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Quel avenir pour Ravanelli ?
C’est terminé pour Fabrizio Ravanelli. Le Renard argenté n’est plus l’entraîneur de l’AJ Ajaccio, comme l’a fait savoir le club corse, samedi soir, après le revers à domicile contre Valenciennes. C’est con, parce que Fabrizio, c’est un bon client. Voilà quelques pistes pour l’aider à rebondir.
Entraîneur du Milan AC
Ça va mal pour Ajaccio, certes, mais ça va mal aussi pour le Milan AC. Le club rossonero réalise son pire début de saison depuis plus de vingt ans. Massimiliano Allegri est confirmé, mais le 6 novembre, le Milan AC repart du Camp Nou avec un 5-1 dans les valises (avec un but de Zapata, en plus). C’en est trop pour Adriano Galliani, qui décide de licencier son coach. Un temps pressenti, Inzaghi refuse le poste. S’ensuivent d’autres refus de Seedorf, Maldini, et même Gattuso. Le chauve le plus célèbre de la Serie A n’a d’autre alternative que d’appeler sur le banc milanais Ravanelli. Dès le premier entraînement, Fabrizio prend Balotelli à partie : « Mario, je suis fier de toi. Tu obtiens beaucoup de pénaltys. Mais cette année, les arbitres ont compris ton petit numéro, donc je vais t’apprendre de nouveaux tours. » Les deux passent de nombreuses heures ensemble et, pour le premier match de championnat, face au Chievo, Balo tente d’expérimenter les techniques de l’entraîneur, dont le fameux « auto croche-patte » , un must. Bingo, cela marche. Il obtient deux pénos, les transforme, et Milan s’impose 2-0. Deuxième chantier : Fabrizio veut que ses joueurs aient à nouveau la dalle, à tous les sens du terme. Du coup, fini les buffets à Milanello. Désormais, les Rossoneri devront aller cueillir eux-mêmes leurs tomates et leur salade. Quel intérêt ? « Leur faire comprendre que toutes les bonnes choses se méritent, et qu’elles n’arrivent pas directement dans l’assiette. » Belle métaphore. N’empêche, ça marche encore. Pour le deuxième match, contre le Genoa, Milan s’impose 3 tomates à zéro. Fabrizio entre déjà dans le cœur des tifosi. Prends ça, Orsoni.
Manager de Perugia
Visiblement, la Ligue 1 n’a pas voulu de Fabrizio Ravanelli. Peut-être trop haut pour un entraîneur qui, jusqu’ici, n’avait coaché que les (très) jeunes de la Juventus. Du coup, Fabrizio revoit ses ambitions à la baisse. On lui propose un poste à Trapani, en Serie B, mais l’expérience ne le tente pas. Non, lui, c’est un romantique. Il veut quelque chose qui le fasse vibrer. Il finit par trouver ce qui lui convient. Il s’engage avec le club de Perugia, en troisième division italienne. Pourquoi Perugia ? Tout simplement parce qu’il s’agit de son club formateur. Fabrizio est né à Perugia, a fait ses débuts là-bas, et a marqué ses premiers pions sous le maillot perugino, à la fin des années 80. Le club était déjà en troisième division à l’époque. Entre-temps, l’équipe est montée jusqu’en Serie A, a offert un Scudetto à la Lazio en battant la Juve à la dernière journée (1999/00), a gagné la Coupe Intertoto, puis a fait faillite et a dû repartir de la cinquième division. Ravanelli a donc une mission : ramener en D1 son équipe de cœur. Il va tout miser sur le joueur clef de Perugia : un certain Roberto Insigne, 19 ans, petit frère du joueur du Napoli. Ce dernier plante 27 buts, et, à la surprise générale, le club est promu en Serie B à la fin de la saison. Ravanelli devient le nouveau héros. D’autant que la saison suivante, Perugia surprend tout le monde en trustant les premières positions en Serie B. Insigne junior est toujours en feu, et forme un duo dingue avec Balotelli junior, recruté pendant l’été. Perugia atteint les play-offs, mais échoue en demi-finale contre le Chievo. Fabrizio a toutefois réussi son coup. Il a tapé dans l’œil de la Fiorentina, qui le recrute après que Montella a signé à la Juve. Prends ça, Orsoni.
