- Foot & Politique
Quel avenir dans le foot pour Éric Besson ?
En disponibilité depuis le 6 mai, Éric Besson a déclaré au Dauphiné Libéré : « Je discute avec des clubs de Ligue 1. J’ai des propositions que j’examine. » Absent durant la passation de pouvoir, l’ex-ministre prépare sa reconversion. Visiblement dans le football. Mais où ? Cinq hypothèses possibles.
Biographe de footballeur
Homme de chiffres du temps de sa splendeur ministérielle, Éric Besson n’en est pas moins homme de lettres. La République numérique a connu le pilon, tandis que l’inquiétante « rupture tranquille » de Monsieur Sarkozy et Qui connaît Madame Royal ? (feat. Claude Askolovitch) ont marqué la littérature politique. Du moins l’entre-deux tours 2007. Rebelote en 2012. Profitant de sa retraite à Donzère, Besson répond favorablement à la demande d’une collection sportive. En tant que nègre – afin d’assurer les ventes – il se fait biographe. Sa première mission ? Dresser le portrait d’Olivier Giroud à la veille de l’Euro. Il s’y plie de bonne grâce et pond Giroud, l’homme pressé. Mais, au lendemain d’un tournoi décevant de la part du Montpelliérain, il signe un brûlot où l’idole d’hier devient charpie :Un feu de paille nommé Giroud. On ne se refait pas.
Président de la FFF
L’Euro a été un échec. Au point que Noël Le Graët doit faire face à un soulèvement qui le renvoie à Guingamp. L’homme jure sur le biniou qu’il fera de la sélection bretonne un rouleau compresseur. Toujours est-il que la FFF se cherche un nouvel homme fort et la candidature d’Éric Besson fait saliver les votants qui ne sont pas à une connerie près. Élu à l’arrache, le nouveau président durcit les textes sur la bi-nationalité afin « de se mettre en conformité avec les directives de la FIFA » , se défend-il. Tout juste remis de dépression, Guy Roux est nommé sélectionneur et le brassard tricolore remis à Jallet. Afin de commémorer le Printemps arabe et de combler sa compagne, il organise même un amical France-Tunisie au stade de France. Bref, tout se passe bien jusqu’en 2014 et un quart de finale de Coupe du monde face à la Mannschaft. En coulisse, Besson est accusé d’avoir promis la défaite française contre l’assurance de récupérer Löw à l’issue du Mondial. On ne se refait pas.
Commentateur télé
Conscient de l’âge de Thierry Roland, Nicolas de Tavernost prépare le changement à M6. Le profil recherché est simple : un type connaisseur, doté d’une meilleure vision et capable de régaler la chique des téléspectateurs par des saillies mémorables. Éric Besson répond à l’annonce et se voit propulsé à l’antenne : c’est un match brumeux d’Europa League sur W9 entre l’OL et les Roumains du FC Vaslui. Certes, les débuts sont poussifs, car le ton du transfuge est assommant, manquant de rythme et d’intonations. Heureusement, quelques sentences sur les Roumains lui permettent d’accéder au rang de joker. En attendant, Besson se fait les dents aux côtés d’Eugène Saccomano où il prend un malin plaisir à parodier Henri Guaino en répétant que « les footballeurs africains ne sont pas entrés dans l’Histoire » . On ne se refait pas.
Président de l’OGC Nice
Accueilli à bras ouverts par Christian « motodidacte » Estrosi, Éric Besson reprend l’OGC Nice grâce aux finances d’une poignée de dirigeants de l’économie numérique rencontrés en fonction. Sur la promenade des Anglais, il énonce son programme : « Je souhaite que le Gym soit l’Athletic Bilbao de la Ligue 1. En conséquence, nous avons décidé de défendre l’identité française en ne recrutant que des joueurs locaux. » L’ossature change peu. Toutefois, Pejcinovic, Dja Djédjé, Coulibaly et Monzon sont sommés d’aller voir ailleurs. En raison des difficultés financières, le recrutement se fait essentiellement en Ligue 2 et il est signé Xavier Gravelaine : un traître s’adjoignant les services d’un mercenaire. La trêve venue, le club est relégable. Loin de se remettre en question, Besson poursuit sa politique malgré la fronde d’une partie du public. Mais c’est la LFP qui met fin à son règne, puisqu’il est suspendu à titre conservatoire pour avoir confisqué les passeports de Diakité, Guié Guié, Mouloungui et Lloyd Palun en route pour la Coupe d’Afrique 2013. Lui parle de « rétention préventive pour le bien sportif du club » . On ne se refait pas.
Ministre des Sports
Sur le perron de l’Élysée, le sourire de François Hollande est crispé. Il faut dire qu’à sa droite se tient son nouveau Premier ministre : Jean-François Copé, toutes canines dehors. La Dream-Team de l’UMP est de retour aux manettes à la faveur des élections législatives. C’est parti pour cinq ans de cohabitation. Et Éric Besson se voit confier le ministère des Sports. Le ton est donné lorsqu’il commande à Éric Zemmour un rapport sur la place des Caucasiens dans le basket. Décidément, on ne se refait pas.
Par Adrien Rodriguez Ares