ACTU MERCATO
Quel avenir pour Serge Aurier ?
Serge Aurier verra donc la Floride sur Instagram. Non retenu par Unai Emery dans le groupe parisien parti en tournée américaine jusqu’au 26 juillet, l’Ivoirien devrait quitter le PSG. À seulement 24 ans, le latéral droit peut encore espérer un avenir radieux. Il ne lui reste plus qu’à trouver où.
Il signe à la Juventus
À Paris, on aime la chanson française. On a perdu la tête pour un Dani brillant et Unai Emery est venu dire à Aurier qu’il fallait s’en aller et que ses sanglots longs n’y pourront rien changer. Pas con, Serge Gainsbarre, pas exactement sous le soleil de Miami, mais plutôt à Turin, où il pourra chanter Initials BB avec Buffon et Barzagli. Un choix logique, tant pour la Juventus que pour l’Ivoirien. D’une côté, la Vieille Dame se trouve un joueur dont le talent n’a jamais été remis en cause et qui saura s’épanouir dans le système de Max Allegri. De l’autre, Serge Aurier débarque dans le club qu’il lui fallait : une équipe où personne n’est plus grand que l’institution, pas même Leonardo Bonucci. Aligné sur le côté droit du 3-5-2 made in Torino, Aurier, à son aise dans son maillot frappé du numéro 12 pour « 9+3 » – il voulait initialement le 93, mais le président Agnelli lui a rappelé qu’ici, « on était dans un club de foot, pas au cirque » – impressionne vite les observateurs. Rassuré par l’arrière-garde turinoise et enthousiasmé par les combinaisons possibles avec Pjanić, Dybala et Higuaín, le gosse de Sevran est tout simplement meilleur passeur de Serie A à la mi-saison. Un exercice 2017-2018 qui prend encore un peu plus de sens quand le tirage au sort de la Ligue des champions offre le PSG à la Juventus en quarts de finale. Giflés 2-0, 0-2 grâce à un immense Aurier dont le sérieux surprend lors de son retour au Parc des Princes, les joueurs de Paris font grise mine en conférence de presse. Tous sauf Dani Alves, qui a visiblement trouvé ce qu’il cherchait : « Au moins, ici, j’ai pu mettre de la musique à la mi-temps. »
Il signe à l’Inter
La conférence de presse n’a commencé que depuis deux minutes que Serge Aurier sort son plus bel italien. Questionné sur son rapport à l’Inter, son nouveau club, par un journaliste de la Gazzetta dello Sport, l’Ivoirien marque son territoire : « J’ai découvert Dante Thomas, puis Dante le Brésilien, mais c’est avec curiosité que je m’attaque aujourd’hui à Dante Alighieri : mi chiamo Serge e sono strafelice di essere nerazzurro. » Mais si la com’ est bien bossée, la vérité est comme dans X-Files, ailleurs. Une source proche du dossier le confirme : « Serge a signé ici, car l’Inter, c’était la meilleure équipe à PES à l’époque où il jouait. Il était d’ailleurs assez agacé que le club n’avait pas su garder Recoba et Adriano. » Toujours est-il que le joueur s’intègre bien. Le duo avec Mauro Icardi fait des étincelles, sur et en dehors du terrain, tandis que Serge prend sous son aile le jeune attaquant de Guinée Bissau dont le nom Zé Turbo signifierait qu’il possède une très grosse voiture dans la langue de Valère Germain. Et si Aurier regrette amèrement que l’équipe ne soit pas qualifiée en Ligue des Masters, en Serie A, tout se passe bien. Après six mois de grande qualité, Aurier revient sur la fin de son idylle avec le Paris Saint-Germain dans les colonnes de l’équipe. « À Paris, c’était pas le Jamel Comedy Club, mais la Divine Comédie. L’enfer comme raconté par Dante sauf que moi, j’étais même pas dans les cercles de l’enfer. J’étais en dehors. » Que les amoureux de Dante se le disent : le nom du dixième cercle de l’enfer, c’est la CFA.
Il signe à l’Olympique de Marseille
La main sur son pectoral droit, Serge l’affirme : l’OM c’est un peu le club de son cœur. « Vous savez, quand on grandit en quartier comme à Sevran, beaucoup supportent l’OM. » En attendant, c’est surtout l’omniprésent Hiroki Sakai qu’Aurier doit supporter. Toujours exemplaire et adulé par les supporters, le Samouraï se révèle être le compagnon parfait pour l’Ivoirien. Canalisé par le Japonais, Serge livre des prestations de haut vol alors que Sakai accepte parfaitement le rôle de doublure, comme il l’explique à L’Équipe au mois d’octobre 2017 : « La concurrence, c’est le foot. Avec Serge, c’est un crack que l’OM a trouvé. Moi, j’avais juste peur qu’on continue à se foutre de ma gueule avec Bouna Sarr au poste de latéral droit. Je suis gentil, je réponds à Paga, je dis rien aux vannes nulles d’une certaine chaîne de télévision sur les sushis, mais faut pas se foutre de ma gueule non plus. » Solidaire, la doublette devient aussi connue qu’Olive et Tom en début d’année 2018. Sans entraîneur depuis le licenciement de Rudi Garcia à la trêve à la suite d’une défaite à Lille sur un csc de Rami, l’OM se rabat sur Laurent Blanc, toujours sans poste et visiblement satisfait de ses allocations chômage jusqu’ici. Touillette dans la bouche et audace tactique dans la poche, Lolo aligne Sakai latéral droit et Aurier au poste de milieu de terrain. L’OM ne perd plus un match de la saison et Aurier devient le médiateur de génie entre Marseille et la banlieue parisienne. Le tournage de Banlieue 93 ultimatum est d’ailleurs prévu pour la fin d’année 2019.
Il intègre la « Team Yavbou »
Coup de foudre au match de volley-ball. C’est ni plus ni moins ce qu’il s’est passé lorsque Serge Aurier, de retour de soirée, est tombé sur la finale de la Ligue mondiale de volley entre la France et le Brésil. Désireux de connaître de plus près « ce sport d’EPS » , selon ses propres dires, l’Ivoirien entre en contact avec Earvin Ngapeth sur Instagram. Officiellement, cela débouche sur une invitation à un match à Modène, mais Aurier espère plus. Malheureusement, son mètre 76 ne lui permet pas grand-chose, et ce, en dépit de ses qualités athlétiques monstrueuses. Mais son étonnante reconversion est plus réussie que celle de Florent Manaudou au handball. Libéro de qualité, « façon Hubert Henno, gros » comme confié à la chaîne L’Équipe, Aurier fait son trou et devient remplaçant de Jenia Grebennikov au sein de la « Team Yavbou » . C’est là, entre deux clips de rap tournés avec Earvin Ngapeth, que l’Ivoirien rencontre la belle Jeanne, une jolie rousse aux yeux bleus, espoir du volley international. Titré à Tokyo avec l’équipe de France, Aurier paye un couscous à Marquinhos comme pour lui signifier que lui aussi est champion olympique. De loin la plus belle reconversion de la décennie.
Par Swann Borsellino