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Que se passe-t-il à l’OM ?
L'OM de 2015 n'est pas celui de 2014. Individuellement et collectivement, les joueurs de Bielsa ont perdu de leur superbe. Simple relâchement ou problème plus profond ?
Non, l’OM n’est pas en crise. Loin de là. La preuve : à une époque pas si lointaine, voire très proche, ce match difficile face à Guingamp, les Marseillais le savent, ils l’auraient perdu. Mais force est de constater que la belle machine de la première partie de saison tarde à se remettre en route. Le démarrage avait déjà été poussif en début de saison. Puis, l’OM était devenu celui de Marcelo Bielsa : pressing infernal, possession, latéraux ailiers. Tout pour l’attaque. Les adversaires tombaient comme des mouches, le Vélodrome se régalait, certains explosaient sous les offensives incessantes de la bande à Gigi (Nice, Rennes, Reims), d’autres s’en sortaient un peu par miracle (Lyon, Lorient). Marseille faisait peur. En 2015, après une humiliation à Grenoble, un match médiocre à Montpellier et un autre moyen face à l’EAG, la donne a changé : Marseille se fait peur. Il ne se reconnaît plus. Pourquoi ? Les joueurs n’ont pas la même réponse que leur Loco d’entraîneur.
La thèse du relâchement
En bon capitaine, Mandanda a été le premier à dégainer. « On n’a plus le même état d’esprit. On a peut-être cru qu’on était champions en décembre. Il faut vite se ressaisir si on veut rester en haut. » En cause, les vacances, qui ont dû faire du bien après six mois intenses, et dont les joueurs ont du mal à sortir. Se remettre au boulot, ça ne fait jamais plaisir. Le système de Bielsa exige une forte capacité de sacrifice. Il se base sur l’effort continu, sur la course, sur la projection rapide vers l’avant, sur le pressing incessant, sur le repli défensif éclair. L’équipe doit être en supériorité défensive quand le rival attaque, et mettre au minimum quatre ou cinq joueurs dans la surface adverse à chaque centre. Si le groupe se relâche, le plan de jeu ne tient plus.
C’est ce qui explique les cycles courts de l’Argentin. Lorsqu’il quitte Newell’s en 1992, un club qu’il a ressuscité en quatre mois, El Loco reconnaît qu’il a trop tiré sur la corde et que cette dernière a fini par lâcher. Mais à Marseille, les joueurs font eux-mêmes dans le mea culpa. Benjamin Mendy après Guingamp : « On est dans le dur, mais on ne pouvait pas jouer toute l’année comme les six premiers mois. Il y avait beaucoup plus d’efforts avant la trêve, mais ça va revenir très vite. » Dimitri Payet, lui, parle aussi psychologie. « C’est surtout mental. On n’a pas bien commencé l’année, les deux défaites ont fait mal, on s’est dit beaucoup de choses dans la semaine après la défaite à Montpellier, c’était pas toujours rose, mais c’était nécessaire. » La solution : remettre le bleu de chauffe, donc.
Des choix par défaut
Mais Bielsa voit les choses différemment. Sans doute par protection, il a rejeté face aux médias l’idée d’un manque d’implication de ses joueurs, et a au contraire vanté le « courage » et le « cœur » de ses hommes. Pour le Rosarino, le problème est plus profond, et il a déjà – brutalement – fait passer le message à ses dirigeants en début de saison : il manque de choix, sur les ailes notamment. Depuis la reprise, l’animation offensive est défaillante. Or, c’est depuis toujours la principale préoccupation du Cabezon. « La finalisation des attaques n’est pas bonne. On a réussi à élaborer, mais pas à finaliser, alors que ce n’était pas difficile. Généralement, on concède en moyenne quatre occasions de but par match, et on s’en procure huit. Contre Montpellier, c’était quatre contre, trois pour. » Ayew est à la CAN, Alessandrini à l’infirmerie.
Alors, Bielsa cherche, teste, et il n’aime pas ça. L’Argentin est un homme de répétition, d’automatismes. Et certainement pas d’improvisation. Il a son onze – qu’il n’hésite pas à donner en conférence de presse la veille du match – et ses plans de changement en cas de blessure ou d’évolution du score. Payet ou Batshuayi dans un couloir ? « Cela n’a pas marché. Cela revient à se priver de leurs qualités naturelles, et ça n’a fait qu’empirer l’animation offensive. » Dans ce contexte, Omrani et Boutobba se sont retrouvés à avoir leur chance, et Thauvin ne sort pas du onze malgré de pauvres prestations. Pour les matchs à venir, ne reste au coach de l’OM que deux options par défaut : Lemina ou Gignac ailier droit. À moins que Labrune ne surprenne son monde d’ici la fin du mercato. Une hypothèse à laquelle le Loco ne croit plus depuis longtemps.
Par Léo Ruiz