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Que va-t-il rester de la Serie A ?

Eric Maggiori
Que va-t-il rester de la Serie A ?

Avec les départs de Zlatan et Thiago Silva vers le PSG, les départs de Borini, Lavezzi, Forlán, Nesta, Del Piero, Seedorf, une vraie question se pose : qui va encore jouer en Serie A la saison prochaine ?

C’est l’expression à la mode dans les médias transalpins. « Nos clubs renflouent les caisses. » D’accord. Renflouer les caisses en vendant des joueurs, c’est bien. Mais ne serait-ce pas là un cache-misère ? Un peu, si. La Serie A perd petit à petit ses champions, tout le monde s’en rend compte, mais chacun essaie de faire l’autruche pour faire croire que « non, en fait, il reste encore Cavani et Pirlo, donc ça va » . Mouais, ça ne va pas vraiment, en réalité. L’an dernier, déjà, on avait regretté les départs de Pastore et d’Alexis Sánchez, même si l’Italie avait accueilli, en contrepartie, des Klose, Forlán, Vidal et Lamela. Mais cette année, l’exode a l’air encore plus conséquent et vient s’ajouter à une vague de départs « en retraite » . Nesta et Di Vaio qui se tirent au Canada, Gattuso en Suisse, Seedorf au Brésil, Del Piero et Inzaghi on ne sait pas encore où : cela fait une sacrée génération de champions qui s’en vont finir leur carrière ailleurs. Ça aussi, c’est un peu nouveau, comme phénomène. Jamais Paolo Maldini ne serait allé disputer ses derniers matches ailleurs qu’à Milan. Roberto Baggio, lui, a terminé à Brescia. Plus tôt, les Rivera, Boninsegna et Boniperti ont tous parachevé leur œuvre en Italie. Aujourd’hui, non. La tendance veut que, pour bien finir, il faut finir ailleurs. Le problème, c’est que pour bien commencer, il faut aussi commencer ailleurs. Et ce ne sont pas Borini, Verratti ou Giuseppe Rossi qui diront le contraire.

Verratti, Cavani et Messi

Il y a, en réalité, deux problèmes en un, qui sont à la fois distincts et liés. D’une part, il y a le fait que l’Italie compte de moins en moins de joueurs italiens. Pour la première fois dans l’histoire de la Serie A, les joueurs étrangers ont joué plus que les joueurs italiens lors de la saison qui vient de s’écouler. Pour la saison qui se profile, 47% des joueurs seront étrangers, pour un total d’environ 370 joueurs, sur quelque 790 professionnels de Serie A. Ce chiffre est en constante augmentation, il était de 43% en 2011, 40% en 2010 et 38% en 2009. Bref : les clubs vont chercher des pépites de 19 ou 20 ans au Brésil, en Argentine, en Colombie ou en Slovénie, et oublient totalement le vivier national. Récemment, un cas fait débat en Italie : celui du jeune Poli. Le joueur, récupéré par l’Inter l’été dernier, a fait une très bonne saison et mériterait largement d’être confirmé pour l’exercice à venir. Mais les dirigeants de l’Inter tardent à négocier son contrat, préférant se concentrer sur l’éventuelle arrivée du Brésilien Lucas. À ce rythme-là, dans deux semaines, Poli signera à Newcastle, tout comme l’avait fait Santon, ou comme l’a fait Fabio Borini vendredi dernier à Liverpool, alors qu’il a réalisé une excellente saison à la Roma et qu’il aurait pu largement progresser avec Zeman. Quant à Verratti, plutôt que de grandir à Pescara ou à la Juve, il a préféré rejoindre Ancelotti à Paris.

L’autre problème, c’est que les grands joueurs, italiens et internationaux, quittent petit à petit l’Italie. Depuis l’arrivée des Qataris, Leonardo a déjà chipé huit joueurs à la Serie A, et non des moindres. Le départ de Zlatan et Thiago Silva, en soi, fait mal. Car les deux joueurs du Milan AC font clairement partie de la caste des meilleurs joueurs du monde. Or, les meilleurs joueurs du monde, où jouent-ils actuellement ? Au Barça, au Real Madrid, à Manchester United, à Chelsea, à Manchester City, au Bayern Munich. Et maintenant, au PSG. L’an dernier, Alexis Sánchez est parti au Barça, Pastore au PSG et Eto’o à l’Anzhi. En Italie, qui appartient encre au top du top du football mondial ? Pirlo et Buffon, oui. Cavani, oui – et encore, on parle de lui en Angleterre. Peut-être encore Milito et Sneijder, même si le deuxième est loin de son niveau d’il y a deux ans (et qu’il est courtisé par l’Anzhi). Mettons aussi Totti pour les romantiques, Boateng pour le kif et Klose pour la carrière. On reste loin de Messi, Iniesta, Cristiano Ronaldo, Rooney, Yaya Touré, Agüero, Falcao. Et Zlatan. Et Thiago Silva.

Challenge sportif, mon cul, oui !

Alors, quelle est donc la conclusion de cette analyse ? On fait comme si de rien n’était ? On continue à affirmer qu’il y a toujours autant de bons joueurs en Italie, que le football est fait de cycles et que les grands joueurs vont finir par revenir ? Milan va acheter Tévez avec les sous récoltés par les ventes de ses joyaux, et tout ira mieux ? Un peu facile. Il faudrait plutôt un signal fort pour montrer que la Serie A ne fascine pas que les jeunes Brésiliens de 20 ans que l’on annonce tous comme les futurs Ronaldo. Un Van Persie à la Juve, par exemple, un Neymar à l’Inter, ou un Luis Suárez au Milan AC. Des vrais coups, des preuves que le temps où Batistuta, Ronaldo et Vieri enchantaient la Serie A ne semble pas dater de Mathusalem (sans aucun rapport avec le joueur de la Lazio, hein).

Le souci est évidemment (mais pas seulement) économique. Aucun investisseur étranger n’a encore osé poser le pied en Italie. Il y a bien l’Américain Di Benedetto à la Roma, mais ses moyens sont loin d’être aussi faramineux que ceux des Qataris du PSG ou des Émiratis de Manchester City. Car finalement, la solution est peut-être là. Les grands joueurs choisissent désormais leur club pour deux choses. L’argent et les trophées. Et que l’on ne parle pas, comme essaient de le faire Drogba et Eto’o, de « challenge sportif » . Challenge ou pas, Eto’o ne serait jamais parti à l’Anzhi si on lui avait proposé le même salaire qu’à l’Inter. Aucune discussion possible là-dessus. Or, en Italie, personne ne peut actuellement rivaliser avec ce que proposent City, Chelsea, le PSG, le Real ou le Barça. La preuve : le joueur le mieux payé de Serie A était jusqu’ici Zlatan. Désormais, il s’agit de Buffon, Sneijder et De Rossi, qui gagnent tous 6 millions d’euros par an. Ibra en gagnera plus du double à Paris. Bon… Bah, au moins, on n’a qu’à dire que l’Italie sera réglo lorsque le fair-play financier sera en vigueur. Youpi ?

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