Sarri en conférence de presse. Rideau. Un renfort de poids débarquera l’été suivant dans les rangs de l’UNFP.
La voie de la femme : Melania Gabbiadini
Contrairement à Luis Suárez, Aurelio de Laurentiis est convaincu que le football est un sport d’hommes et de femmes. Et décide donc de faire venir la sœur de Manolo Gabbiadini, Melania, pour dynamiser le front de l’attaque napolitaine. Car Melania Gabbiadini, avec pas moins de 114 sélections et 45 buts en équipe nationale, est à elle seule un morceau d’histoire du football féminin italien. C’est aussi celle qui a fait naître la passion du foot dans le cœur de son petit frère, Manolo, qui a ainsi déclaré : « Je me rappelle qu’une fois, je suis allé la voir jouer. Elle a frappé sur la transversale et le ballon a explosé. Je me suis dit que ma sœur était trop forte et que je voulais faire comme elle. » Pas fou, Maurizio Sarri voit vite les dégâts qu’un duo d’attaque 100% Gabbiadini pourrait faire et décide d’aligner systématiquement le frère et la sœur sur le pré. Melania enchaîne les buts en Serie A comme des perles et trouve même le moyen de fracasser littéralement la barre transversale adverse lors d’un match face à l’AC Milan. « Ma sœur est au moins aussi forte que Milik » , se risquera à déclarer Manolo en fin de saison. De Laurentiis approuve et fait signer un contrat de cinq ans à Melania avec une clause de départ de 97 millions d’euros. Que la Juve s’empresse de lever dans l’immédiat. Furieux, les tifosi brûlent des maillots de Melania dans tout Naples deux mois durant. Manolo, lui, décroche tristement les posters de sa sœur qui ornaient les murs de sa chambre depuis si longtemps.
La voie de la passion : Edinson Cavani
Tout commence quand Edinson débarque en larmes dans le bureau de Nasser Al-Khelaïfi. Sans avant-centre digne de ce nom, son Napoli va mal et l’Uruguayen ne peut le supporter. Contre toute attente, le petit cœur de Nasser craque. Ne pouvant supporter de voir son attaquant dans un état de dépression aussi avancé, il accepte une rupture conventionnelle du contrat de Cavani, qui signe à Naples dans la foulée. À son arrivée, le Matador est accueilli par une marée humaine colossale. On trouve autant de cierges dédiés à sa gloire que ceux consacrés à Maradona dans les rues de la ville. « Dieu lui-même se sert de Cavani pour marquer des buts » , aurait déclaré un jour l’archevêque de Naples. Du coup, Edinson reprend son mythique numéro 7, « le chiffre parfait dans la Bible, le numéro de Dieu » et s’en va cartonner les défenses de Serie A en se régalant des caviars de Hamšík et d’Insigne. Saison divine pour Naples donc, qui arrache le premier titre de champion d’Italie de son histoire depuis 1990, au nez et à la barbe de la Juve lors de la dernière journée. Cavani finit la saison après avoir marqué 23 buts en 25 matchs de Serie A. La ville devient complètement folle et réclame Edinson lors des célébrations du titre de champion. Mais le Matador, avec l’âme apaisée de celui qui a accompli son devoir, est parti se ressourcer à la campagne pour s’adonner à sa vraie passion : l’ornithologie. Car si Cavani est un goleadorpassionné en match, c’est avant tout un homme de grands espaces, un peu sauvage sur les bords. Qui n’aime rien de plus qu’observer les oiseaux et pêcher la truite.
Par Adrien Candau