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Que vaut vraiment Nicklas Bendtner ?

Par Antoine Mestres
4 minutes
Que vaut vraiment Nicklas Bendtner ?

Presque intouchable en sélection nationale, espoir du foot mondial à Arsenal, joueur de milieu de tableau à Sunderland, bide à la Juventus, le tout avec un égo surdimensionné, Nicklas Bendtner est un mystère. Attaquant surcôté de sélection moyenne ? Joueur d'Europa League ? C'est toute la question.

Conférence de presse d’avant-match de la sélection danoise. Morten Olsen, agacé, répond aux questions des journalistes : « Je ne vais pas évoquer tous les jours l’état de forme de Bendtner. Il est un membre de la sélection nationale et nous le considérons comme tel. » Relance d’un journaliste : « Mais nous sommes d’accord pour dire qu’il est l’un des joueurs les plus importants de l’équipe ? » Réponse lapidaire : « Il est aussi important que n’importe quel joueur. » Oui, la sélection danoise aussi a ses maux, et le cas Bendtner divise, car il ne joue aujourd’hui plus du tout à la Juve, où il a été prêté cet été. Son deuxième prêt en deux ans. L’été 2011, en manque de temps de jeu à Arsenal, il avait exprimé le désir de partir. Wenger avait vu là l’occasion de le faire grandir. Aujourd’hui derrière Matri, Quagliarella, Vučinić et Giovinco, il n’est que le 5e choix d’Antonio Conte en attaque et n’a goûté qu’à dix petites minutes de Serie A.
En revanche, l’histoire d’amour entre Nicklas Bendtner et sa sélection nationale est beaucoup plus limpide. Remarqué par les Gunners pour ses performances avec les moins de 16 ans en février 2004, il est, deux ans plus tard, le plus jeune joueur sélectionné dans l’équipe danoise espoirs pour participer au championnat d’Europe Espoirs. Profil précoce, donc. Il fait ses débuts avec les A le 16 août 2006 à 18 ans, lors d’un match amical contre l’Espagne. Et score déjà. Précoce efficace. Joueur danois de l’année 2009, Bendtner est aujourd’hui un ancien de la sélection avec ses 52 capes et ses 20 buts. De quoi, à 24 ans, pouvoir même envisager les records de sélections et de buts détenus par Peter Schmeichel et Jon Dahl Tomasson. Excusez du peu. Titulaire permanent, il est la pointe fiable actuelle du foot danois. « Quand Nick est en forme, il offre les meilleures solutions dans notre schéma de jeu, car nous avons là un joueur qui le connaît sur le bout des doigts. Ses coéquipiers et lui se connaissent par cœur, et c’est évidemment un avantage » , ajoute Morten Olsen. À l’heure d’affronter la Bulgarie vendredi pour les éliminatoires, lui ne s’inquiète pas, sûr de sa force : « Mon état de forme est bon, il est comme il devrait l’être. Je m’entraîne bien en ce moment, donc je suis où je devrais être. » Car oui, Bendtner a aussi un gros ego.

Un ego hollandais
À Arsenal, il était un joueur frustrant. Quelques saisons à 2, 6, 9 et 5 buts. Pas de quoi pavoiser. Dans un football ouvert, il a souvent gâché et frustré son supporting cast. Il reste ce joueur qui aurait pu, mais qui n’a pas. Ou pas encore. Wenger, lui, y croit toujours : « Bendtner est un top player. Pourquoi ? Parce que nous parlons d’un joueur titulaire avec son équipe nationale, qui a joué la phase finale d’un championnat d’Europe en marquant un doublé contre le Portugal. Pourquoi l’avoir prêté alors ? Parce que je suis convaincu que dans un championnat comme celui d’Italie, très tactique et où il est difficile pour les attaquants de marquer, il va progresser et se révéler enfin. » Durant sa lente intégration au système de jeu des Gunners, il avait pourtant croisé sur sa route un autre cas psychanalytique complexe, Robin van Persie, plein de bons conseils. En 2007, ce dernier lui expliquait : « En arrivant à Arsenal, j’étais aussi un peu individualiste. Mais le boss m’a appris doucement à jouer avec les autres parce qu’on joue davantage dans sa carrière quand on joue avec les autres. Et progressivement, j’ai mieux compris la façon de jouer d’Arsenal. »

Un membre du staff proposait, lui, une version des faits plus précise au Daily Mail : « Le problème est que Bendtner préfère être un architecte des attaques de l’équipe, un peu comme Dennis Bergkamp, plutôt que de profiter de sa taille pour servir de point d’ancrage dans la surface. » Joueur surcôté pour cause de statistiques flatteuses en sélection nationale, Nicklas Bendtner ne serait donc en réalité qu’un Danois qui se prend pour un Hollandais. Un de plus. Il sera alors temps de faire un nouveau bilan dans quelque temps. Quand il aura arrêté de se prendre pour un autre.

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