- AS Rome
- Licenciement de Rudi Garcia
Quel avenir pour Rudi Garcia ?
Cela fait maintenant 37 jours qu’il s’est fait licencier, qu’il se nourrit de pizzas-bières et qu’il dort sur son canapé. Après avoir connu l’excitation d’un vrai challenge, Rudi Garcia vit maintenant la redescente et le chômage. Et voilà comment il devrait se relancer.
Retour au LOSC
C’est un classique du cinéma. Rudi Garcia a préféré voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Après une période d’idylle, qui s’est transformée en routine, il s’est rendu compte que non. Il rentre donc à la maison, pas très fier, mais sans regret. Idem pour le LOSC, compréhensif, qui lui ouvre à nouveau ses portes. On lui propose d’abord un poste de conseiller du président Seydoux : « Il peut sans doute nous apporter son expérience dans le football. Ce n’est pas un événement majeur. Il n’a pas de rôle dans l’équipe de Frédéric et il ne le remplace pas non plus. » Antonetti sent le mauvais coup, mais ne dit rien. Et après un 21e match nul consécutif, record de l’histoire de la Ligue 1, le Corse est remercié sans ménagement. À la surprise générale, c’est Rudi Garcia qui prend sa place. Et à trois journées de la fin, il sauve son Lille adoptif de la relégation, rapatrie Gervinho pendant l’intersaison et reconquiert le haut de la Ligue 1 l’année suivante. Qui a dit qu’on ne pouvait jamais recoller les morceaux ?
Chroniqueur pour le Canal Football Club
Et autant vous prévenir tout de suite : ça va découper sévère. À côté de lui, Pierre Ménès paraît inoffensif et se Dominique Armandise. Il faut dire aussi que Rudi en a bien chié avec les médias en Italie, alors il se venge sur la Ligue 1. Et salement. Il tire notamment hebdomadairement sur l’ambulance Serge Aurier. Lequel finit par craquer sur Téléfoot : « Et l’autre là, le Rudi Grassia là, mieux vaut pas que je le croise. » Le clash prend une ampleur folle, mais rien n’arrête Rudi. Le mec n’a plus de limite, et les audiences du CFC s’en ressentent. Canal + n’a peut-être plus aucun match à diffuser, plus aucune image, mais son émission dominicale ne coule pas. Vincent Bolloré finit même par refuser d’inclure beIN dans son bouquet. Rudi voleur.
Il s’essaye en MLS pour enfin se faire un vrai surnom
On parle de motivation financière, géographique, sportive, mais on ne sait pas vraiment ce qui l’a motivé à traverser l’Atlantique. Et ce n’est pas grâce à son interview fleuve dans le New York Times, juste après sa nomination à la tête des New York Red Bulls, qu’on en apprend plus : « Ma philosophie de jeu ne va pas changer. Si vous jouez bien, vous avez plus de chances de gagner. Et je vais gagner. » Un discours bateau mais ambitieux, qui a le seul mérite de motiver ses troupes. Il commence par une série de dix victoires et redonne une deuxième jeunesse à Ronald Zubar. Un miracle. Avec ses méthodes autoritaires, ses résultats immédiats et son addiction au Wendy’s, les médias commencent par le surnommer le Shérif, mais se rendent vite compte que Shérif Garcia, ce n’est pas terrible. Alors, Michael Andrews, petit génie du journalisme américain et expert en jeux de mot, se creuse la tête et est persuadé d’avoir une idée révolutionnaire : « Sergeant Garcia ! Bingo ! » Rudi est démasqué. C’est donc pour cela qu’il s’est expatrié aux États-Unis. Pour la première fois de sa carrière, il mérite pleinement son surnom.
Professeur de violon
Le 5 octobre 2014, Adolfo Vanucci, président du conservatoire de Sainte-Cécile et Romanista convaincu, est devant sa télé pour le choc contre la Vieille Dame. S’il devient fou, comme la plupart des tifosi romains, à cause des décisions arbitrales litigieuses, ce n’est absolument pas ce qu’il retiendra de cette rencontre. Non, lui a eu une tout autre illumination devant son petit écran.
« Quelle élégance ! Quel doigté ! Quel sens du rythme ! » se dit-il. Et c’est ainsi qu’Adolfo Vanucci se met en tête de recruter Rudi dans son équipe pédagogique. Il attend patiemment son licenciement et va le trouver chez lui, effondré : « Rudi, j’ai un boulot pour toi. J’ouvre une section d’air violon et je veux que tu en deviennes le professeur principal. Mieux, je veux que tu en deviennes la tête d’affiche. » Rudi se laisse tenter et partout dans la ville fleurissent des affiches de lui, un violon à la main, et ce slogan racoleur : « La forme, c’est aussi le fond. Apprenez avec le maestro : Rudi Garcia. » Un succès, forcément.
Homme au foyer
Tombé sous le charme de Francesca Brienza, présentatrice à Roma Channel, au début de son aventure, Rudi a du mal à concilier chômage et vie amoureuse. Il s’ennuie, seul chez lui, a du mal à joindre les deux bouts et décide donc de s’installer chez sa copine. Au début, ça ne change pas grand-chose, et puis peu à peu, il se plaît à uniquement satisfaire sa belle. Ménage, cuisine, planification des sorties… Ce n’est peut-être pas aussi excitant que d’entraîner De Rossi, Florenzi ou Nainggolan, mais ça a le mérite d’être moins fatiguant. Et puis, à 51 ans, il se rend aussi compte qu’il y a peut-être plus important que le football.
Par Ugo Bocchi