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Que va foutre le Shakhtar pendant la trêve ?
Le Shakhtar Donetsk a réalisé un début de saison ahurissant. Premier de son championnat, qualifié pour les huitièmes de finale de la C1, le club ukrainien va désormais se reposer jusqu’au mois de février. Mais en fait, que fait-on pendant une si longue trêve ?
On les a quittés avec ce dernier match des phases de poules de la Ligue des champions, face à la Juventus. On les retrouvera à la mi-février, pour les huitièmes de finale de cette même C1. Et entre-temps ? Rien. Même pas un petit match de Coupe, et encore moins une journée de championnat. Le Shakhtar Donetsk, sensation européenne de cette première partie de saison 2012/13, va hiberner. Près de trois mois sans le moindre match, pour rester au chaud pendant le rude hiver ukrainien. En championnat, les joueurs de Lucescu ont terminé leur première partie de saison par une victoire sur la pelouse de Kryvbas, 2-0. Bilan, 18 matchs, 17 victoires, une défaite, concédée contre l’Arsenal Kiev, le 17 novembre dernier. Dire que le Shakhtar est souverain en son pays serait presque une lapalissade. Les mecs comptent 13 points d’avance sur leur premier poursuivant, le Dnipro Dnipropetrovsk, et 14 sur le grand rival, le Dynamo Kiev. Autant dire que pour le titre national, c’est déjà plié. L’objectif, donc, c’est la Ligue des champions. Mais une question se pose : comment le club va-t-il pouvoir arriver au top aux huitièmes de finale, sachant que les joueurs ne vont pas disputer le moindre match officiel d’ici là ? Lucescu a une petite idée sur la question.
Huit Brésiliens et un Roumain
La technique est la suivante : disputer des matchs amicaux en pagaille pour ne pas perdre le rythme. L’an dernier, le club ukrainien a disputé neuf matchs amicaux du 30 janvier au 21 février, soit pratiquement un match tous les deux jours. Un rythme effréné pour se remettre dans le bain, face à des équipes de niveaux différents, comme le CSKA Moscou, l’Anzhi, le FC Copenhague, Aalesund, le Rapid Bucarest ou encore l’Otelul Galati. Le but, c’est évidemment de conserver la forme physique, pour ne pas se retrouver dépassé par les évènements en C1, face à un adversaire qui aura repris la compétition début janvier. L’an passé, la stratégie de Lucescu a plutôt bien fonctionné. Après la trêve, son équipe a affiché un niveau incroyable, avec un match nul face au Dnipro pour la reprise, suivi de… neuf victoires lors des neuf dernières journées de championnat. Et trois autres succès en quart, demie et finale de Coupe d’Ukraine.
Là où l’entraîneur roumain est bon, c’est qu’il ne frustre pas ses joueurs. Au Shakhtar, il y a des joueurs ukrainiens, certes, mais surtout beaucoup de Brésiliens. Huit, très exactement, dans l’effectif actuel. Or, c’est toujours un problème pour les entraîneurs européens : pendant les fêtes de Noël, les Brésiliens rentrent au pays pour faire la bringue, et ont souvent beaucoup de mal à se remettre dans le bain lorsqu’ils rentrent. Lucescu, lui, la joue différemment. « Je n’ai jamais eu de soucis de ce genre avec mes joueurs, explique-t-il lors d’une interview sur le site officiel du club. Lors des fêtes, je les salue, et je leur dis de rentrer quand ils le souhaitent, avant le 15 janvier. Croyez-moi, aux alentours du 10, ils sont déjà tous là » . La technique de la psychologie inversée.
Willian et Mkhitaryan
Pendant la longue trêve hivernale, le Shakhtar va également devoir repousser les assauts des grands clubs européens. En cette première partie de saison, des joueurs ont impressionné la planète football. En tête de lice : le Brésilien Willian et la gâchette arménienne Henrikh Mkhitaryan. Le premier a régalé en Ligue des champions, le second est une machine à marquer des buts en championnat (18 buts en 17 matchs) alors qu’il est milieu de terrain. Déjà, on annonce les deux cracks un peu partout en Europe, et les dirigeants du Shakhtar vont devoir être costauds pour fermer la porte à tous ceux qui viendront toquer pour faire des propositions. L’objectif du club, comme le fait savoir Lucescu, c’est de conserver les joueurs le plus longtemps possible. Une véritable philosophie, assumée. « Il y a deux façons de composer une équipe. Avec de l’argent, ou bien avec des jeunes. Dans le deuxième cas, tu vas conserver le même groupe pendant dix ans, avec simplement quelques petits changements de temps à autre. Le secret réside en cela. Moi, je pense toujours à l’avenir. Si un joueur s’en va, j’ai déjà son remplaçant bien au chaud à la maison qui, pendant un ou deux ans, aura travaillé dur pour être prêt » explique-t-il dans un entretien à Extra Time.
Et de fait, bien peu de joueurs ont quitté le Shakhtar lors de ces dernières saisons, et encore moins au mercato hivernal. Le seul départ notable, c’est Jadson, reparti à São Paulo en janvier dernier. Mais à part ça, l’effectif est plus ou moins le même que lors des deux dernières saisons. Voilà pourquoi le champion d’Ukraine a tout intérêt à bien préparer son huitième de finale de Ligue des champions, et à bien s’entretenir pendant la trêve. Il y aura des matchs amicaux, il y aura une vraie préparation. Lucescu veille au grain, de toute façon. Qu’on se le dise : ce Shakhtar-là a de sacrés ambitions, et n’est certainement pas du genre à se laisser aller, ou à se reposer sur ses lauriers. Et pas de trêve hivernale qui tienne.
Par Eric Maggiori