Coach mental des attaquants de l’OM
Joueur de l’OM de 1997 à janvier 2000, Ravanelli n’a jamais caché son affection envers les couleurs marseillaises. Après avoir été viré d’Ajaccio, il tente de s’incruster sur le banc de l’OM, mais Élie Baup n’a pas franchement envie de lui laisser sa casquette. Du coup, s’il ne passe pas par la porte, Fabrizio passera par la fenêtre. Après de longues discussions avec Anigo, il finit par décrocher un emploi comme « coach mental des attaquants de l’OM » . De fait, depuis le début de la saison, les attaquants marseillais ont vraiment du mal : deux buts pour André Ayew, trois pour Payet (qui n’a plus marqué depuis le mois d’août), un pour Jordan Ayew et aucun pour Khlifa. Le but, c’est donc de leur redonner confiance et de les motiver. Fabrizio commence par une technique italienne : le câlin. « Il faut d’abord leur donner de l’amour à ces garçons » , explique-t-il dans une interview au Phocéen. De l’amour, et même un peu de tendresse, puisqu’on le voit marcher bras dessus, bras dessous avec Khlifa à la Commanderie. Visiblement, la méthode marche : Khlifa marque dès le match à Ajaccio, que l’OM remporte 2-1. Il faut désormais débloquer Payet. Ravanelli tente tout : lui montrer des images de match où il marquait des buts, lui diffuser un film porno, le coller une heure devant un spectacle de Manu Payet. Mais rien n’y fait. Payet ne marque toujours pas. Fabrizio abat alors sa dernière carte : il lui teindra les cheveux en blanc. Parce que c’est bien connu, les cheveux poivre et sel, ça fait George Clooney, ça fait homme mûr, ça impressionne l’adversaire, et ça redonne confiance. Effet immédiat. Le 7 décembre, face à Nantes, Payet s’offre un doublé et l’OM gagne 3-1. Penna Bianca a gagné son pari. Anigo, satisfait, lui propose une nouvelle mission : apprendre à Jérémy Morel à faire de bons centres. Ravanelli démissionne.
Nutritionniste chez Dukan
Ravanelli n’a jamais caché son affection pour la bonne bouffe. Un vrai esthète. En arrivant à Ajaccio, il a donc décidé d’appliquer sa théorie à tous ses joueurs : un bon joueur doit forcément avoir un corps sain. Et qui dit corps sain, dit régime et compliments alimentaires. Pour l’appliquer, Ravanelli ramène avec lui le célèbre préparateur physique italien Gianpiero Vetrone. La méthode n’a pas fonctionné à Ajaccio, mais elle aura au moins eu un avantage : elle a permis à Ravanelli de se faire repérer par le docteur Dukan. De fait, après son licenciement, Penna Bianca obtient un entretien avec l’ancien médecin, radié à sa demande de l’Ordre des médecins en 2012. Les deux hommes sont sur la même longueur d’ondes, et Ravanelli est engagé en tant que nutritionniste. Très vite, il devient même la nouvelle coqueluche et intervient dans plusieurs émissions de santé, notamment aux côtés de Michel Cymès. Il prône l’interruption totale de la malbouffe, le retour aux valeurs de la nourriture, et l’utilisation de compléments alimentaires. Pas vraiment révolutionnaire, mais dans la bouche d’un ancien joueur de football professionnel, cela a du poids. Fin 2014, il s’émancipe et crée sa propre méthode, le « Ravarégime » , immédiatement adoptée par les joueurs de foot en constant surpoids, comme Cassano, Ljajić ou ce bon vieux Monsieur Pizza. Pour qui, désormais, la pizza est proscrite.
Acteur dans une version moderne du Corbeau et du Renard
Fabrizio Ravanelli regarde autour de lui. Sa première vraie expérience de coach s’est mal terminée, et il n’a pas franchement envie de rempiler tout de suite pour une nouvelle expérience. Heureusement, une nouvelle opportunité s’offre immédiatement à lui. Un jeune réalisateur florentin a pour projet de réaliser un grand spectacle de théâtre, basé sur la modernisation des fables de La Fontaine, très peu connues en Italie. Trois fables sont au programme. Pour La Cigale et la Fourmi, le mec engage Steven Seagal et Juan Riquelme. Pour Le Loup et l’Agneau, il fait appel à Lou Bega (à défaut de pouvoir avoir Lou Reed) et Jürgen Klopp. Enfin, pour Le Corbeau et le Renard, c’est tout naturellement qu’il recrute Jean-Louis Gergorin et Fabrizio Ravanelli, après avoir écarté au dernier moment la piste Inzaghi. Penna Bianca accepte, mais demande à ce que cette partie de la pièce soit rebaptisée Le Corbeau et le Renard argenté. Marché conclu. Dans cette version un peu spéciale, le fromage est remplacé par un ballon de foot, et le corbeau n’est plus perché sur un arbre, mais au volant d’une BMW. Ravanelli doit faire croire au corbeau qu’il s’est blessé, pour que ce dernier descende de sa bagnole, et laisse ainsi échapper le ballon. Plutôt intéressante sur le papier, la pièce est un flop total. Déçu mais pas résigné, Fabrizio reprend le chemin des terrains de foot. Le 6 octobre 2014, il est engagé par Derby County, son ancien club, qui vient d’être promu en Premier League. C’est reparti.
Par Eric Maggiori