- France – Coupe de France – Demi-finale – Auxerre/Guingamp
Quel avenir pour Jocelyn Gourvennec ?
Avec cette demi-finale de ce soir à disputer sur la pelouse d'Auxerre, Jocelyn Gourvennec n'est plus qu'à un match d'emmener Guingamp encore au Stade de France et à deux de lui faire disputer encore la Ligue Europa. En y ajoutant un maintien en bonne voie et un jeu proposé parfois enthousiasmant, il y a matière à attirer les convoitises. L'entraîneur breton est jeune, bankable et forcément ambitieux. Va-t-il pour autant partir à la fin de cette saison ? Pas sûr, en tout cas, il ne cesse de clamer l'inverse…
« On progresse d’année en année. Si on peut encore progresser, ce sera aussi un moyen pour moi de progresser. Je ne suis pas là à rêver d’un club prestigieux, qui a des titres, qui a des gros budgets, dans des grands stades. C’est bien, mais ce n’est pas mon moteur. Encore une fois, on fait un métier très difficile et très exigeant, et le plus important, ce sont les conditions de travail, les moyens que l’on a. Et aujourd’hui, je suis heureux dans cette fonction à Guingamp. » Voici retranscrite la dernière sortie médiatique de Jocelyn Gourvennec s’agissant de son avenir. Elle date de la fin de semaine dernière et s’inscrit dans la lignée de ses déclarations précédentes sur le sujet. S’il a de plus en plus la cote, s’il est de plus en plus annoncé ailleurs par la presse (Lille dernièrement, Saint-Étienne, Rennes et même la Bundesliga…), le technicien de l’EAG n’est pas décidé à alimenter la machine à rumeurs et à spéculation. Faut-il mettre en doute sa sincérité ? Chacun est libre de juger. Par le passé, l’homme n’a jamais caché son ambition. Il a fêté il y a peu ses 43 ans et ses débuts dans le métier lui permettent de penser raisonnablement qu’il aura l’opportunité un jour de s’exprimer dans un grand club jouant les titres et la grande Coupe d’Europe. Tout est de savoir si cette opportunité se présentera à court, moyen ou long terme…
La confiance totale d’un club en progression constante
Ce qui est sûr et certain, c’est que Gourvennec est encore sous contrat avec l’En Avant jusque juin 2017, ce qui fait qu’il lui reste théoriquement deux saisons à aborder à la tête de la formation bretonne, celle-là même qu’il a récupérée en 2010 au bord du précipice, alors qu’elle venait de descendre en National, et qu’il a fait monter en trois ans jusqu’en L1 et en quatre ans jusqu’à la victoire en Coupe de France et la participation à la Ligue Europa, où elle a épaté. Couronné de succès, ce mandat de cinq ans de l’ancien meneur de jeu à l’EAG lui a aussi permis de jouir d’une aura et d’un confort rare pour diriger le sportif au sein du club. Pour être plus clair, il a le soutien sans retenue des supporters et la confiance sans réserve des dirigeants (les fameuses « conditions de travail » dont il fait état dans la déclaration de la fin de semaine dernière). C’est assez rare pour un entraîneur d’être aussi en paix et de pouvoir bénéficier d’une telle confiance sur la durée… Son entente avec le président Bertrand Desplat paraît saine, les finances le sont également, les ambitions du club se traduisent par l’amélioration progressive de ses structures : hier de nouveaux terrains d’entraînement qui ont été mis à disposition du groupe pro, demain un tout nouveau centre de formation qui va sortir de terre. En garçon intelligent, Gourvennec se rend bien compte de tout ceci : pourra-t-il vraiment trouver meilleur cadre pour s’exprimer que Guingamp ? Certainement est-ce l’une des raisons pour lesquelles il semble freiner des deux pieds les rumeurs l’emmenant loin des Côtes d’Armor. Là, il n’est pas question de savoir s’il est sincère ou pas, c’est juste du bon sens.
Avec Sagnol et Galtier, le triptyque « étoiles montantes » de la L1
Mais en même temps, il n’est pas interdit non plus de spéculer en l’imaginant bien étudier les offres qui ne doivent pas manquer de se présenter à lui depuis quelque temps. Une rumeur, ça peut être du vent, plusieurs, c’est moins évident… En entraîneur pragmatique sachant faire tourner son effectif au gré de la forme de chacun et jongler entre le 4-4-2 des familles et le 4-2-3-1 de certaines occasions, Jocelyn Gourvennec n’est pas du genre à manquer une belle ouverture le jour où elle se présentera. Dans une récente étude réalisée par un institut de sondage, il a été nommé deuxième entraîneur le plus sympathique de L1, derrière Willy Sagnol et devant Christophe Galtier, les trois formant le triptyque des « étoiles montantes » du championnat. Avec une telle image et le CV qu’il s’est construit en seulement quelques années dans le métier, Gourvennec peut se permettre de choisir la date et le lieu de son futur emploi. Habitué à bénéficier d’un cadre sain, avec les pleins pouvoirs sur le sportif confiés par ses dirigeants, il sait qu’il aura du mal à trouver aussi bien ailleurs, au moins sur ces points de la confiance et des conditions de travail. Ne serait-ce que chez les voisins Lorient, Rennes ou Nantes par exemple… Lille paraît effectivement plus avoir le profil pour lui plaire, ainsi que Saint-Étienne, en cas de départ de Galtier. Il y a aussi la tentation de l’étranger : Bundesliga, Premier League… Grâce aux performances de Guingamp en Ligue Europa, l’aura de Gourvennec a certainement passé les frontières franco-françaises. Comme il le disait dans l’interview accordée à So Foot en février, « vaut mieux faire envie que pitié » .
Par Régis Delanoë