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Que se passe-t-il à Arsenal ?
La sanction est tombée : la seule victoire d'Arsenal de Sarandí cette saison en championnat a été annulée, pour avoir aligné un joueur suspendu. Une mauvaise nouvelle de plus pour le club du défunt Julio Grondona, en pleine crise depuis la mort du gourou de l'AFA.
Nous sommes le 7 novembre 2014. Arsenal, bien installé dans le ventre mou du championnat argentin, affronte Lanús, qui se bat encore pour le titre. Andrés Merlos, arbitre de la rencontre, annonce neuf minutes improbables de temps additionnel. Le temps pour Martín Palermo – attaquant légendaire de Boca Juniors et à l’époque entraîneur de l’équipe de Sarandí – de péter les plombs. Et pour cause, son équipe vient d’encaisser un but totalement fou et entaché d’une main, de l’attaquant de Lanús, Lautaro Acosta. Après ce scandale, l’arbitre du match a été suspendu. Le début de longs ennuis pour Arsenal.
Une crise interminable
Aujourd’hui, après treize journées de championnat, Arsenal végète à la dernière place du championnat. Une prouesse remarquable lorsqu’on sait que le tournoi argentin compte désormais trente équipes, dont dix qui viennent de monter de seconde division. Mais les supporters d’Arsenal le savent : dans ce club, rien ne se passe comme prévu. Fondé par le défunt président-dictateur de l’AFA, Julio Grondona, le club de la banlieue Sud-Est de Buenos Aires vit un cauchemar depuis le décès de l’ancien bras droit de Sepp Blatter. Le début de campagne du tournoi « Julio Homberto Grondona » le prouve. Dès la deuxième journée, Andrada, le gardien de Sarandí, offre la victoire à Huracán après une incroyable erreur. Après avoir enchaîné trois matchs sans défaites, les hommes de Martín Palermo ont été écrasés par Independiente, sur le score de 4 à 0. Lors de la septième journée, le scandale routinier d’Arsenal se produit. Deux factions opposées de la barra brava nommée « La Mafia » s’affrontent lors du match face à Aldosivi. Résultat : le match est interrompu, et le stade d’Arsenal (qui porte bien évidemment le nom de Julio Grondona) est suspendu pour trois journées de championnat. Aucun répit pour le club. Lors de la journée suivante, Vélez Sársfield écrase cette faible équipe d’Arsenal. Une défaite qui passe alors au second plan, occultée par la décision inédite de l’arbitre de la rencontre, Germán Delfino. Après avoir accordé un penalty à Vélez, l’arbitre consulte son assistant, au vu de la véhémence de la protestation des joueurs d’Arsenal. Alors qu’un journaliste montre le ralenti à l’arbitre de touche (oui, ceci est normal en Argentine), ce dernier prévient l’arbitre que le penalty était inexistant. Delfino revient sur sa décision. Une utilisation improbable de la technologie qui n’aidera malheureusement pas Sarandí.
Lors de la neuvième journée, les ouailles de Palermo battent Newell’s sur le score de trois à zéro et pensent apercevoir le bout du tunnel. Il n’en sera rien. Puisque Palermo a eu la mauvaise idée d’aligner Leandro Godoy, qui n’avait pas encore purgé un match de suspension infligé la semaine précédente. Le club de Rosario dépose donc un recours devant l’AFA qui, logiquement, retire les trois points de ce qui était à ce jour l’unique victoire de Sarandí. Et comme cette équipe ne peut pas finir un match normalement, c’est encore Palermo qui sera exclu lors de la journée suivante pour avoir traîné un joueur adverse blessé hors du terrain. Un doublé qui pousse la légende de Boca a démissionner de son poste d’entraîneur. En treize journées, le club vainqueur du tournoi de clôture en 2012 a encaissé 22 buts, pour seulement six marqués.
Le retour du Mourinho argentin
Pour mettre un terme à cette longue agonie, Julito Grondona, président d’Arsenal et fils de Don Julio, a décidé de passer d’un « loco » à un autre. Palermo est donc remplacé par Caruso Lombardi. Plus connu pour ses frasques et ses polémiques, Lombardi vient à la rescousse d’un club qui n’a pas vraiment besoin de sa folie. Outre les bastons avec les adversaires, Lombardi est un adepte de l’embrouille avec ses propres joueurs qui se définit en quelques mots : « Il y a beaucoup de personnes qui ne m’aiment pas. C’est pour ça que je suis le Mourinho argentin. » Voilà. Lors de son intronisation, Lombardi a affirmé que « Grondona aurait aimé {le} voir entraîner Arsenal » , histoire d’asseoir sa légitimité. Et d’ajouter : « Je me rappelle que vingt jours avant sa mort, on était réunis, et on rigolait bien. Je lui dois beaucoup. Il était là pour me conseiller à chaque fois que j’avais des problèmes. » Après avoir observé la défaite de sa nouvelle équipe en tribune face à Belgrano, Caruso Lombardi s’est montré optimiste : « C’est un club organisé. On doit surtout leur faire récupérer la confiance. On va essayer de prendre beaucoup de points lors des quatre matchs qui arrivent. Ensuite, nous devons réaliser une bonne préparation. » Surtout que le championnat argentin s’arrêtera le temps de la Copa América. Une coupure bienvenue du côté de Sarandi. Oui, on peut avoir été fondé par Julio Grondona, jouer dans le stade du même nom, et galérer dans le tournoi qui porte le nom de son fondateur. Un bel ouroboros.
Par Ruben Curiel