ACTU MERCATO
Quel pillage de la Ligue 1 par les Anglais ?
Avec leurs droits TV monstrueux, les clubs de Premier League ont encore de quoi faire n'importe quoi en janvier. C'est reparti pour un marché de Ligue 1 ?
Martial, Djilobodji, Thauvin, Gradel, Veretout, Amavi, Cabaye, Gueye, Kanté, Payet, Tabanou et les Ayew. Il y a de quoi faire une belle équipe avec les joueurs qui ont quitté la Ligue 1 cet été pour la Premier League. Dans le championnat autoproclamé le plus spectaculaire du monde, les joueurs de l’ennuyeuse Ligue 1 ont toujours la cote. Une explication rationnelle ? Les dirigeants anglais savent qu’ils peuvent compter sur des présidents franchouillards trop heureux de rentrer dans leur frais avec des transferts risqués là où, dans le reste du monde, on cherche à négocier, à prendre la plus grande part possible de cette astronomique recette en droits TV. Pour le mois de janvier, la tendance va se poursuivre. Angers a donné le ton en vendant son ailier supersonique Camara à Derby County. Qui va suivre au mois de janvier ?
Adrien Rabiot à Arsenal
À force de clamer qu’il veut partir de Paris pour avoir du temps de jeu, l’international espoir français va obtenir gain de cause et lasser ses dirigeants. Le cas n’est pas sans rappeler la situation de Nicolas Anelka, en plein milieu de la saison 1996-1997. Une nouvelle fois, Arsène Wenger est prêt à bondir sur l’affaire. Avec les blessures de Coquelin et Cazorla, le manager est pressé par ses fans d’acheter, histoire d’assurer le coup pour la reconquête de la Premier League. Si l’Alsacien n’est pas du genre à se laisser dicter quoi que ce soit, Rabiot pourrait tout à fait le séduire. Car il a un profil différent, et serait tout à fait capable de jouer même après le retour de son compatriote et du petit Espagnol. Ses passes claquées, son abattage et son goût du duel pourrait faire le bonheur de l’actuel leader.
Steve Mandanda à Liverpool
Il a qualifié l’OM en Coupe de France quasiment tout seul. Mandanda, qui aime les symboles, s’était même inscrit en cinquième tireur pour marquer encore plus le coup, lui qui a commencé son aventure marseillaise dans le même stade de Caen. C’est que des offres de Premier League arrivent enfin pour lui, et qu’il entend bien les saisir. Homme de défis, et soucieux de son image auprès des supporters phocéens, il choisirait le prestigieux club de Liverpool. Un bon calcul. Mignolet n’a pas vraiment la gueule d’un indéboulonnable, le choix de Bacary Sagna pour Manchester City prouve qu’il y a de la place pour tout le monde et Klopp n’a jamais caché qu’il lui avait tapé dans l’œil lorsqu’il a croisé sa route avec Dortmund en 2011 et 2013. Puis le dernier joueur à avoir quitté Marseille pour Liverpool, c’était Titi Camara, et rien que d’y repenser, c’est chouette.
Lamine Koné à Sunderland
Willy McKay était annoncé sur la fin. Le sulfureux agent anglais, derrière quasiment tous les départs de France vers l’Angleterre, et ce, depuis les années 90, avait perdu un à un ses entraîneurs amis, toujours là pour assurer à leur direction qu’il faut un joueur absolument, histoire de faire un beau transfert où tout le monde se rince, quitte à ce que ce soit un fiasco derrière, comme par exemple avec Alou Diarra. Mais McKay a plus d’un tour dans son sac. Si Harry Redknapp est parti de QPR, West Ham a dégagé Allardyce et Steve Bruce est descendu avec Hull. Il y a quelques semaines, Big Sam Allardyce a retrouvé un poste, à Sunderland. C’est reparti pour les combines, si possible avec des joueurs trop heureux de rejoindre l’Angleterre pour se rendre compte qu’ils ne toucheront jamais leurs primes à la signature. Lamine Koné, défenseur athlétique de Lorient à Sunderland, c’est un transfert presque déjà écrit.
Cheikh N’Doye à Stoke City
Le colosse d’Angers et révélation du championnat le sait, il a d’autres chats à fouetter. Angers, qui sait qu’un sage retour dans le rang l’attend d’ici la fin du championnat, est de toute façon déjà dans le bouclage du budget à présenter à la DNCG en juin prochain. Avec son physique hors norme et son jeu de tête, il sait qu’il peut séduire une bonne partie des clubs britanniques. Malin, il va opter pour Stoke et son petit stade, qui va encore plus lui donner des allures de Patrick Vieira. Ce qui tombe plutôt bien aussi, parce que les Potters aiment les joueurs un peu atypiques (Crouch, Shaqiri, Arnautović) et qu’un compatriote sénégalais y a laissé un très beau souvenir : il s’agit de Salif Diao.
Wissam Ben Yedder à Newcastle
Ça sent tellement l’erreur de casting que ça va évidemment se réaliser. Newcastle adore recruter français. Si on peut parler de réussite pour Moussa Sissoko, Yohan Cabaye, Laurent Robert et David Ginola, cela s’est quand même fait au nom de très nombreux flops (Gouffran, Obertan, Rivière, Yanga-Mbiwa, Marveaux, Pancrate, Boumsong). Les deux derniers, Thauvin et Cabella, ont été achetés à prix d’or, alors qu’il est évident qu’ils n’avaient pas les qualités physiques pour s’imposer dans une équipe revenu au kick and rush avec Steve McClaren. Alors tant qu’à faire n’importe quoi, autant recruter Ben Yedder, son 1m60 et son football façonné au futsal.
Nicolas Seube à Aston Villa
En perdition avec Aston Villa, Rémi Garde compte sur sa bonne vieille Ligue 1 pour sortir de la zone de relégation. Si ses patrons sont prêts à lui donner le chéquier, personne ne veut en revanche s’aventurer dans le club de Birmingham, il est vrai trop englué à la dernière place. Même des propositions de contrat avec des clauses basses qui s’activent en cas de relégation ne séduisent pas Andy Delort par exemple, effrayé à l’idée de retrouver le Championship. Malin, Xavier Gravelaine, le Monchi du Calvados, profite tout de même de l’approche pour proposer Nicolas Seube à 8 millions d’euros. Banco.
Rodéric Filippi à Norwich
Frustré de ne jamais recruter personne en Ligue 1, Norwich tente sa chance. Angers, c’est déjà trop convoité, alors les Canaries se placent sur l’autre surprise, chez qui personne n’est encore allé piocher : le Gazélec Ajaccio. Bon, ils vont pas non plus se faire chier à regarder les matchs. Un coup de trombinoscope sur le site de la LFP, et là, coup de foudre. C’est vrai qu’un rouquin barbu dans un maillot jaune et vert, ça en jette. Et il y en a déjà qui ont traversé la Manche pour des raisons bien plus légères.
Par Romain Canuti